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FIGURINES
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1817. Fragment d’une statuette semblable, beau-
coup plus grande que les autres. Manquent la tête,
la partie libre des ailes, l’arrière-train, la plinthe avec
les ongles des pattes de devant. H 0.12. De faibles
traces de couleur rouge font voir que le plumage des
ailes a été rendu par la peinture. Le tablier paraît
avoir été décoré d’un dessin en »écailles«, peint en
rouge.
Accroupi; le visage tourné en avant; pas de couronne ni de
tablier.
*1818. Statuette incomplète, recomposée de deux
fragments. Manquent une partie du visage et la
plinthe avec le bas des pattes de devant. Une grande
perruque, dont le devant est couvert du klaft égyptien,
tombe sur les épaules. Les ailes sont droites. La
queue repliée en S pose sur le dos. — Dans un frag-
ment semblable, trouvé à Kamiros et conservé au
British Muséum, le »klaft « est orné de raies parallèles,
tour à tour rouges et noires.
Griffon.
*1819. Fragment d’un griffon, qui paraît avoir
été accroupi. Manquent l’arrière-train, les pattes
de devant, la pointe des ailes légèrement courbées en
avant, la partie inférieure du bec, les oreilles redres-
sées, la houppe et le bouton du front. H 0.063.
Les yeux sont saillants; la gueule ouverte est peinte
en rouge. La figurine paraît influencée du type grec
archaïque (v. Furtwaengler dans le dictionnaire
de Roscher, I, p. 1758), mais l’état fragmenté ne
permet pas un examen scrupuleux des détails.
Démons marins.
Le type le plus curieux des figures fantastiques
dont nous avons à nous occuper ici est celui qui
est issu de la combinaison du corps d’un poisson, ou
d’un céphalopode, avec les bras et la tête d’un homme
barbu. Les doigts de la main· gauche saisissent les
cordes d’une lyre, qui sont frappées avec le plektron
tenu dans la main droite. Nous ne connaissons pas
de représentation analogue parmi les statuettes en
pierre calcaire de provenance chypriote. Le sens
du sujet est pourtant très clair: c’est un vieux démon
marin. L’instrument de musique révèle la même idée
qui est exprimée dans le chant des sirènes: les marins
superstitieux de l’antiquité croyaient discerner dans
le bruissement des vagues et le sifflement du vent des
chants ou des airs de musique produits par des êtres
surnaturels. La lyre pourrait aussi se rapporter au
don prophétique, attribué un peu partout, par la
croyance populaire, aux démons marins. Il y a lieu
de rappeler ici le récit de l’Odyssée sur la capture de
Blinltenberg, Lindos, I.
Proteus, aventure qui eut lieu dans les parages que
traversaient les navires chypriotes.
Aussi, quoique inconnus, que je sache, dans la
statuaire chypriote T, nos démons marins ne sont-ils
pourtant pas un phénomène isolé. Sur la côte orien-
tale de la Méditerranée, à Gaza et à Askalon, les
Philistins vénéraient le dieu Dagon, à demi poisson,
à demi homme (v. Cumont, art. Dagon, dans P-W).
On voit son image aussi sur les monnaies d’Arados en
Phénicie (v. Babelon, Catalogue, Les Perses Aché-
ménides, nos 832 — 841, pl. 22, 1 — 6; Rouvier dans
Journal intern. d’archéologie numismatique III, 1900,
p. 135 — 136, pl. 6). Des idées apparentées étaient
répandues chez les Assyriens et chez d’autres peuples
de l’Asie antérieure; on trouvera diverses représen-
tations de ce dieu-poisson dans la Glyptique orientale
de M. J. Menant, II, p. 49 sq. (cf. Ohnefalsch-
Richter, Kypros, pl. 97). A l’ouest, les Grecs avaient
des démons marins appelés simplement ‘Άλιος γέρων
ou connus sous les noms de Triton, Proteus, Néreus,
etc. Furtwaengler a cité, à propos du poisson d’or
trouvé à Vettersfelde, les représentations archaïques
de ce genre qui montrent un corps de poisson sinueux
avec les bras et la tête d’un homme âgé (v. Furt-
waengler, Der Goldfund von Vettersfelde, p. 25 sq.
= Kleine Schriften, I, p. 490 sq. ; cf. Die Bronzefunde
aus Olympia, p. 95 sq. = Kleine Schriften, I, p. 413
sq.). Les hommes de mer chypriotes se trouvent
ainsi entourés de camarades de tous les côtés.
*1820 CA. Statuette incomplète. Manquent le
nez, le menton avec la pointe de la barbe, des portions
de la lyre et de la plinthe, la partie postérieure du
corps avec la queue. H 0.165. Plusieurs endroits
de la surface ont souffert par des balafres plus ou
moins profondes. Les cheveux de la nuque, dessinés
par des zigzags rapprochés, tombent en large masse
sur le dos; ceux du sommet de la tête sont divisés,
comme dans le n° 1661, en boucles rayonnant du
vertex et se terminant par devant en spirales, au-
dessous desquelles une raie rouge paraît représenter
une bandelette traversant le front. La barbe est
indiquée par des lignes parallèles incisées, et limitée
vers la joue par une nervure légèrement saillante;
pas de moustaches. Les lèvres sont peintes en rouge.
La poitrine du démon est couverte d’un chiton à
manches courtes, peint en rouge sauf une bordure
réservée autour des entournures des manches et sur les
épaules. Un pointillé rouge couvre le corps de poisson,
sur lequel se dessine en bas-relief une nageoire pec-
torale pointue de forme triangulaire. Des lignes
1 La figurine chypriote en calcaire, reproduite dans Ohne-
falsch-Richter, Kypros, fig. 209 = pl. 105, n° 8, ressemble
beaucoup à notre type, mais les jambes font voir qu’elle représente
un homme-oiseau.
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1817. Fragment d’une statuette semblable, beau-
coup plus grande que les autres. Manquent la tête,
la partie libre des ailes, l’arrière-train, la plinthe avec
les ongles des pattes de devant. H 0.12. De faibles
traces de couleur rouge font voir que le plumage des
ailes a été rendu par la peinture. Le tablier paraît
avoir été décoré d’un dessin en »écailles«, peint en
rouge.
Accroupi; le visage tourné en avant; pas de couronne ni de
tablier.
*1818. Statuette incomplète, recomposée de deux
fragments. Manquent une partie du visage et la
plinthe avec le bas des pattes de devant. Une grande
perruque, dont le devant est couvert du klaft égyptien,
tombe sur les épaules. Les ailes sont droites. La
queue repliée en S pose sur le dos. — Dans un frag-
ment semblable, trouvé à Kamiros et conservé au
British Muséum, le »klaft « est orné de raies parallèles,
tour à tour rouges et noires.
Griffon.
*1819. Fragment d’un griffon, qui paraît avoir
été accroupi. Manquent l’arrière-train, les pattes
de devant, la pointe des ailes légèrement courbées en
avant, la partie inférieure du bec, les oreilles redres-
sées, la houppe et le bouton du front. H 0.063.
Les yeux sont saillants; la gueule ouverte est peinte
en rouge. La figurine paraît influencée du type grec
archaïque (v. Furtwaengler dans le dictionnaire
de Roscher, I, p. 1758), mais l’état fragmenté ne
permet pas un examen scrupuleux des détails.
Démons marins.
Le type le plus curieux des figures fantastiques
dont nous avons à nous occuper ici est celui qui
est issu de la combinaison du corps d’un poisson, ou
d’un céphalopode, avec les bras et la tête d’un homme
barbu. Les doigts de la main· gauche saisissent les
cordes d’une lyre, qui sont frappées avec le plektron
tenu dans la main droite. Nous ne connaissons pas
de représentation analogue parmi les statuettes en
pierre calcaire de provenance chypriote. Le sens
du sujet est pourtant très clair: c’est un vieux démon
marin. L’instrument de musique révèle la même idée
qui est exprimée dans le chant des sirènes: les marins
superstitieux de l’antiquité croyaient discerner dans
le bruissement des vagues et le sifflement du vent des
chants ou des airs de musique produits par des êtres
surnaturels. La lyre pourrait aussi se rapporter au
don prophétique, attribué un peu partout, par la
croyance populaire, aux démons marins. Il y a lieu
de rappeler ici le récit de l’Odyssée sur la capture de
Blinltenberg, Lindos, I.
Proteus, aventure qui eut lieu dans les parages que
traversaient les navires chypriotes.
Aussi, quoique inconnus, que je sache, dans la
statuaire chypriote T, nos démons marins ne sont-ils
pourtant pas un phénomène isolé. Sur la côte orien-
tale de la Méditerranée, à Gaza et à Askalon, les
Philistins vénéraient le dieu Dagon, à demi poisson,
à demi homme (v. Cumont, art. Dagon, dans P-W).
On voit son image aussi sur les monnaies d’Arados en
Phénicie (v. Babelon, Catalogue, Les Perses Aché-
ménides, nos 832 — 841, pl. 22, 1 — 6; Rouvier dans
Journal intern. d’archéologie numismatique III, 1900,
p. 135 — 136, pl. 6). Des idées apparentées étaient
répandues chez les Assyriens et chez d’autres peuples
de l’Asie antérieure; on trouvera diverses représen-
tations de ce dieu-poisson dans la Glyptique orientale
de M. J. Menant, II, p. 49 sq. (cf. Ohnefalsch-
Richter, Kypros, pl. 97). A l’ouest, les Grecs avaient
des démons marins appelés simplement ‘Άλιος γέρων
ou connus sous les noms de Triton, Proteus, Néreus,
etc. Furtwaengler a cité, à propos du poisson d’or
trouvé à Vettersfelde, les représentations archaïques
de ce genre qui montrent un corps de poisson sinueux
avec les bras et la tête d’un homme âgé (v. Furt-
waengler, Der Goldfund von Vettersfelde, p. 25 sq.
= Kleine Schriften, I, p. 490 sq. ; cf. Die Bronzefunde
aus Olympia, p. 95 sq. = Kleine Schriften, I, p. 413
sq.). Les hommes de mer chypriotes se trouvent
ainsi entourés de camarades de tous les côtés.
*1820 CA. Statuette incomplète. Manquent le
nez, le menton avec la pointe de la barbe, des portions
de la lyre et de la plinthe, la partie postérieure du
corps avec la queue. H 0.165. Plusieurs endroits
de la surface ont souffert par des balafres plus ou
moins profondes. Les cheveux de la nuque, dessinés
par des zigzags rapprochés, tombent en large masse
sur le dos; ceux du sommet de la tête sont divisés,
comme dans le n° 1661, en boucles rayonnant du
vertex et se terminant par devant en spirales, au-
dessous desquelles une raie rouge paraît représenter
une bandelette traversant le front. La barbe est
indiquée par des lignes parallèles incisées, et limitée
vers la joue par une nervure légèrement saillante;
pas de moustaches. Les lèvres sont peintes en rouge.
La poitrine du démon est couverte d’un chiton à
manches courtes, peint en rouge sauf une bordure
réservée autour des entournures des manches et sur les
épaules. Un pointillé rouge couvre le corps de poisson,
sur lequel se dessine en bas-relief une nageoire pec-
torale pointue de forme triangulaire. Des lignes
1 La figurine chypriote en calcaire, reproduite dans Ohne-
falsch-Richter, Kypros, fig. 209 = pl. 105, n° 8, ressemble
beaucoup à notre type, mais les jambes font voir qu’elle représente
un homme-oiseau.
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