Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 28.1902)

LE MUSÉE NATIONAL DU CAIRE

(premier article)

Un siècle s’est à peine écoulé depuis que le génie français nous
a rapprochés du pays des Pharaons et de l’Orient magique ; il y a à
peine deux fois l’âge d’un homme qu’en Europe on en était réduit
encore, pour tout ce qui concerne l’Egypte, aux relations très super-
ficielles et très incomplètes de quelques rares individus, poussés à
voyager par leur esprit aventureux.

Mais, lorsque les premiers trésors, recueillis avec intelligence
par l’expédition française, parurent, l’évolution inévitable s’accom-
plit et les destinées de l’Egypte furent liées pour toujours à celles
de l’Occident.

Les barrières qui séparèrent ces deux civilisations pendant des
siècles s’écroulèrent comme par enchantement, et l’Occident entre-
prit de payer sa dette à l’Orient.

Rien de plus naturel que l’attention des savants se soit tournée
vers la culture de l’ancienne Egypte, dont les œuvres immortelles
se dressaient telles que des énigmes provoquant l’esprit humain.
Champollion, Mariette, E. de Rougé, Rrugsch, Maspero, s’attachèrent