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Il apparut même de leurs dépositions que Denon
tenait des propos antirévolutionnaires, qu’il gémis-
sait de l’irréligion grandissant en France, qu’il souf-
frait de voir ses amis de Bourgogne divisés en deux
camps et estimait qu’il ne pourrait plus les voir aussi
librement qu’au temps jadis; que le seul étranger de
marque qu’il eût reçu était la duchesse de Polignac.
Sentiments et relations très propres à apaiser toute
suspicion de la Sérénissime. Et ces témoignages
d’élèves en faveur de leur maître, qui pouvaient
paraître partiaux, étaient confirmés par la riferta
d’un confidente de l’Inquisition : le policier Benincasa,
spécialement chargé de surveiller le dilettante fran-
çais. Ces renseignements favorables assurèrent encore
à Vivant Denon près de deux ans de paix.
Peu après, son innocence parfaite, au point de vue
vénitien, fut encore attestée par l’ambassadeur d’Es-
pagne. Flabilement interrogé par un adroit espion,
l’abbé Cataneo, ce diplomate assura que V. Denon
était un parfait galant homme, qu’il méritait tutta la
condiscenden\a de la seigneurie, essendo un disgra-
fiato, non un cattivo; que, pour conspirer, il avait
trop grand intérêt à se faire oublier à Venise, où il
vivait de ses maigres rentes (fort amoindries par la
Révolution) et du produit de ses dessins et eaux-
fortes) ; que la politique seule et la crainte d’être
inquiété en France l’avaient rapproché du nouveau
ministre de France, le citoyen Hennin :
Che perciô fù costretto farsi amico il ministro di Fran-
cia, onde non lo ponesse in mala vista corne emigrato ; il
quale ministro, essendo mal veduto dal corpo diploma-
tico, non avendo altri luoghi do passar il tempo a conver-
sare, si porta spesso, imitamente a Giacob, a visitarlo
con danno del di lui travaglio ma nel Denon con una
necessità de soffrirli per le sudette ragioni (Cataneo, 7 jan-
vier 1782)''.
1. Ce pourquoi il dut se lier avec le ministre de France pour
Il apparut même de leurs dépositions que Denon
tenait des propos antirévolutionnaires, qu’il gémis-
sait de l’irréligion grandissant en France, qu’il souf-
frait de voir ses amis de Bourgogne divisés en deux
camps et estimait qu’il ne pourrait plus les voir aussi
librement qu’au temps jadis; que le seul étranger de
marque qu’il eût reçu était la duchesse de Polignac.
Sentiments et relations très propres à apaiser toute
suspicion de la Sérénissime. Et ces témoignages
d’élèves en faveur de leur maître, qui pouvaient
paraître partiaux, étaient confirmés par la riferta
d’un confidente de l’Inquisition : le policier Benincasa,
spécialement chargé de surveiller le dilettante fran-
çais. Ces renseignements favorables assurèrent encore
à Vivant Denon près de deux ans de paix.
Peu après, son innocence parfaite, au point de vue
vénitien, fut encore attestée par l’ambassadeur d’Es-
pagne. Flabilement interrogé par un adroit espion,
l’abbé Cataneo, ce diplomate assura que V. Denon
était un parfait galant homme, qu’il méritait tutta la
condiscenden\a de la seigneurie, essendo un disgra-
fiato, non un cattivo; que, pour conspirer, il avait
trop grand intérêt à se faire oublier à Venise, où il
vivait de ses maigres rentes (fort amoindries par la
Révolution) et du produit de ses dessins et eaux-
fortes) ; que la politique seule et la crainte d’être
inquiété en France l’avaient rapproché du nouveau
ministre de France, le citoyen Hennin :
Che perciô fù costretto farsi amico il ministro di Fran-
cia, onde non lo ponesse in mala vista corne emigrato ; il
quale ministro, essendo mal veduto dal corpo diploma-
tico, non avendo altri luoghi do passar il tempo a conver-
sare, si porta spesso, imitamente a Giacob, a visitarlo
con danno del di lui travaglio ma nel Denon con una
necessità de soffrirli per le sudette ragioni (Cataneo, 7 jan-
vier 1782)''.
1. Ce pourquoi il dut se lier avec le ministre de France pour