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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1912

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Tourneux, Maurice: Lettre de Mme de Vandeul, née Diderot, sur le Salon de l'an X
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https://doi.org/10.11588/diglit.18478#0154

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138 —

entièrement découverte. Hippolyte est en face de lui, au
milieu du cabinet, au-dessous de la marche de l’estrade.
Sa tunique laisse voir le bas des cuisses et les jambes
entièrement ; une peau de lion est sans doute attachée sur
les épaules; on en voit une portion sous le bras gauche
qu’il tient levé pour attester son innocence; le bras droit
est levé et tient un arc. Un lien léger de cet arc tourne
derrière lui et est attaché au cou d’une jeune levrette
blanche qui regarde son maître avec intérêt. Un peu plus
loin, un lévrier café au lait, beaucoup plus gros et moins
jeune, dort tranquillement en rond, la tête sur ses pattes.
Derrière le siège de Phèdre et de Thésée, il reste encore
assez de place pour qu’Œnone ait pu s’y glisser. Un doigt
sur la bouche, elle fait signe à sa maîtresse de garder le
silence et, de l’autre main, elle lui presse légèrement le
coude pour se faire entendre encore mieux.

« La figure de Phèdre est belle de traits; mais ses yeux
sont creusés et éteints parles larmes; ils expriment pour-
tant encore la passion, la crainte et le remords. Son
visage, entièrement décoloré, porte l’empreinte terrible et
profonde de tous les sentiments auxquels son âme est en
proie. Elle n’ose regarder ni Thésée, ni Hippolyte. Ses
yeux se tournent un peu vers Œnone. En regardant ce
tableau, vous vous rappelez toute la tragédie de Racine
ou plutôt vous croyez la voir et l’entendre pour la pre-
mière fois. Je n’avais jamais éprouvé l’effet d’une pareille
magie.

« Thésée a une fort belle tête; ses cheveux ne sont pas
blancs; mais ils commencent à être gris. Ses épaules, son
poing, sa jambe, son pied, tout annonce la force du suc-
cesseur d’Alcide. On ne peut douter, en le voyant, de tous
les prodiges que lui prête la Fable. Ses regards furieux,
fixés sur son fils, ne lui permettent pas de s’apercevoir ni
de l’état de sa femme, ni du manège d’Œnone. Près de
lui, sur une table de marbre, sont posés son casque doré à
cimier rouge et la ceinture de son épée. Près de la table
est appuyé, contre le mur, son bouclier de bronze où
l'on pourrait distinguer aisément les travaux qui s’y
trouvent; mais rien n’excite, comme vous pouvez croire,
l’attention générale et surtout celle des femmes, comme
 
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