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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1912

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Tourneux, Maurice: Lettre de Mme de Vandeul, née Diderot, sur le Salon de l'an X
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https://doi.org/10.11588/diglit.18478#0155

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Hippolyte. Il est d’une beauté peut-être idéale. On ne
peut voir au moins des traits plus réguliers et plus inté-
ressants. Ses cheveux sont d’un brun foncé. Le respect
pour son père, l’horreur et le mépris pour Phèdre, la
juste colère du crime dont on l’accuse, tout cela se lit sur
son visage où règne l’austérité sans rudesse. Le peintre a
singulièrement bien exprimé la différence des chairs et
des muscles, suivant la diversité des âges. Qui ne verrait
même que les jambes reconnaîtrait sans peine celles du
digne compagnon d’Hercule et celles du jeune homme qui
ne peut manquer d’atteindre un jour à la même force.

« Œnone est vêtue en esclave grecque, âgée comme la
nourrice de Phèdre doit l’être, bise, ridée et maigre
comme la calomnie. Une pareille femme ne peut être
écoutée que de la malheureuse victime des vengeances
d’une déesse irritée et qu’un désir funeste a seul rendue
coupable.

« Toutes les draperies sont belles, nobles, bien molles,
du meilleur goût et de la plus grande vérité. Les carreaux
de larges mosaïques rendraient ce lieu froid à l’œil si la
scène qui s’y passe vous agitait moins. Il y a beaucoup
d’espace. Ces quatre personnages de grandeur naturelle
ne s’y trouvent point pressés; votre vue erre et tourne
autour d’eux sans être embarrassée d’aucun obstacle.
Pour qui a conçu, exécuté ce sublime ensemble, ce n’est
pas miracle d’avoir fait encore deux chiens parfaitement
beaux et parfaitement vrais.

« Je désire, mon ami, que vous puissiez comprendre ce
que je viens de griffonner. Je crois vous avoir dit ce que
je vois encore d’ici. Mais peint-on par quelques lignes
l’expression la plus vivante des passions, la richesse et la
vérité du dessin, l’effet et l’enchantement du coloris?

« Des critiques, toujours plus occupés à chercher un
défaut qu’à rendre justice aux beautés même les plus
frappantes, ont dit que Phèdre était trop pâle, trop mou-
rante, qu’elle était déjà morte. Mais, pour être complète-
ment charmé de ce tableau, peut-être faut-il avoir dans
le cœur et dans la mémoire tous les vers du poète qui a
traité si divinement le même objet. Alors, comment trou-
ver étrange que celle dont le corps depuis trois jours lan-
 
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