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PRÉCIS DE L’HISTOIRE DÜ SANCTUAIRE
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Date de la for- a mon avis, il faut rapporter au
mation du grand Λ ,
dépôt d’ex-voto. meme temps un autre témoignage in-
dépendant de celui dont nous venons de parler. Je
pense au grand dépôt d'ex-voto, mis au jour dans
une dépression naturelle du rocher, située hors des
constructions qui limitaient le sanctuaire dans sa
forme nouvelle (pl. I, G). Le gros de la grande
quantité d’ex-voto déclassés contenue dans ce dépôt
s’échelonne sur un espace de temps coïncidant avec
les années 525—400, vaguement parler. Il n’est guère
probable que la formation de ce dépôt, mis au jour
tout près du sanctuaire, mais au dehors de ses limites,
et créé vers la fin du 5e siècle, soit sans rapport aux
reconstructions dont nous avons parlé. Il faut voir,
croyons-nous, dans les objets trouvés dans le dépôt,
des dons votifs qui s’étaient amassés dans le sanctu-
de Lindos et de l’État de Rhodes T. Les citations
nous font voir que ces prêtres se sont efforcés de
mettre dans une lumière claire l’ancien renom du
sanctuaire, en alléguant les noms des célèbres héros
qui avaient contribué à glorifier leur déesse. Encore
vers l’an 100 avant J.-C., leurs épîtres ont été con-
servées dans les archives de Lindos et de la capitale
de l’île comme des actes importants. D’autres docu-
ments donnent à penser que les habitants des parties
de l’île qui n’appartenaient pas à la communauté de
Lindos, ont tâché d’être admis à participer au sanc-
tuaire, mais ces efforts ont été repoussés par les
Lindiens2 3. Ceux-ci ont procuré eux-mêmes les
moyens nécessaires pour la reconstruction du temple.
L’édifice renouvelé a persisté jusqu’à la fin de l’anti-
quité; c’est celui dont nous avons déblayé les restes.
LAE ΑΝΔΡΙΔΑΧΚΑΙΤΙΜοΙ) Eo
ΑοΑΝΑΙΛΙΝΔΙΑΙΔΕΡΑΤφΕ
ΠΑΙΔΕΑΑΑΕΔ1
Fig. 1. Inscription de linteau dans le temple d’Athana.
aire entre l’époque de l’activité de Kléoboulos et le
remaniement du sanctuaire vers 400. Tout bien
considéré, il faut donc regarder l’an 407 comme date
de la formation du grand dépôt votif.
Incendie En poursuivant l’histoire du sanc-
du temple, tuaire, le prochain point fixe est un in-
cendie 1 qui a détruit le temple avec l’image de culte
et la plupart des grands ex-voto2. Cet incendie
fut un désastre pour Lindos ; il frappait le sanctuaire
à une époque très pauvre. Il paraissait même que
l’antique sanctuaire s’affaisserait et qu’il allait perdre
entièrement son ancienne importance. Les docu-
ments à notre disposition permettent de dater cet
incendie de l’époque 350—330 avant J.—C. 3. Comme
c’est parfois le cas, le désastre, au heu d’anéantir le
sanctuaire, a donné lieu à un épanouissement de
patriotisme et d’énergie. Les Lindiens se sont efforcés
sérieusement de maintenir l’ancien culte. Il semble
que deux prêtres d’Athana, Hiéroboulos et Gorgos-
thénès, ont été singulièrement actifs à cet égard. Nous
les connaissons par la chronique du temple comme
auteurs d’épîtres adressées respectivement aux sénats
1 Cf. le 77e rapport, p. 66.
.2 Chronique du temple, D 38—42 : (les dons votifs de Datis,
amiral du roi Dareios) πρότερον μέν διεσώιίετο, έπ'ι δε του ίερέως
του Άλίου Ευκλευς του Άστυανακτίδα εμπυρισθέντος τοϋ ναοΰ
κατεκαύσθη μετά των κλειστών άναθεμάτων.
3 Voir Chronique du temple, p. 448 sq.
Bli nkenberg, Lindos, I.
Quant aux propylées, les restes Reconstruction
conservés sont trop peu considérables du temple,
pour constater s’ils ont été atteints par l’incendie
et renouvelés en même temps que le temple. Celui-ci
était construit, nous l’avons dit, en style dorique et
sous la forme d’un amphiprostylos tetrastylos (pl. 1,
A), et probablement l’édifice existant ne constitue
qu’un renouvellement de celui qu’avait bâti Kléo-
boulos. On comprend bien que la reconstruction du
temple s’est bornée au stricte nécessaire. La posté-
rité a contribué sans doute à l’embellissement de
l’édifice; nous en avons une preuve certaine dans une
inscription qu’on lit sur le linteau de la porte entre le
pronaos et la cella, et qui se rapporte probablement à
l’exécution d’une porte en bronze. Nous ajoutons
(v. fig. 1) le facsimilé de cette inscription qui date de
la première moitié du 3e siècle avant J.-C 3.
Une tâche s’imposait immédiate- Nouvelle image
ment au moment de la reconstruction : d’Athana Lmdia.
c’était le renouvellement de l’image de culte, puisque
l’ancienne image était détruite par le feu. On ne
s’est pas borné à reproduire simplement celle-ci. Le
1 Voir Chronique du temple, index, p. 452—453 (s. v. Γοργο-
σθένης et Ίερόβουλος.)
2 IG XII, 1, 761; cf. Chronique du temple, p. 450, et pour la
date, p. 443 sq.; Hermes 1913, p. 239; Blinkenberg, Image, p. 50.
3 Ce facsimilé a été publié auparavant dans le 77e rapport,
p. 66, fig. 10.
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PRÉCIS DE L’HISTOIRE DÜ SANCTUAIRE
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Date de la for- a mon avis, il faut rapporter au
mation du grand Λ ,
dépôt d’ex-voto. meme temps un autre témoignage in-
dépendant de celui dont nous venons de parler. Je
pense au grand dépôt d'ex-voto, mis au jour dans
une dépression naturelle du rocher, située hors des
constructions qui limitaient le sanctuaire dans sa
forme nouvelle (pl. I, G). Le gros de la grande
quantité d’ex-voto déclassés contenue dans ce dépôt
s’échelonne sur un espace de temps coïncidant avec
les années 525—400, vaguement parler. Il n’est guère
probable que la formation de ce dépôt, mis au jour
tout près du sanctuaire, mais au dehors de ses limites,
et créé vers la fin du 5e siècle, soit sans rapport aux
reconstructions dont nous avons parlé. Il faut voir,
croyons-nous, dans les objets trouvés dans le dépôt,
des dons votifs qui s’étaient amassés dans le sanctu-
de Lindos et de l’État de Rhodes T. Les citations
nous font voir que ces prêtres se sont efforcés de
mettre dans une lumière claire l’ancien renom du
sanctuaire, en alléguant les noms des célèbres héros
qui avaient contribué à glorifier leur déesse. Encore
vers l’an 100 avant J.-C., leurs épîtres ont été con-
servées dans les archives de Lindos et de la capitale
de l’île comme des actes importants. D’autres docu-
ments donnent à penser que les habitants des parties
de l’île qui n’appartenaient pas à la communauté de
Lindos, ont tâché d’être admis à participer au sanc-
tuaire, mais ces efforts ont été repoussés par les
Lindiens2 3. Ceux-ci ont procuré eux-mêmes les
moyens nécessaires pour la reconstruction du temple.
L’édifice renouvelé a persisté jusqu’à la fin de l’anti-
quité; c’est celui dont nous avons déblayé les restes.
LAE ΑΝΔΡΙΔΑΧΚΑΙΤΙΜοΙ) Eo
ΑοΑΝΑΙΛΙΝΔΙΑΙΔΕΡΑΤφΕ
ΠΑΙΔΕΑΑΑΕΔ1
Fig. 1. Inscription de linteau dans le temple d’Athana.
aire entre l’époque de l’activité de Kléoboulos et le
remaniement du sanctuaire vers 400. Tout bien
considéré, il faut donc regarder l’an 407 comme date
de la formation du grand dépôt votif.
Incendie En poursuivant l’histoire du sanc-
du temple, tuaire, le prochain point fixe est un in-
cendie 1 qui a détruit le temple avec l’image de culte
et la plupart des grands ex-voto2. Cet incendie
fut un désastre pour Lindos ; il frappait le sanctuaire
à une époque très pauvre. Il paraissait même que
l’antique sanctuaire s’affaisserait et qu’il allait perdre
entièrement son ancienne importance. Les docu-
ments à notre disposition permettent de dater cet
incendie de l’époque 350—330 avant J.—C. 3. Comme
c’est parfois le cas, le désastre, au heu d’anéantir le
sanctuaire, a donné lieu à un épanouissement de
patriotisme et d’énergie. Les Lindiens se sont efforcés
sérieusement de maintenir l’ancien culte. Il semble
que deux prêtres d’Athana, Hiéroboulos et Gorgos-
thénès, ont été singulièrement actifs à cet égard. Nous
les connaissons par la chronique du temple comme
auteurs d’épîtres adressées respectivement aux sénats
1 Cf. le 77e rapport, p. 66.
.2 Chronique du temple, D 38—42 : (les dons votifs de Datis,
amiral du roi Dareios) πρότερον μέν διεσώιίετο, έπ'ι δε του ίερέως
του Άλίου Ευκλευς του Άστυανακτίδα εμπυρισθέντος τοϋ ναοΰ
κατεκαύσθη μετά των κλειστών άναθεμάτων.
3 Voir Chronique du temple, p. 448 sq.
Bli nkenberg, Lindos, I.
Quant aux propylées, les restes Reconstruction
conservés sont trop peu considérables du temple,
pour constater s’ils ont été atteints par l’incendie
et renouvelés en même temps que le temple. Celui-ci
était construit, nous l’avons dit, en style dorique et
sous la forme d’un amphiprostylos tetrastylos (pl. 1,
A), et probablement l’édifice existant ne constitue
qu’un renouvellement de celui qu’avait bâti Kléo-
boulos. On comprend bien que la reconstruction du
temple s’est bornée au stricte nécessaire. La posté-
rité a contribué sans doute à l’embellissement de
l’édifice; nous en avons une preuve certaine dans une
inscription qu’on lit sur le linteau de la porte entre le
pronaos et la cella, et qui se rapporte probablement à
l’exécution d’une porte en bronze. Nous ajoutons
(v. fig. 1) le facsimilé de cette inscription qui date de
la première moitié du 3e siècle avant J.-C 3.
Une tâche s’imposait immédiate- Nouvelle image
ment au moment de la reconstruction : d’Athana Lmdia.
c’était le renouvellement de l’image de culte, puisque
l’ancienne image était détruite par le feu. On ne
s’est pas borné à reproduire simplement celle-ci. Le
1 Voir Chronique du temple, index, p. 452—453 (s. v. Γοργο-
σθένης et Ίερόβουλος.)
2 IG XII, 1, 761; cf. Chronique du temple, p. 450, et pour la
date, p. 443 sq.; Hermes 1913, p. 239; Blinkenberg, Image, p. 50.
3 Ce facsimilé a été publié auparavant dans le 77e rapport,
p. 66, fig. 10.
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