15
ment positif, contenu dans la chronique du temple,
à savoir que les soldats de Kléoboulos, après une
expédition victorieuse en Lycie, ont orné la statue
d’un diadème en or U Évidemment cette notice porte
à croire que Kléoboulos a conservé l’ancienne image,
et que son activité, en ce qui concerne celle-ci, s’est
bornée à remplacer les vieilles parures de la déesse par
d’autres plus magnifiques et de matière plus préci-
euse. Une autre notice de la chronique du temple 1 2 3 4 5
fait provenir les parures de la statue (diadème, pecto-
raux et autres ornements) de la dîme prise sur le butin
rapporté d’une expédition en Crète; d’après les termes
de l’inscription, la dédicace en aurait été faite par
l’Etat lindien.
Aspect de l’an- Pour nous faire une idée sur l’aspect
cienne image. de Pimage, nous avons à notre dispo-
sition soit les analogies tirées d’autres sanctuaires
grecs, soit les imitations en petite échelle d’une
statue sicilienne d’Athana, qui était probablement
l’Athana Lindia de Gela; j’ai traité ailleurs plus
amplement ces matériaux 3, et je me borne à pré-
ciser ci-après les conclusions auxquelles je suis arrivé.
Quant au sanctuaire mêmedeLindos, les fouilles n’ont
pas donné d’imitations de cette statue archaïque.
Parmi les nombreuses statuettes de terre cuite qui
ont été dédiées comme ex-voto pendant les 6e—5e
siècles, il est rare de trouver des représentations
d’Athana, et il est facile de démontrer que celles
qu’on possède ne rendent pas l’image de culte 4. Tel
est aussi le cas pour deux statues (une »Pallas« et
un »Palladion«), mentionnées comme dons votifs
dans la chronique du temple 5.
A en juger par les matériaux que je viens d’indi-
quer, l’image lindienne était une statue de dimensions
modestes, faite en bois. Elle représentait la déesse
assise 6, ornée d’un polos et de plusieurs colliers ou
pectoraux (όρμοι) en or, mais sans armes. Elle
présentait une certaine analogie avec l’ancienne
statue en bois d’olivier de ΓAcropole d’Athènes, dont
l’aspect général nous est connu par les documents
épigraphiques, par la littérature et jusqu’à un certain
point par les peintures de vases.
Remaniement Les restes d’édifices mis à découvert
du sanctuaire. par nos fouilles font voir que le
1 Chronique du temple, XXIII = C i—-5.
z XXXIV = C 80—84. Cf. mes observations, Chronique du
temple, p. 395; Die lindische Tempelchronik, p. 29.
3 Voir Blinkenberg, Image, p. 25 sq.
4 Op. c., p. 22 sq.
5 B 109 sq. : Λινδίων τοί μετά των Πάγκιος παίδων Κυράναν
οίκίΕαντες σύν Βάττωι Π[α]λλάδα καί λέοντα ν[ττό] Ήρακλεΰς πνι-
γόμ[ενον] κτλ. C 56 sq.: [Άκρα]γαντΐνοι [ΤΤαλ]λάδιον, ου ήν τα ακρω-
τήρια έλε[φ]άν[τινα] κτλ.
6 Cf. Blinkenberg, Image, p. 16.
l6
sanctuaire a subi un remaniement qui a dû avoir lieu
vers la fin du 5e siècle avant J.-C., à en juger par les
détails architectoniques et par le travail. A cette
époque, on a construit un grand escalier au-dessus
du niveau de l’escalier archaïque et conduisant comme
celui-ci vers la partie méridionale de l’acropole
avec le temple. Du haut de l’escalier on accédait au
temple en passant par de grands propylées, dont le
plan présente quelque ressemblance avec les célè-
bres propylées de l’Acropole d’Athènes (pl. 1, B).
Vers le sud-ouest, une aile des propylées se continuait
en une série de trois salles; par ces constructions le
territoire du sanctuaire fut nettement délimité des
autres parties du plateau de l’acropole. L’espace
assez restreint que comprenait après ces constructions
le téménos proprement dit, n’avait évidemment plus
rien conservé de l’ancien bosquet sacré. Celui-ci
a dû se retirer dans les parties septentrionales et plus
basses de l’acropole. Le téménos lui-même a pris un
caractère qui ressemblait plus qu’auparavant aux
autres sanctuaires helléniques. Il était probablement
destiné exclusivement aux processions, aux offrandes
et aux autres cérémonies religieuses. L’aire sacrée
était entourée de colonnades et des trois salles conne-
xes aux propylées. Ces salles ont apparemment été
destinées en partie aux banquets cérémoniaux dont
nous avons parlé plus haut.
Nous avons daté cette transforma- Date Précise du
, remaniement du
tion du sanctuaire, d apres les restes sanctuaire.
architectoniques, de la fin du 5e siècle. Une hypo-
thèse probable permet de remplacer cette date vague
par une autre d’un caractère plus nettement défini.
En 407 T, le synoecisme mit fin à l’indépendance
politique de Lindos, mais la ville possédait même
après ce temps une indépendance communale assez
étendue, et son ancien culte lui donnait une importance
de beaucoup supérieure à celle des autres communau-
tés de l’île. Évidemment on s’est efforcé de maintenir
après la révolution politique l’ancien sanctuaire
d’Athana et de lui procurer même plus de prestance.
Un document important, à savoir la liste des prêtres
éponymes 2, l’atteste. Elle prend son commencement
justement avec l’an 407 avant J.·—C. Il me paraît
naturel de mettre ce fait, qui témoigne de quelque
changement dans l’administration du sanctuaire, en
rapport avec les reconstructions architecturales dont
nous avons parlé. Nous les datons donc de l’an 407.
1 Sur la date précise, cf. le IIIe rapport, p. 46 sq.
2 Cette liste sera publiée entièrement dans le volume conte-
nant les inscriptions ; nous en avons déj à tiré profit dans le commen-
taire de la chronique du temple (voir l’index, p. 457) Pour dater
l’inscription contenant la signature d’Athanodoros {IIIe rapport,
p. 55 sq.) Cf. les notices provisoires données dans le IVe rapport,
p. 44 sq., et Chronique du temple, p. 318 sq.
INTRODUCTION
ment positif, contenu dans la chronique du temple,
à savoir que les soldats de Kléoboulos, après une
expédition victorieuse en Lycie, ont orné la statue
d’un diadème en or U Évidemment cette notice porte
à croire que Kléoboulos a conservé l’ancienne image,
et que son activité, en ce qui concerne celle-ci, s’est
bornée à remplacer les vieilles parures de la déesse par
d’autres plus magnifiques et de matière plus préci-
euse. Une autre notice de la chronique du temple 1 2 3 4 5
fait provenir les parures de la statue (diadème, pecto-
raux et autres ornements) de la dîme prise sur le butin
rapporté d’une expédition en Crète; d’après les termes
de l’inscription, la dédicace en aurait été faite par
l’Etat lindien.
Aspect de l’an- Pour nous faire une idée sur l’aspect
cienne image. de Pimage, nous avons à notre dispo-
sition soit les analogies tirées d’autres sanctuaires
grecs, soit les imitations en petite échelle d’une
statue sicilienne d’Athana, qui était probablement
l’Athana Lindia de Gela; j’ai traité ailleurs plus
amplement ces matériaux 3, et je me borne à pré-
ciser ci-après les conclusions auxquelles je suis arrivé.
Quant au sanctuaire mêmedeLindos, les fouilles n’ont
pas donné d’imitations de cette statue archaïque.
Parmi les nombreuses statuettes de terre cuite qui
ont été dédiées comme ex-voto pendant les 6e—5e
siècles, il est rare de trouver des représentations
d’Athana, et il est facile de démontrer que celles
qu’on possède ne rendent pas l’image de culte 4. Tel
est aussi le cas pour deux statues (une »Pallas« et
un »Palladion«), mentionnées comme dons votifs
dans la chronique du temple 5.
A en juger par les matériaux que je viens d’indi-
quer, l’image lindienne était une statue de dimensions
modestes, faite en bois. Elle représentait la déesse
assise 6, ornée d’un polos et de plusieurs colliers ou
pectoraux (όρμοι) en or, mais sans armes. Elle
présentait une certaine analogie avec l’ancienne
statue en bois d’olivier de ΓAcropole d’Athènes, dont
l’aspect général nous est connu par les documents
épigraphiques, par la littérature et jusqu’à un certain
point par les peintures de vases.
Remaniement Les restes d’édifices mis à découvert
du sanctuaire. par nos fouilles font voir que le
1 Chronique du temple, XXIII = C i—-5.
z XXXIV = C 80—84. Cf. mes observations, Chronique du
temple, p. 395; Die lindische Tempelchronik, p. 29.
3 Voir Blinkenberg, Image, p. 25 sq.
4 Op. c., p. 22 sq.
5 B 109 sq. : Λινδίων τοί μετά των Πάγκιος παίδων Κυράναν
οίκίΕαντες σύν Βάττωι Π[α]λλάδα καί λέοντα ν[ττό] Ήρακλεΰς πνι-
γόμ[ενον] κτλ. C 56 sq.: [Άκρα]γαντΐνοι [ΤΤαλ]λάδιον, ου ήν τα ακρω-
τήρια έλε[φ]άν[τινα] κτλ.
6 Cf. Blinkenberg, Image, p. 16.
l6
sanctuaire a subi un remaniement qui a dû avoir lieu
vers la fin du 5e siècle avant J.-C., à en juger par les
détails architectoniques et par le travail. A cette
époque, on a construit un grand escalier au-dessus
du niveau de l’escalier archaïque et conduisant comme
celui-ci vers la partie méridionale de l’acropole
avec le temple. Du haut de l’escalier on accédait au
temple en passant par de grands propylées, dont le
plan présente quelque ressemblance avec les célè-
bres propylées de l’Acropole d’Athènes (pl. 1, B).
Vers le sud-ouest, une aile des propylées se continuait
en une série de trois salles; par ces constructions le
territoire du sanctuaire fut nettement délimité des
autres parties du plateau de l’acropole. L’espace
assez restreint que comprenait après ces constructions
le téménos proprement dit, n’avait évidemment plus
rien conservé de l’ancien bosquet sacré. Celui-ci
a dû se retirer dans les parties septentrionales et plus
basses de l’acropole. Le téménos lui-même a pris un
caractère qui ressemblait plus qu’auparavant aux
autres sanctuaires helléniques. Il était probablement
destiné exclusivement aux processions, aux offrandes
et aux autres cérémonies religieuses. L’aire sacrée
était entourée de colonnades et des trois salles conne-
xes aux propylées. Ces salles ont apparemment été
destinées en partie aux banquets cérémoniaux dont
nous avons parlé plus haut.
Nous avons daté cette transforma- Date Précise du
, remaniement du
tion du sanctuaire, d apres les restes sanctuaire.
architectoniques, de la fin du 5e siècle. Une hypo-
thèse probable permet de remplacer cette date vague
par une autre d’un caractère plus nettement défini.
En 407 T, le synoecisme mit fin à l’indépendance
politique de Lindos, mais la ville possédait même
après ce temps une indépendance communale assez
étendue, et son ancien culte lui donnait une importance
de beaucoup supérieure à celle des autres communau-
tés de l’île. Évidemment on s’est efforcé de maintenir
après la révolution politique l’ancien sanctuaire
d’Athana et de lui procurer même plus de prestance.
Un document important, à savoir la liste des prêtres
éponymes 2, l’atteste. Elle prend son commencement
justement avec l’an 407 avant J.·—C. Il me paraît
naturel de mettre ce fait, qui témoigne de quelque
changement dans l’administration du sanctuaire, en
rapport avec les reconstructions architecturales dont
nous avons parlé. Nous les datons donc de l’an 407.
1 Sur la date précise, cf. le IIIe rapport, p. 46 sq.
2 Cette liste sera publiée entièrement dans le volume conte-
nant les inscriptions ; nous en avons déj à tiré profit dans le commen-
taire de la chronique du temple (voir l’index, p. 457) Pour dater
l’inscription contenant la signature d’Athanodoros {IIIe rapport,
p. 55 sq.) Cf. les notices provisoires données dans le IVe rapport,
p. 44 sq., et Chronique du temple, p. 318 sq.
INTRODUCTION