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PRÉCIS DE L’HISTOIRE DU SANCTUAIRE
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Don de l’État L’incendie a donné lieu aussi à une
rhodien. subvention de l’État rhodien. Il me
paraît probable d’expliquer dans ce sens les chapitres
XXXV-XXXVI de la chronique du temple U L’État,
ayant reçu un don précieux du roi Artaxerxès, com-
posé par le vêtement et les insignes royaux, l’a dédié
au sanctuaire lindien, et les Lindiens ont employé la
matière précieuse pour en faire une statuette de Niké
qu’ils consacrèrent à leur déesse comme χαριστήριον.
Sacrifices d’Alex- Nous ne possédons pas de rensei-
andre et des dia- , , . , ,
doques. gnements historiques sur des remanie-
ments ultérieurs du sanctuaire ou de l’image sacrée.
L’histoire des temps hellénistiques nous fait voir que
l’île de Rhodes était liée plus ou moins intimement
à Alexandre le Grand et à plusieurs des diadoques.
Nous n’avons pas à mentionner ici ces relations en
ce qui concerne l’histoire politique. Signalons seule-
ment qu’Alexandre et encore plusieurs des rois des
temps hellénistiques ont fait de grands sacrifices à
la déesse lindienne, et qu’ils ont consacré des armes
dans le sanctuaire. Ces dons sont mentionnés dans
la chronique du temple 2 3 4 5. Les notices sur les héca-
tombes de boeufs doivent, semble-t-il, être inter-
prétées ainsi: les sacrifices ont eu lieu dans un endroit
situé hors du sanctuaire (évidemment dans l’emplace-
ment des Boukopia) et une plaque commémorative
avec les bucranes a été fixée dans le téménos de
l’acropole 3.
L’époque hellénistique inaugura une
Grande stoa. v ,
nouvelle ere de prospérité pour 1 île de
Rhodes qui rappelle à un certain point de vue les
grands jours de l’ancienne expansion coloniale. Le
sanctuaire voyait s’élever beaucoup de statues hono-
rifiques exécutées par des artistes célèbres 4 et
dédiées à la déesse. Devant les propylées, on con-
struisit une grande stoa qui traverse le plateau de
l’acropole dans le sens sud-est nord-ouest (pl. i, C).
Cette stoa est située hors du téménos proprement dit,
mais en constitue pour ainsi dire une succursale: elle
a servi pour placer d’une manière honorable les
1 Voir Chronique du temple, p. 450.
2 Chap. XXXVIII—XLII. Le sacrifice d’Alexandre eut lieu
en 330 av. J.-C. et donna lieu à une correspondance qu’on con-
servait encore en 99 av. J.-C. d’.ns les archives de Lindos. Les
autres rois dont on lit encore les noms dans la partie conservée
de la chronique du temple, sont Ptolémaios I, Pyrrhos, Hiéron II
(qui envoya aussi des dons considérables à la ville de Rhodes
après le tremblement de terre en 225 av. J.-C.) et Philippos III.
3 Cf. Blinkenberg, Image, p. 12.
4 Un aperçu provisoire des signatures des artistes a été donné
dans le IVe rapport, p. 23 sq. Celles de Boëthos et d’Athanodoros
ont été traitées plus amplement IIe rapport, p. 73 et IIIe rapport,
p. 75. Les matériaux complets seront publiés dans le volume de
cet ouvrage contenant les inscriptions.
statues dédiées à la déesse qui ne trouvaient plus de
place dans l’étroit téménos. Sans doute, le public
visitant le sanctuaire s’en est servi aussi comme d’un
séjour agréable et ombragé. La stoa était orientée
vers le nord-est et s’ouvrait sur le bosquet qui occu-
pait, on n’en peut douter, ce qui restait de la partie
basse du plateau de l’acropole. Dans cette partie,
on a construit aussi des exèdres 1 ; leur niveau fait
voir que cette partie du rocher a été couverte d’une
épaisse couche de terre propre à des plantations.
Devant l’aile occidentale de la stoa, on a creusé,
probablement peu de temps après la construction de
l’édifice, une fosse dans les remblais afin d’y cacher
une quantité de petits ex-voto, dont on voulait dé-
barrasser le sanctuaire (pl. 1, H). Des indications
plus précises sur ce »petit dépôt d’ex-voto« se trouvent
dans l’appendice III (ci-après, p. 55).
La stoa est le dernier édifice de quelque importance
qui ait été construit sur l’acropole. Les époques anti-
ques postérieures à l’Hellénisme n’ont rien ajouté
de considérable. On s’est borné à maintenir l’état
ancien du sanctuaire dont les plantations d’oliviers
ont été renouvelées, à une époque tardive, par le
prêtre Aglochartos 2 ; seulement le mur d’enceinte de
l’acropole est, du moins en partie, postérieur à la
stoa 3. Les constructions nouvelles des derniers temps
antiques sont peu considérables. Signalons-en la
plus curieuse : l’héroon de Psithyros 4.
Quant au culte, l’époque hellénisti-
Zeus Polieus.
que a pourtant introduit une inno-
vation : Athana a dû partager son ancien sanctuaire
avec son père. La dénomination officielle était alors
»sanctuaire d’Athana Lindia et de Zeus Polieus «.
Cette formule n’a pourtant guère influencé la religion
populaire; même après l’admission de Zeus, Athana
est restée la divinité principale de l’endroit. Il faut
pourtant signaler le fait que le petit dépôt d’ex-voto
a fourni plusieurs statuettes votives représentant
Zeus (nos 2872—2883). La formule dédicatoire
Άθάναι Πολιάδι και Δη Πολιεί, qu’on lit dans cer-
tains chapitres du commencement de la chronique du
temple (I, II, IV, V, VI), n’a rien à faire avec le culte
réel de Lindos où l’on ne vénérait pas Athana Polias.
Il faut y voir une construction savante de la mytho-
graphie rhodienne qui s’est basée sur le culte de
la ville de Rhodes 5.
1 Cf. pl. 1, carré VI n ; voir aussi le IVe rapport, p. 30.
2 Voir IG XII, 1, nos 781—783.
3 Ce mur a été décrit dans le IVe rapport, p. 26—30 avec
la fig. 51.
4 Cf. le IIe rapport, p. 67; Rh. Mus. 1904, p. 623.
5 Voir Chronique du temple, p. 403.
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PRÉCIS DE L’HISTOIRE DU SANCTUAIRE
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Don de l’État L’incendie a donné lieu aussi à une
rhodien. subvention de l’État rhodien. Il me
paraît probable d’expliquer dans ce sens les chapitres
XXXV-XXXVI de la chronique du temple U L’État,
ayant reçu un don précieux du roi Artaxerxès, com-
posé par le vêtement et les insignes royaux, l’a dédié
au sanctuaire lindien, et les Lindiens ont employé la
matière précieuse pour en faire une statuette de Niké
qu’ils consacrèrent à leur déesse comme χαριστήριον.
Sacrifices d’Alex- Nous ne possédons pas de rensei-
andre et des dia- , , . , ,
doques. gnements historiques sur des remanie-
ments ultérieurs du sanctuaire ou de l’image sacrée.
L’histoire des temps hellénistiques nous fait voir que
l’île de Rhodes était liée plus ou moins intimement
à Alexandre le Grand et à plusieurs des diadoques.
Nous n’avons pas à mentionner ici ces relations en
ce qui concerne l’histoire politique. Signalons seule-
ment qu’Alexandre et encore plusieurs des rois des
temps hellénistiques ont fait de grands sacrifices à
la déesse lindienne, et qu’ils ont consacré des armes
dans le sanctuaire. Ces dons sont mentionnés dans
la chronique du temple 2 3 4 5. Les notices sur les héca-
tombes de boeufs doivent, semble-t-il, être inter-
prétées ainsi: les sacrifices ont eu lieu dans un endroit
situé hors du sanctuaire (évidemment dans l’emplace-
ment des Boukopia) et une plaque commémorative
avec les bucranes a été fixée dans le téménos de
l’acropole 3.
L’époque hellénistique inaugura une
Grande stoa. v ,
nouvelle ere de prospérité pour 1 île de
Rhodes qui rappelle à un certain point de vue les
grands jours de l’ancienne expansion coloniale. Le
sanctuaire voyait s’élever beaucoup de statues hono-
rifiques exécutées par des artistes célèbres 4 et
dédiées à la déesse. Devant les propylées, on con-
struisit une grande stoa qui traverse le plateau de
l’acropole dans le sens sud-est nord-ouest (pl. i, C).
Cette stoa est située hors du téménos proprement dit,
mais en constitue pour ainsi dire une succursale: elle
a servi pour placer d’une manière honorable les
1 Voir Chronique du temple, p. 450.
2 Chap. XXXVIII—XLII. Le sacrifice d’Alexandre eut lieu
en 330 av. J.-C. et donna lieu à une correspondance qu’on con-
servait encore en 99 av. J.-C. d’.ns les archives de Lindos. Les
autres rois dont on lit encore les noms dans la partie conservée
de la chronique du temple, sont Ptolémaios I, Pyrrhos, Hiéron II
(qui envoya aussi des dons considérables à la ville de Rhodes
après le tremblement de terre en 225 av. J.-C.) et Philippos III.
3 Cf. Blinkenberg, Image, p. 12.
4 Un aperçu provisoire des signatures des artistes a été donné
dans le IVe rapport, p. 23 sq. Celles de Boëthos et d’Athanodoros
ont été traitées plus amplement IIe rapport, p. 73 et IIIe rapport,
p. 75. Les matériaux complets seront publiés dans le volume de
cet ouvrage contenant les inscriptions.
statues dédiées à la déesse qui ne trouvaient plus de
place dans l’étroit téménos. Sans doute, le public
visitant le sanctuaire s’en est servi aussi comme d’un
séjour agréable et ombragé. La stoa était orientée
vers le nord-est et s’ouvrait sur le bosquet qui occu-
pait, on n’en peut douter, ce qui restait de la partie
basse du plateau de l’acropole. Dans cette partie,
on a construit aussi des exèdres 1 ; leur niveau fait
voir que cette partie du rocher a été couverte d’une
épaisse couche de terre propre à des plantations.
Devant l’aile occidentale de la stoa, on a creusé,
probablement peu de temps après la construction de
l’édifice, une fosse dans les remblais afin d’y cacher
une quantité de petits ex-voto, dont on voulait dé-
barrasser le sanctuaire (pl. 1, H). Des indications
plus précises sur ce »petit dépôt d’ex-voto« se trouvent
dans l’appendice III (ci-après, p. 55).
La stoa est le dernier édifice de quelque importance
qui ait été construit sur l’acropole. Les époques anti-
ques postérieures à l’Hellénisme n’ont rien ajouté
de considérable. On s’est borné à maintenir l’état
ancien du sanctuaire dont les plantations d’oliviers
ont été renouvelées, à une époque tardive, par le
prêtre Aglochartos 2 ; seulement le mur d’enceinte de
l’acropole est, du moins en partie, postérieur à la
stoa 3. Les constructions nouvelles des derniers temps
antiques sont peu considérables. Signalons-en la
plus curieuse : l’héroon de Psithyros 4.
Quant au culte, l’époque hellénisti-
Zeus Polieus.
que a pourtant introduit une inno-
vation : Athana a dû partager son ancien sanctuaire
avec son père. La dénomination officielle était alors
»sanctuaire d’Athana Lindia et de Zeus Polieus «.
Cette formule n’a pourtant guère influencé la religion
populaire; même après l’admission de Zeus, Athana
est restée la divinité principale de l’endroit. Il faut
pourtant signaler le fait que le petit dépôt d’ex-voto
a fourni plusieurs statuettes votives représentant
Zeus (nos 2872—2883). La formule dédicatoire
Άθάναι Πολιάδι και Δη Πολιεί, qu’on lit dans cer-
tains chapitres du commencement de la chronique du
temple (I, II, IV, V, VI), n’a rien à faire avec le culte
réel de Lindos où l’on ne vénérait pas Athana Polias.
Il faut y voir une construction savante de la mytho-
graphie rhodienne qui s’est basée sur le culte de
la ville de Rhodes 5.
1 Cf. pl. 1, carré VI n ; voir aussi le IVe rapport, p. 30.
2 Voir IG XII, 1, nos 781—783.
3 Ce mur a été décrit dans le IVe rapport, p. 26—30 avec
la fig. 51.
4 Cf. le IIe rapport, p. 67; Rh. Mus. 1904, p. 623.
5 Voir Chronique du temple, p. 403.
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