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La chronique des arts et de la curiosité — 1901

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Nr. 1 (5 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19756#0011
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N° 1. — 1901

BUREAUX : 8, RUE FAVART

5 Jaftvier.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

P ABAISSANT LE SAMEDI MATIN

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lu Chronique des Arts et de la Curiosité.

ï.jRIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. | Six mois . ......8 ff,

PROPOS DU JOUR

fous faudra-t-il sans cesse, dans
ces Propos' du jour, avoir à dé-
plorer les entreprises tentées
contre nos vieux monuments
par ceux-là qui sembleraient en devoir être,
au contraire, les gardiens et les protec-
teurs? Cette fois, ce n'est plus de municipa-
lités ignorantes, d'architectes en proie à la
manie de la « restauration » qu'il s'agit :
l'Etat lui-même vient demander au Parle-
ment la destruction d'un des plus beaux
édifices que le dix-huitième siècle ait vu
s'élever à Paris : l'hôtel de Rohan, que
l'Imprimerie Nationale, fort mal installée là,
va évacuer prochainement. Sans s'inquiéter
de la valeur historique et artistique du mo-
nument ni de son utilisation possible, uni-
quement pour des raisons financières, afin
de couvrir en partie les dépenses nécessi-
tées par la construction à Grenelle d'un
nouveau local pour les presses officielles,
los'ministres de la Justice et des Finances
proposent tout simplement à la Chambre de
vendre l'hôtel de la rue Vieillo-du-Tcmple et
les oeuvres d'art qu'il abrite.

Or, tout l'édifice, quoique défiguré en ce
moment par des constructions parasites,
d'ailleurs faciles à faire disparaître, cons-
titue, avec les œuvres dont il s'agit—et dont
quelques-unes, le bas-relief des Chevaux
du Soleil, de Robert Le Lorrain, le salon
des Singes, décoré par Huet, la pendule ré-
cemment admirée au Petit Palais, sont de
pures merveilles dont la vente par l'Etat
propriétaire serait une monstruosité et une
honte — un des plus admirables ensembles

d'art décoratif qui existent à Paris, autrement
vivant et suggestif que les intérieurs facti-
ces, et cependant si intéressants, qu'on est
en train de créer à grand frais au musée du
Louvre. Et c'est de gaieté de cœur qu'on se
dispose à l'anéantir, que l'Etat envisage la
dispersion — et la perte probable pour la
France — de ces vestiges charmants de no-
tre dix-huitième siècle !

Il y aurait cependant un moyen bien sim-
ple de tout concilier, de servir à la fois la
cause de l'art et les intérêts de l'État : c'est
celui qu'un de nos plus distingués confrè-
res, M. André Hallays, a proposé récem-
ment dans un article des Débals, cité par
nous, et dont nous recommandons la lecture
aux membres du Parlement. Si l'on songe
que les Archives Nationales se trouvent déjà
à l'étroit dans l'hôtel Soubise, tout proche ;
que, dans quelques années, des crédits se-
ront demandés au Parlement pour leur per-
mettre de s'agrandir; qu'autrefois les deux
hôtels de Rohan et de Soubise n'étaient sé-
parés que par un grand jardin; que rien ne
serait plus facile que de rétablir ce plan pri-
mitif, et qu'ainsi, en aérant et embellissant
ce coin de Paris, on rendrait du même coup
à la vieille demeure une destination mieux
appropriée à son histoire et à son dé^or, il
semble que personne ne doive hésiter à ac-
cepter une solution si logique et si satisfai-
sante pour tous.

Nous espérons que les commissions des
Amis des Monuments et du Vieux Paris, et
tous nos confrères de la presse qui ont quel-
que souci des monuments artistiques du
passé, aideront à la faire triompher.
 
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