DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Marx, Roger: L' Exposition internationale d'art décoratif à Turin
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0550
L'EXPOSITION INTERNATIONALE O’ÀRT DÉCORATIF A TURIN
L’ouverture à Turin de la première
Exposition internationale d’art déco-
ratif moderne n’a pas manqué de
surprendre, de déconcerter même.
On ne s’attendait guère à ce que
pareille initiative vînt d’un pays resté
jusqu’ici fermé, sinon hostile, à toute
idée de rénovation ornementale. Cha-
cun a gardé le plus lamentable sou-
venir de la section italienne à l’Ex-
position Universelle de 1900 : rien n’y
était à retenir et presque tout était
à blâmer; le parallèle, qui ravalait
l’Italie au dernier rang des nations
d’Occident, devait provoquer les ré-
flexions salutaires et faire apparaître
clairement la décadence à laquelle
on se préoccLLpe de mettre un terme
aujourd’hui.
En conviant l’Europe, les États-Unis et le Japon à montrer leur effort respec-
tif pour l’application du beau à l’utile, l’Italie a entendu offrir la synthèse des
résultats acquis, s’instruire à leur spectacle et y puiser une émulation bienfaisante ;
elle a voulu aussi, j’imagine, faire part des tentatives réalisées chez elle en ces
toutes dernières années pour la restauration de ses industries séculaires. Il
la faut louer pour ce qu’il y a de généreux et d’averti dans ce double dessein.
Nul doute que nos voisins aient fait choix de l’excitation la plus propre à sortir
de sa torpeur le génie national engourdi; mais peut-être les impatiences de
l’humeur et les illusions de l’optimisme, familières aux peuples du Midi, ont-
elles suggéré l’espoir d’un relèvement immédiat, tandis qu’une semblable renais
sance ne saurait être que l'aboutissement de patients et durables efforts.
La vérité est que l’Exposition de Turin se borne à marquer l’origine d'une
évolution et à rendre la confiance en des destinées meilleures. Les activités, à
peine éveillées, déjà ardentes et sollicitées de toutes parts, paraissent subir le
joug des plus diverses influences; maintes fois le désir de réagir contre Limita-
tion de l'ancien les entraîne hors des voies suivies par le génie latin. Les bâtisses
de 1 Exposition relèvent d'un style uniforme, qui n’est autre que le style austro-
allemand ; on les croirait édifiées à Vienne, à Darmstadt, ou à Berlin, n’était la
décoration sculpturale où survit la grâce souple et mouvementée, enjouée et
L’ouverture à Turin de la première
Exposition internationale d’art déco-
ratif moderne n’a pas manqué de
surprendre, de déconcerter même.
On ne s’attendait guère à ce que
pareille initiative vînt d’un pays resté
jusqu’ici fermé, sinon hostile, à toute
idée de rénovation ornementale. Cha-
cun a gardé le plus lamentable sou-
venir de la section italienne à l’Ex-
position Universelle de 1900 : rien n’y
était à retenir et presque tout était
à blâmer; le parallèle, qui ravalait
l’Italie au dernier rang des nations
d’Occident, devait provoquer les ré-
flexions salutaires et faire apparaître
clairement la décadence à laquelle
on se préoccLLpe de mettre un terme
aujourd’hui.
En conviant l’Europe, les États-Unis et le Japon à montrer leur effort respec-
tif pour l’application du beau à l’utile, l’Italie a entendu offrir la synthèse des
résultats acquis, s’instruire à leur spectacle et y puiser une émulation bienfaisante ;
elle a voulu aussi, j’imagine, faire part des tentatives réalisées chez elle en ces
toutes dernières années pour la restauration de ses industries séculaires. Il
la faut louer pour ce qu’il y a de généreux et d’averti dans ce double dessein.
Nul doute que nos voisins aient fait choix de l’excitation la plus propre à sortir
de sa torpeur le génie national engourdi; mais peut-être les impatiences de
l’humeur et les illusions de l’optimisme, familières aux peuples du Midi, ont-
elles suggéré l’espoir d’un relèvement immédiat, tandis qu’une semblable renais
sance ne saurait être que l'aboutissement de patients et durables efforts.
La vérité est que l’Exposition de Turin se borne à marquer l’origine d'une
évolution et à rendre la confiance en des destinées meilleures. Les activités, à
peine éveillées, déjà ardentes et sollicitées de toutes parts, paraissent subir le
joug des plus diverses influences; maintes fois le désir de réagir contre Limita-
tion de l'ancien les entraîne hors des voies suivies par le génie latin. Les bâtisses
de 1 Exposition relèvent d'un style uniforme, qui n’est autre que le style austro-
allemand ; on les croirait édifiées à Vienne, à Darmstadt, ou à Berlin, n’était la
décoration sculpturale où survit la grâce souple et mouvementée, enjouée et