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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0122

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

VENTES DE TABLEAUX ANCIENS

Il semble que rien en France ne puisse se faire avec mesure. Quand la mode s'attache
à une série d'objets d'art, les autres séries ne sont point seulement délaissées, elles
tombent encore dans une sorte de mépris injurieux. Nous avons déjà signalé, à la fin
de nos comptes rendus de ventes de l'an dernier, dans quelle défaveur semblent être
depuis quelque temps les tableaux anciens — et je parle des meilleurs — qui paraissent,
de temps à autre, à l'hôtel Drouol. En faut-il accuser seulement le goût du public?
N'y a-t-il dans cet abandon des écoles anciennes qu'un retour vers des besoins plus
nouveaux? En un mot, est-ce la peinture moderne que les amateurs préfèrent aujour-
d'hui, à l'exclusion de toute autre? Il est possible que ce soit là un des éléments de la
question, mais elle se complique encore d'une foule d'autres raisons. Nous n'en signa-
lerons aujourd'hui qu'une seule, mais qui nous paraît la plus grave : c'est l'inexpérience
incroyable des experts. Je n'accuse personne, je ne fais aucune allusion, je ne veux
désigner que le corps en général des experts parisiens. J'ignore, il est vrai, ce que l'on
entend par ce titre d'expert. Je ne sais point quelle sorte d'examen ils ont subi; de
quel jury ils ont reçu leur diplôme; s'ils le doivent à d'autres qualités que leur honnê-
teté reconnue ou que leurs relations d'homme du monde. Mais je m'étonne, que dans
un pays où l'on rencontre à chaque pas la surveillance jalouse du gouvernement, on
n'exige point, dans des fonctions aussi délicates, une sorte de garantie d'instruc-
tion, ou de cautionnement. Je m'étonne surtout que les commissaires-priseurs, officiers
ministériels, ne soient pas les premiers à signaler cet oubli de lois à l'égard de leurs
intermédiaires de chaque jour avec le public. Comment n'arrive-t-il pas plus souvent
que les amateurs réclament non-seulement contre les fausses attributions, mais encore
sur la perte d'argent qu'elles leur causent? Nous n'insistons pas, laissant au législateur
à mûrir cette idée; mais, malgré notre répugnance pour ces questions délicates,
nous avons dû nous faire l'écho, bien affaibli, des justes réclamations du public intel-
ligent qui fréquente l'hôtel des ventes.

L'esquisse attribuée à Velasquez, première pmsée du tableau des Lances du Musée
de Madrid, n'a point trouvé d'acquéreur. Mise sur table à 25,000 fr., offerte en second
lieu à 20,000, elle a été retirée par les propriétaires. Des juges plus autorisés que nous
lui avaient cependant signé d'honorables passe-ports, et nous ne mettons point en doute
son authenticité. Les propriétaires ont pris, croyons-nous, une très-mauvaise marche.
Si la toile avait été mise sur table à 500 fr., elle aurait peut-être monté au delà du prix
uquel elle a été reprise.
 
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