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VASES ET RÉCIPIENTS
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entremêlés avec des débris de tout temps dans la
terre souvent bouleversée qui couvrait la plus grande
partie du rocher et des constructions anciennes. Ce
fait explique pourquoi les vases du style géomé-
trique ont été réduits, à peu d’exceptions près, en petits
morceaux.
(I). Style protogéométrique, avec les types qui en
dérivent.
Les trouvailles faites dans les débris d’une maison
située sur le versant occidental de l’acropole (Kopria,
v. l’introduction, p. 57 sq.) datent d’une époque
assez reculée, probablement du 9e—10e siècle. On
n’a pas découvert là de vases du style avancé, mais
seulement des fragments dont le décor est empreint
du style protogéométrique (nos 823, 829, 835) et des
jarres du type ancien n° 912. Des fragments de vases
du même style ont été trouvés sur l’emplacement
des Boukopia auprès d’une construction très anci-
enne qui remonte probablement, comme la maison
de Kopria, aux débuts de la colonisation grecque.
Avec les fragments originaires de la maison
de Kopria nous avons réuni, dans notre premier
groupe, les poteries de style apparenté, trouvées
tant sur l’acropole qu’à Kopria. La fabrication de
vases de ce style simple s’est maintenue longtemps,
en tout cas jusqu’aux temps du style géométrique
avancé. Pour certains types, p. e. les cratères n°
831, la décoration en systèmes de cercles concen-
triques restait longtemps intimement liée à la forme;
et la partie orientale du monde grec, surtout les îles
de Chypre et de Crète, conservait pendant des siècles
une certaine prédilection pour cette manière de
décorer. Le col d’amphore n° 835 remonte sans
doute à une époque reculée; mais l’ornement parti-
culier de l’anse (deux courbes qui se coupent) se
retrouve sur une amphore du style rhodien avancé
mise au jour à Thera1 * 3 et sur plusieurs hydries et
amphores provenant du Βόθρος de l’île de Rheneia
et conservées au musée de Mykonos. On voit, sur n°
834, le même ornement de l’anse dans une forme
qui est influencée par le style géométrique avancé:
les diagonales et les traits horizontaux, placés dans
l’intervalle des courbes, sont évidemment empruntés
au système décoratif appliqué aux anses dans divers
styles géométriques, y compris celui de l’île de Rhodes
(cf. nos 845 et 848; pl. 35, nos 38—39). Les systèmes
de cercles concentriques réunis par trois lignes ondu-
1 Les trouvailles de cet endroit seront traitées dans une autre
partie de notre ouvrage. Voir provisoirement notre Ier rapport,
p. 83 et mon mémoire intitulé L’image d’Athana Lindia (1917),
p. II.
2 Thera, II, p. 183, fig. 372 (j’ai fait le croquis du décor de ce
vase au musée de Thera).
lées qui apparaissent sur le cratère n° 832, rappellent
la décoration du vase n° 831; mais l’intérieur des
cercles est occupé par un ornement qui se retrouve,
sous une forme identique, sur un cratère qu’il faut
rapporter, d’après sa décoration et sa forme, au style
rhodien-géométrique avancé L
Je ne crois pas possible d’établir, dans tous les
cas, une distinction nette entre les spécimens très
anciens du style protogéométrique et les exemples
appartenant à des ramifications tardives de ce style.
Au point de vue de la technique, on peut distinguer
trois classes (A—C). La classe la plus nombreuse
(A) représente probablement une ou plusieurs fa-
briques rhodiennes. L’argile est en général de la même
qualité que celle des vases de notre groupe III,.dont
l’origine est incontestable. Elle présente, dans l’un
et l’autre cas, souvent des traces très visibles de mica.
A (nos 821—838). Terre chamois, de couleur
souvent assez foncée et contenant, le plus souvent,
du mica; la surface, sans engobe, n’est pas parfaite-
ment polie. Vernis brun noir, le plus souvent sans
lustre, plus rarement luisant ou tournant au rouge
brun; il a une tendance à s’écailler.
Voici les formes représentées dans nos fouilles:
Coupes profondes (skyphoi, nos 821—829) qui
paraissent avoir eu le plus souvent un pied haut; le
profil de la paroi est légèrement sinué depuis le bord
jusqu’au fond; deux anses »horizontales«, de forme
demi-circulaire et de section ronde, se dressent obli-
quement en l’air sans atteindre la hauteur du bord.
Les vases sont souvent d’une telle grandeur qu’on
peut hésiter s’il faut les qualifier de grandes coupes
ou de petits cratères.
Cratères (nos 830—833) de forme analogue à celle
des coupes, mais plus grands et plus profonds. Quel-
quefois (n° 830) le pied devient aussi plus haut. Le
bord est soit mince comme celui des coupes (n° 830),
soit renforcé (nos 831—833); dans ce cas, il y a, au-
dessus des anses, un listel saillant qui fait le tour du
| vase.
Amphores (nos 834—838) à haut col cylindrique
et à deux anses verticales. La terre des fragments
de vases de cette forme est moins égale que celle des
coupes et des bassins; mais la qualité du vernis et
le système décoratif témoignent d’une parenté intime.
La forme des coupes et des cratères, qui dérive de
1 Au musée de Heidelberg, trouvé dans l’île de Rhodes;
H 0.39; les anses sont , analogues à celles du cratère rhodien BCH
1912, p. 499, fig. 5. L’ornément én question se trouve dans d’autres
styles géométriques, v. Thera, II, p. 30, fig. 81 = p. 186, fig. 379 b;
p. 35, fig. 107 — p. 186, fig. 379 a; Tiryns, I, p. 154, fig. 18 (Melos) ;
BCH 1911, p. 377, n° 46, fig. 38 (Delos) ; AM 1903, Beilage 29, J 10
(Thera); NS 1895, p. 189, fig. 90 (Syracuse, necropoli del Fusco),
etc.
VASES ET RÉCIPIENTS
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entremêlés avec des débris de tout temps dans la
terre souvent bouleversée qui couvrait la plus grande
partie du rocher et des constructions anciennes. Ce
fait explique pourquoi les vases du style géomé-
trique ont été réduits, à peu d’exceptions près, en petits
morceaux.
(I). Style protogéométrique, avec les types qui en
dérivent.
Les trouvailles faites dans les débris d’une maison
située sur le versant occidental de l’acropole (Kopria,
v. l’introduction, p. 57 sq.) datent d’une époque
assez reculée, probablement du 9e—10e siècle. On
n’a pas découvert là de vases du style avancé, mais
seulement des fragments dont le décor est empreint
du style protogéométrique (nos 823, 829, 835) et des
jarres du type ancien n° 912. Des fragments de vases
du même style ont été trouvés sur l’emplacement
des Boukopia auprès d’une construction très anci-
enne qui remonte probablement, comme la maison
de Kopria, aux débuts de la colonisation grecque.
Avec les fragments originaires de la maison
de Kopria nous avons réuni, dans notre premier
groupe, les poteries de style apparenté, trouvées
tant sur l’acropole qu’à Kopria. La fabrication de
vases de ce style simple s’est maintenue longtemps,
en tout cas jusqu’aux temps du style géométrique
avancé. Pour certains types, p. e. les cratères n°
831, la décoration en systèmes de cercles concen-
triques restait longtemps intimement liée à la forme;
et la partie orientale du monde grec, surtout les îles
de Chypre et de Crète, conservait pendant des siècles
une certaine prédilection pour cette manière de
décorer. Le col d’amphore n° 835 remonte sans
doute à une époque reculée; mais l’ornement parti-
culier de l’anse (deux courbes qui se coupent) se
retrouve sur une amphore du style rhodien avancé
mise au jour à Thera1 * 3 et sur plusieurs hydries et
amphores provenant du Βόθρος de l’île de Rheneia
et conservées au musée de Mykonos. On voit, sur n°
834, le même ornement de l’anse dans une forme
qui est influencée par le style géométrique avancé:
les diagonales et les traits horizontaux, placés dans
l’intervalle des courbes, sont évidemment empruntés
au système décoratif appliqué aux anses dans divers
styles géométriques, y compris celui de l’île de Rhodes
(cf. nos 845 et 848; pl. 35, nos 38—39). Les systèmes
de cercles concentriques réunis par trois lignes ondu-
1 Les trouvailles de cet endroit seront traitées dans une autre
partie de notre ouvrage. Voir provisoirement notre Ier rapport,
p. 83 et mon mémoire intitulé L’image d’Athana Lindia (1917),
p. II.
2 Thera, II, p. 183, fig. 372 (j’ai fait le croquis du décor de ce
vase au musée de Thera).
lées qui apparaissent sur le cratère n° 832, rappellent
la décoration du vase n° 831; mais l’intérieur des
cercles est occupé par un ornement qui se retrouve,
sous une forme identique, sur un cratère qu’il faut
rapporter, d’après sa décoration et sa forme, au style
rhodien-géométrique avancé L
Je ne crois pas possible d’établir, dans tous les
cas, une distinction nette entre les spécimens très
anciens du style protogéométrique et les exemples
appartenant à des ramifications tardives de ce style.
Au point de vue de la technique, on peut distinguer
trois classes (A—C). La classe la plus nombreuse
(A) représente probablement une ou plusieurs fa-
briques rhodiennes. L’argile est en général de la même
qualité que celle des vases de notre groupe III,.dont
l’origine est incontestable. Elle présente, dans l’un
et l’autre cas, souvent des traces très visibles de mica.
A (nos 821—838). Terre chamois, de couleur
souvent assez foncée et contenant, le plus souvent,
du mica; la surface, sans engobe, n’est pas parfaite-
ment polie. Vernis brun noir, le plus souvent sans
lustre, plus rarement luisant ou tournant au rouge
brun; il a une tendance à s’écailler.
Voici les formes représentées dans nos fouilles:
Coupes profondes (skyphoi, nos 821—829) qui
paraissent avoir eu le plus souvent un pied haut; le
profil de la paroi est légèrement sinué depuis le bord
jusqu’au fond; deux anses »horizontales«, de forme
demi-circulaire et de section ronde, se dressent obli-
quement en l’air sans atteindre la hauteur du bord.
Les vases sont souvent d’une telle grandeur qu’on
peut hésiter s’il faut les qualifier de grandes coupes
ou de petits cratères.
Cratères (nos 830—833) de forme analogue à celle
des coupes, mais plus grands et plus profonds. Quel-
quefois (n° 830) le pied devient aussi plus haut. Le
bord est soit mince comme celui des coupes (n° 830),
soit renforcé (nos 831—833); dans ce cas, il y a, au-
dessus des anses, un listel saillant qui fait le tour du
| vase.
Amphores (nos 834—838) à haut col cylindrique
et à deux anses verticales. La terre des fragments
de vases de cette forme est moins égale que celle des
coupes et des bassins; mais la qualité du vernis et
le système décoratif témoignent d’une parenté intime.
La forme des coupes et des cratères, qui dérive de
1 Au musée de Heidelberg, trouvé dans l’île de Rhodes;
H 0.39; les anses sont , analogues à celles du cratère rhodien BCH
1912, p. 499, fig. 5. L’ornément én question se trouve dans d’autres
styles géométriques, v. Thera, II, p. 30, fig. 81 = p. 186, fig. 379 b;
p. 35, fig. 107 — p. 186, fig. 379 a; Tiryns, I, p. 154, fig. 18 (Melos) ;
BCH 1911, p. 377, n° 46, fig. 38 (Delos) ; AM 1903, Beilage 29, J 10
(Thera); NS 1895, p. 189, fig. 90 (Syracuse, necropoli del Fusco),
etc.