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FIGURINES EN TERRE CUITE
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aux «types gracieux», évidemment plus récents, je
renvoie aux remarques qui seront produites plus bas.
L'observation exposée ci-dessus expressément pour
les statuettes provenant de Syracuse, à savoir qu'elles
ont été fabriquées avec l'argile caractéristique des
ateliers ioniens, est valable aussi pour les figurines
mégaréennes que j’ai examinées. Ce fait n’est pas
dépourvu d’importance. On a pu croire que les types
seuls ont migré et que les spécimens mis au jour en
diverses régions lointaines étaient de facture locale
(Boehlau, Nekropolen, p. 155; Heuzey, Catalogue
(1923), p. 223, note). Mais le plus souvent la nature
de la terre fait voir qu’une telle supposition n’est pas
juste. Ce sont les statuettes toutes faites qui ont été
répandues par le commerce, comme c’était le cas
encore pour les vases, même pour les skyphoi minus-
cules qui paraissent dépourvus de toute finesse
artistique (nos 2594—2595), et qu’il semblerait chose
facile de contrefaire. Les statuettes trouvées en
Sicile sont issues des mêmes ateliers ioniens que celles
qu’on a découvertes en Grèce T. Je crois prématuré
d’essayer de définir précisément la localité de la
fabrication, comme a voulu le faire F. Winter (Jb
1899, p. 73 — 78; 1900, p. 82 — 92), qui rapporte les
figurines en question à l’île de Samos. La comparaison
avec la grande sculpture établie par Winter est d’une
valeur très limitée pour la solution du problème.
Avant d’entreprendre une définition locale exacte,
il faudrait connaître mieux qu’on ne le fait aujourd’hui
les trouvailles de Milète.
Pour la signification et le sens qu’on a attaché
aux statuettes féminines, je renvoie à l’introduction
p. 28 sq. et 34 sq. L’ancienne manière de voir, selon
laquelle la plupart représenteraient des divinités,
est maintenue p. e. dans les catalogues de Heuzey et
de Walters, et en partie (pour ce qui concerne les
statuettes assises) encore par Frickenhaus (Tiryns,
I, p. 57). A notre avis, les figurines ordinaires doivent
représenter des mortels. Il n’y a aucune raison
d’excepter de cette explication les statuettes de femmes
assises, dans lesquelles il faut plutôt voir la figuration
normale des mères de famille. C’est vrai qu’elles
n’apparaissaient pas ainsi au moment où elles
s’adressaient à la déesse. Mais une telle objection a
1 Dans la littérature archéologique, on voit quelquefois men- j
tionner des figurines de type ionien qui auraient été fabriquées
avec une espèce de terre différente de celle qu’employaient les j
ateliers ioniens. Il est vrai qu’on aurait pu transporter les moules
afin d’en faire emploi ailleurs (cf. Tiryns, I, p. 86). Mais je n’ai
jamais vu moi-même des figurines qu’il faudrait s'imaginer faites
de cette manière. Les imitations des types ioniens dont nous
avons constaté l’existence à Lindos (v. nos 2159 sq.) se distinguent
des originaux non seulement par la qualité de la terre, mais aussi
par le manque de finesse du modelage. Le problème mériterait
une étude plus approfondie que nous ne pouvons lui vouer ici.
peu de valeur, car on n’avait pas la coutume de donner
aux figurines votives l’attitude caractéristique de
l’adoration. Il suffisait évidemment de déposer
auprès de la déesse une image représentant la personne
qui voulait se placer sous la protection divine. Géné-
ralement, ni l’un ni l’autre genre des statuettes
féminines ne se signale par des attributs particuliers.
Ceux qu’il y en a se comprennent facilement par notre
manière de voir, tandis que certains d’entre eux
s’accorderaient mal avec l’explication des figurines
votives comme représentant la divinité du sanctuaire,
p. e. l’enfant ou les enfants (v. nos 2125, 2226 — 2229,
2242 — 2243,2256), le tambourin (nos22i5, 2220 — 2224,
2247—2248), etc.
Reste à mentionner les particularités techniques
des figurines ioniennes archaïques. Nous avons déjà
parlé de la qualité de la terre, presque toujours aisé-
ment reconnaissable à la quantité plus ou moins
considérable de mica qu’elle contient. Dans la cuisson
elle peut affecter des couleurs un peu différentes, le
plus souvent le brun, le rouge ou rouge orange. Les nu-
ances pâles (jaune, chamois) apparaissent très rare-
ment. Dans quelques cas exceptionnels, on observe
par endroits dans l’argile de la même figurine des
couleurs variées, suite d’une cuisson inégale. Mais
généralement la surface présente partout le même
aspect. D’autre part, l’argile reste souvent grise ou
noir gris à la cassure et à l’intérieur, surtout dans les
types les plus anciens.
Les statuettes ioniennes archaïques sont faites à
l’aide d’un double moule. Les exceptions à cette
règle sont très peu nombreuses (ci-après nos 2123,
2131 et 2151 h), et demandent probablement dans
chaque cas une explication particulière. Généralement
le revers est moins détaillé que la face antérieure.
Quelques rares figurines de dimensions très petites
sont solides (p. e. nos 2136 et 2151 f—g), toutes les
autres sont creuses. En réunissant le devant et le
revers, moulés séparément, l’ouvrier a parfois effacé
quelques-uns des détails exprimés dans les moules,
et très souvent la cassure des statuettes a suivi la
jonction des deux moitiés, moins solide que le reste,
de sorte qu’on n’a de conservé que la face antérieure
ou le revers (v. nos 2102, 2103, 2115 a, etc.).
Après le moulage, les statuettes ont souvent été
enduites d’une couverte crayeuse, blanche, et peintes,
surtout avec une couleur rouge. Cependant on trouve
aussi, surtout dans les figurines les plus anciennes,
la couleur appliquée directement sur la terre, sans
emploi d’une couverte spéciale.
Le dessous est presque toujours fermé avec une
plaque de terre unie, formant plinthe. Afin d’éviter
des crevasses pendant la cuisson, il était, par consé-
quent, nécessaire d’y pratiquer une ouverture, donnant
FIGURINES EN TERRE CUITE
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aux «types gracieux», évidemment plus récents, je
renvoie aux remarques qui seront produites plus bas.
L'observation exposée ci-dessus expressément pour
les statuettes provenant de Syracuse, à savoir qu'elles
ont été fabriquées avec l'argile caractéristique des
ateliers ioniens, est valable aussi pour les figurines
mégaréennes que j’ai examinées. Ce fait n’est pas
dépourvu d’importance. On a pu croire que les types
seuls ont migré et que les spécimens mis au jour en
diverses régions lointaines étaient de facture locale
(Boehlau, Nekropolen, p. 155; Heuzey, Catalogue
(1923), p. 223, note). Mais le plus souvent la nature
de la terre fait voir qu’une telle supposition n’est pas
juste. Ce sont les statuettes toutes faites qui ont été
répandues par le commerce, comme c’était le cas
encore pour les vases, même pour les skyphoi minus-
cules qui paraissent dépourvus de toute finesse
artistique (nos 2594—2595), et qu’il semblerait chose
facile de contrefaire. Les statuettes trouvées en
Sicile sont issues des mêmes ateliers ioniens que celles
qu’on a découvertes en Grèce T. Je crois prématuré
d’essayer de définir précisément la localité de la
fabrication, comme a voulu le faire F. Winter (Jb
1899, p. 73 — 78; 1900, p. 82 — 92), qui rapporte les
figurines en question à l’île de Samos. La comparaison
avec la grande sculpture établie par Winter est d’une
valeur très limitée pour la solution du problème.
Avant d’entreprendre une définition locale exacte,
il faudrait connaître mieux qu’on ne le fait aujourd’hui
les trouvailles de Milète.
Pour la signification et le sens qu’on a attaché
aux statuettes féminines, je renvoie à l’introduction
p. 28 sq. et 34 sq. L’ancienne manière de voir, selon
laquelle la plupart représenteraient des divinités,
est maintenue p. e. dans les catalogues de Heuzey et
de Walters, et en partie (pour ce qui concerne les
statuettes assises) encore par Frickenhaus (Tiryns,
I, p. 57). A notre avis, les figurines ordinaires doivent
représenter des mortels. Il n’y a aucune raison
d’excepter de cette explication les statuettes de femmes
assises, dans lesquelles il faut plutôt voir la figuration
normale des mères de famille. C’est vrai qu’elles
n’apparaissaient pas ainsi au moment où elles
s’adressaient à la déesse. Mais une telle objection a
1 Dans la littérature archéologique, on voit quelquefois men- j
tionner des figurines de type ionien qui auraient été fabriquées
avec une espèce de terre différente de celle qu’employaient les j
ateliers ioniens. Il est vrai qu’on aurait pu transporter les moules
afin d’en faire emploi ailleurs (cf. Tiryns, I, p. 86). Mais je n’ai
jamais vu moi-même des figurines qu’il faudrait s'imaginer faites
de cette manière. Les imitations des types ioniens dont nous
avons constaté l’existence à Lindos (v. nos 2159 sq.) se distinguent
des originaux non seulement par la qualité de la terre, mais aussi
par le manque de finesse du modelage. Le problème mériterait
une étude plus approfondie que nous ne pouvons lui vouer ici.
peu de valeur, car on n’avait pas la coutume de donner
aux figurines votives l’attitude caractéristique de
l’adoration. Il suffisait évidemment de déposer
auprès de la déesse une image représentant la personne
qui voulait se placer sous la protection divine. Géné-
ralement, ni l’un ni l’autre genre des statuettes
féminines ne se signale par des attributs particuliers.
Ceux qu’il y en a se comprennent facilement par notre
manière de voir, tandis que certains d’entre eux
s’accorderaient mal avec l’explication des figurines
votives comme représentant la divinité du sanctuaire,
p. e. l’enfant ou les enfants (v. nos 2125, 2226 — 2229,
2242 — 2243,2256), le tambourin (nos22i5, 2220 — 2224,
2247—2248), etc.
Reste à mentionner les particularités techniques
des figurines ioniennes archaïques. Nous avons déjà
parlé de la qualité de la terre, presque toujours aisé-
ment reconnaissable à la quantité plus ou moins
considérable de mica qu’elle contient. Dans la cuisson
elle peut affecter des couleurs un peu différentes, le
plus souvent le brun, le rouge ou rouge orange. Les nu-
ances pâles (jaune, chamois) apparaissent très rare-
ment. Dans quelques cas exceptionnels, on observe
par endroits dans l’argile de la même figurine des
couleurs variées, suite d’une cuisson inégale. Mais
généralement la surface présente partout le même
aspect. D’autre part, l’argile reste souvent grise ou
noir gris à la cassure et à l’intérieur, surtout dans les
types les plus anciens.
Les statuettes ioniennes archaïques sont faites à
l’aide d’un double moule. Les exceptions à cette
règle sont très peu nombreuses (ci-après nos 2123,
2131 et 2151 h), et demandent probablement dans
chaque cas une explication particulière. Généralement
le revers est moins détaillé que la face antérieure.
Quelques rares figurines de dimensions très petites
sont solides (p. e. nos 2136 et 2151 f—g), toutes les
autres sont creuses. En réunissant le devant et le
revers, moulés séparément, l’ouvrier a parfois effacé
quelques-uns des détails exprimés dans les moules,
et très souvent la cassure des statuettes a suivi la
jonction des deux moitiés, moins solide que le reste,
de sorte qu’on n’a de conservé que la face antérieure
ou le revers (v. nos 2102, 2103, 2115 a, etc.).
Après le moulage, les statuettes ont souvent été
enduites d’une couverte crayeuse, blanche, et peintes,
surtout avec une couleur rouge. Cependant on trouve
aussi, surtout dans les figurines les plus anciennes,
la couleur appliquée directement sur la terre, sans
emploi d’une couverte spéciale.
Le dessous est presque toujours fermé avec une
plaque de terre unie, formant plinthe. Afin d’éviter
des crevasses pendant la cuisson, il était, par consé-
quent, nécessaire d’y pratiquer une ouverture, donnant