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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 6
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Burty, Philippe: L' atelier de Madame O'Connell
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0365

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L'ATELIER DE MADAME O'CONNELL

Les contre-forts de la butte Montmartre, qui naissent du côté de Paris
sur la partie droite de la rue Saint-Lazare, ont vu depuis trente ans se
dresser comme par enchantement tout un quartier nouveau, quartier
tranquille, s'il en fut, et propice aux arts! Peu de bruit, peu de mouve-
ment. Les rues en sont bordées, çà et là, de petits hôtels mystérieux; le
commerce n'y ouvre que des magasins de denrées indispensables à la vie;
le fiacre ne se hasarde à en gravir les pentes ardues qu'à la dernière
extrémité ; le marchand de couleurs y colporte sans encombre ses paquets
de brosses et ses piles de châssis, et le modèle est toujours certain d'y
trouver l'emploi de ses séances.

C'est sur l'un des ressauts que forment ces contre-forts dans leur
ascension, que la place Yintimille a été réservée, et que, peu à peu, les
maisons ont serré dans leur ceinture de pierre, son square microscopique,
mais qui "a l'honneur d'être l'aîné de tous les squares de Paris.

Dans une de ces maisons qui regardent Montmartre, vous montez jus-
qu'au troisième étage; vous entrez dans un vaste atelier séparé en deux
parties inégales par un paravent. Line dame vêtue de noir, la palette au
pouce gauche, quitte son chevalet, s'avance en vous tendant la main,
vous accueille par quelques paroles simples et aimables. C'est madame
Frédérique O'Connell. Des esquisses, des tableaux achevés, des portraits
de personnages célèbres, des pastels ébauchés, des gravures de maître,
une Sainte Famille peinte par Van Dyck, garnissent les parois. Un
meuble magnifique en écaille et des consoles de bois doré du siècle der-
nier, supportent des plâtres, des toiles poudreuses, des oiseaux empaillés,
des vases, des étoffes froissées, toute cette chère et pittoresque friperie
de l'artiste ; les tables ploient sous les livres, les albums, les cartons em-
pilés, et l'on entend, derrière le paravent, les dames élèves qui rient ou
chuchotent, en dessinant d'après la bosse ou le modèle vivant1. Puis

1. Nous avons donné, dans la Gazette des Beaux-Arts du t5 novembre 1059, le pro-
gramme du cours que venait d'ouvrir madame O'Gonnell. Son atelier compte aujour-
 
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