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OBJETS DES PREMIÈRES ÉPOQUES ARCHAÏQUES
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prototypes mycéniens y a été souvent traitée1 2 3 4.
L’analogie ne porte pas seulement sur la forme, mais
s’étend aussi au système décoratif. Les exemples
réunis dans la série reproduite ci-dessous (fig. 28)
me semblent particulièrement instructifs pour l’étude
du commencement de l’évolution. On voit les systèmes
de cercles concentriques, tracés au compas, remplacer
les spirales mycéniennes: malgré ce changement, le
nombre, la disposition et la grandeur relative des
ornements restent les mêmes dans l’un et l’autre cas.
Quelquefois les systèmes de cercles concentriques
sont réunis par trois lignes ondulées (nos 831—833),
ornement qui garde le souvenir des spirales enchaî-
nées mycéniennes \ comme dans fig. 28 C les tangentes
rappellent les spirales continues. Le sujet qui occupe
le cercle intérieur sur n° 832 a été mentionné plus
haut. Un autre motif de remplissage (huit rayons)
apparaît sur le fragment de coupe n° 827. Au lieu
des cercles concentriques, on voit sur les fragments
nos 825—826 des triangles quadrillés, sujet extrême-
Fig. 28. Cratères submycéniens et protogéométriques. — A, d’après Furtwaengler-Loeschcke, Mykenische Vasen, pl. 28, n° 242 (My-
cènes). — B, op. cit., pl. 28, n° 241 (Mycènes). -— C, Tiryns, I, p. 154, fig. 17 (prov. inconnue). ■—· D, op. cit., p. 153, fig. 16 (prov. inconnue).
•—■ E, op. cit., pl. 16, n° 5 (Tiryns).
Quant à la forme, le haut pied conique succède, à
l’époque du style »protogéométrique«, à la simple
base annulaire des coupes mycéniennes 3.
Signalons encore, avec toutes les réserves que
comporte la difficile question chronologique, que
plusieurs des trouvailles qui contiennent des coupes
analogues à nos nos 821 sq., ont été datées du 10e
siècle par B. Schweitzer 4.
1 Voir p. e. Furtwaengler-Loeschcke, Myken. Vasen, pl. 44,
11° 76.
2 II suffit de renvoyer ici à l’étude approfondie de W. Muller
et Fr. Oelmann, Tiryns, I, p. 152 sq. On peut ajouter aux nombreux
exemples cités par ces savants: Assarlik, tombe D (JHSt. VIII,
p. 72, fig. 15); Vrokastro, chamber-tomb I (Vrokastro, p. 130—131,
fig. 78·—79) ; Mouliana, tombe A (Eph. 1904, p. 28, fig. 6) ; Thèbes,
tombe 27 (Delt. III, p. 203, fig. 148).
3 Un développement parallèle qui aboutit à produire de grands
cratères à riche décor géométrique (exemple non publié à Munich,
mentionné AA 1910, p. 55, n° 3), et dont les prototypes appar-
tiennent aux temps mycéniens et submycéniens, ne serait pas moins
intéressant à étudier. Mais vu que les vases de ce genre ne sont pas
représentés dans nos trouvailles, il faut laisser de côté cette recherche.
Je pense à l’introduction d’une sorte de »métope« au centre de la
frise ornementale. Cette métope tend à se développer d’une manière
de plus en plus riche, tout en délogeant les systèmes de cercles
concentriques qui finissent par occuper une place très modeste au-
dessous et auprès des anses. Je me borne à citer les exemples sui-
vants: Knossos, tombe 6 (Schweitzer, Untersuchungen zur Chrono-
logie der geometrischen Stile, I, 1917, p. 51); Tiryns, I, pl. 16, n° 9;
ib., p. 154, fig. 18; Thera, II, p. 186, fig. 379b; Delos: BCH 1911,
P- 355, fig· 5; ci- les observations de M. Schweitzer, AM 1918, p. 63,
note 1.
4 Tiryns, I, pl. 16, n° 5: v. Schweitzer, Untersuchungen zur
Chronologie der geometrischen Stile, I (1917), p. 70; Theotokou,
tombe B (BSA XIII, p. 324, etc.): op. c., p. 64; Assarlik (JHSt.
VIII, p. 72): op. c., p. 76; Prinia (AM 1897, p. 244, fig. 14): op. c.,
p. 70. — Les petites coupes toutes vernies de la même forme sont
ment commun depuis l’époque mycénienne jusqu’au
style géométrique avancé.
Les ornements dont nous venons de parler occu-
pent, sur les coupes et sur les cratères, la paroi entre,
les anses; il est rare que ce champ soit divisé en com-
partiments (nos 828—829), remplis de cercles con-
centriques ou de deux triangles quadrillés, affrontés
par le sommet (»ornement en sablier«).
Malgré l’analogie qui règne entre la décoration
des cratères nos 831—833 et celle de divers vases
protogéométriques, je crois pourtant que nos cratères
datent d’une époque plus récente. On ne trouve
guère dans la céramique vraiment »protogéométrique«
ni le bord renforcé, ni le listel saillant de nos vases;
je n’en connais que des exemples qu’il faut rapporter
à une époque postérieure 2.
La panse des amphores (n° 836) a été décorée de
systèmes de cercles concentriques et de raies horizon-
tales larges et étroites, ornement que nous retrou-
verons dans la classe B. L’épaule des mêmes vases
(nos 836—838) est occupé par des triangles quadrillés,
des cercles ou des arcs de cercle concentriques. Ce
dernier ornement, d’un usage courant dans les styles
»protogéométriques« 3, se retrouve aussi, bien que
rapportées par M. Schweitzer au 11e siècle: op. c., p. 65 (Skyros) ;
p. 49 (Mouliana), etc.
1 Cf. l’amphore AM 1897, p. 245, fig. 16, avec les observations
de Wide.
2 P. e. le cratère déjà cité de Munich, AA 1910, p. 55, n° 3;
plusieurs cratères de Marmariani en Thessalie, conservés au Musée
National d’Athènes (cf. Tiryns, I, p. 154. n° 5)·' le fragment publié
dans Die aniiken Vasen von der Akropolis, pl. 9, n° 273; etc.
3 Voir Jb 1900, p. 51, fig. 106 (Kerameikos) ; BSA XI, p. 79,
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prototypes mycéniens y a été souvent traitée1 2 3 4.
L’analogie ne porte pas seulement sur la forme, mais
s’étend aussi au système décoratif. Les exemples
réunis dans la série reproduite ci-dessous (fig. 28)
me semblent particulièrement instructifs pour l’étude
du commencement de l’évolution. On voit les systèmes
de cercles concentriques, tracés au compas, remplacer
les spirales mycéniennes: malgré ce changement, le
nombre, la disposition et la grandeur relative des
ornements restent les mêmes dans l’un et l’autre cas.
Quelquefois les systèmes de cercles concentriques
sont réunis par trois lignes ondulées (nos 831—833),
ornement qui garde le souvenir des spirales enchaî-
nées mycéniennes \ comme dans fig. 28 C les tangentes
rappellent les spirales continues. Le sujet qui occupe
le cercle intérieur sur n° 832 a été mentionné plus
haut. Un autre motif de remplissage (huit rayons)
apparaît sur le fragment de coupe n° 827. Au lieu
des cercles concentriques, on voit sur les fragments
nos 825—826 des triangles quadrillés, sujet extrême-
Fig. 28. Cratères submycéniens et protogéométriques. — A, d’après Furtwaengler-Loeschcke, Mykenische Vasen, pl. 28, n° 242 (My-
cènes). — B, op. cit., pl. 28, n° 241 (Mycènes). -— C, Tiryns, I, p. 154, fig. 17 (prov. inconnue). ■—· D, op. cit., p. 153, fig. 16 (prov. inconnue).
•—■ E, op. cit., pl. 16, n° 5 (Tiryns).
Quant à la forme, le haut pied conique succède, à
l’époque du style »protogéométrique«, à la simple
base annulaire des coupes mycéniennes 3.
Signalons encore, avec toutes les réserves que
comporte la difficile question chronologique, que
plusieurs des trouvailles qui contiennent des coupes
analogues à nos nos 821 sq., ont été datées du 10e
siècle par B. Schweitzer 4.
1 Voir p. e. Furtwaengler-Loeschcke, Myken. Vasen, pl. 44,
11° 76.
2 II suffit de renvoyer ici à l’étude approfondie de W. Muller
et Fr. Oelmann, Tiryns, I, p. 152 sq. On peut ajouter aux nombreux
exemples cités par ces savants: Assarlik, tombe D (JHSt. VIII,
p. 72, fig. 15); Vrokastro, chamber-tomb I (Vrokastro, p. 130—131,
fig. 78·—79) ; Mouliana, tombe A (Eph. 1904, p. 28, fig. 6) ; Thèbes,
tombe 27 (Delt. III, p. 203, fig. 148).
3 Un développement parallèle qui aboutit à produire de grands
cratères à riche décor géométrique (exemple non publié à Munich,
mentionné AA 1910, p. 55, n° 3), et dont les prototypes appar-
tiennent aux temps mycéniens et submycéniens, ne serait pas moins
intéressant à étudier. Mais vu que les vases de ce genre ne sont pas
représentés dans nos trouvailles, il faut laisser de côté cette recherche.
Je pense à l’introduction d’une sorte de »métope« au centre de la
frise ornementale. Cette métope tend à se développer d’une manière
de plus en plus riche, tout en délogeant les systèmes de cercles
concentriques qui finissent par occuper une place très modeste au-
dessous et auprès des anses. Je me borne à citer les exemples sui-
vants: Knossos, tombe 6 (Schweitzer, Untersuchungen zur Chrono-
logie der geometrischen Stile, I, 1917, p. 51); Tiryns, I, pl. 16, n° 9;
ib., p. 154, fig. 18; Thera, II, p. 186, fig. 379b; Delos: BCH 1911,
P- 355, fig· 5; ci- les observations de M. Schweitzer, AM 1918, p. 63,
note 1.
4 Tiryns, I, pl. 16, n° 5: v. Schweitzer, Untersuchungen zur
Chronologie der geometrischen Stile, I (1917), p. 70; Theotokou,
tombe B (BSA XIII, p. 324, etc.): op. c., p. 64; Assarlik (JHSt.
VIII, p. 72): op. c., p. 76; Prinia (AM 1897, p. 244, fig. 14): op. c.,
p. 70. — Les petites coupes toutes vernies de la même forme sont
ment commun depuis l’époque mycénienne jusqu’au
style géométrique avancé.
Les ornements dont nous venons de parler occu-
pent, sur les coupes et sur les cratères, la paroi entre,
les anses; il est rare que ce champ soit divisé en com-
partiments (nos 828—829), remplis de cercles con-
centriques ou de deux triangles quadrillés, affrontés
par le sommet (»ornement en sablier«).
Malgré l’analogie qui règne entre la décoration
des cratères nos 831—833 et celle de divers vases
protogéométriques, je crois pourtant que nos cratères
datent d’une époque plus récente. On ne trouve
guère dans la céramique vraiment »protogéométrique«
ni le bord renforcé, ni le listel saillant de nos vases;
je n’en connais que des exemples qu’il faut rapporter
à une époque postérieure 2.
La panse des amphores (n° 836) a été décorée de
systèmes de cercles concentriques et de raies horizon-
tales larges et étroites, ornement que nous retrou-
verons dans la classe B. L’épaule des mêmes vases
(nos 836—838) est occupé par des triangles quadrillés,
des cercles ou des arcs de cercle concentriques. Ce
dernier ornement, d’un usage courant dans les styles
»protogéométriques« 3, se retrouve aussi, bien que
rapportées par M. Schweitzer au 11e siècle: op. c., p. 65 (Skyros) ;
p. 49 (Mouliana), etc.
1 Cf. l’amphore AM 1897, p. 245, fig. 16, avec les observations
de Wide.
2 P. e. le cratère déjà cité de Munich, AA 1910, p. 55, n° 3;
plusieurs cratères de Marmariani en Thessalie, conservés au Musée
National d’Athènes (cf. Tiryns, I, p. 154. n° 5)·' le fragment publié
dans Die aniiken Vasen von der Akropolis, pl. 9, n° 273; etc.
3 Voir Jb 1900, p. 51, fig. 106 (Kerameikos) ; BSA XI, p. 79,