N° 16. — 1901
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Arr.)
20 Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
ixs abonnés à une année, entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curioské.
i.^RIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. I Six mois .„...;., 8 fr
PROPOS DU JOUR
)ne réforme s'étudie en ce moment
à l'École des Beaux-Arts, qui est
digne d'attention comme d'en-
couragements. Selon-un antique
usage, les concours pour le prix de Rome
étaient, jusqu'ici, appréciés par un jury où
figuraient les professeurs même des concur-
rents. C'était, pour les uns et pour les autres,
une situation singulièrement délicate, où il
n'était pas toujours facile de se mouvoir
avec un égal bonheur. Les maîtres éprou-
vaient quelque embarras à oublier que le
candidat d'aujourd'hui était leur disciple de
la veille, et les plus scrupuleux même sen-
taient en leur conscience d'étranges débats
entre leur âme de juge et leur âme de pro-
fesseur.
S'il en faut croire la tradition, le juge
n'avait pas toujours gain de cause et, pour
ne parler que du rjassé, acquis déjà à l'his-
toire, il se rencontra des maîtres intransi-
geants et terribles qui finirent par ne rien
admettre en dehors de ce qu'ils savaient et
de ce qu'ils enseignaient. Ils étaient, sans
doute, d'une parfaite bonne foi, ce qui les
explique sans les excuser. Leur intolérance
triomphait le plus souvent, parce qu'elle
trouvait une alliée aussi inattendue que
puissante dans la tolérance de leurs collè-
gues. Les uns, d'une indifférence sincère,
préféraient aux convictions qu'ils auraient
pu se faire celles qu'ils voyaient solidement
établies dans l'esprit de leur voisin. Les
autres, indulgents et sceptiques, ne pen-
saient pas davantage offenser Rome en lui
envoyant un élève sorti d'un autre atelier
que le ieur. Ët c'est ainsi que les jurys
curent des étroitesses de cénacle.
Il faut savoir bon gré à ceux qui projet-
tent d'exclure des jurys de concours les
professeurs des concurrents. Ils aideront
par là les maîtres à se libérer de cas de
conscience difficiles et troublants. Ils ren-
dront grand service au jury en lui resti-
tuant, avec sa force et son impartialité
première, cette autorité et cette indépen-
dance qui jugent d'un ouvrage sans con-
naître l'ouvrier.
NOUVELLES
Par décret en date du 2 avril 1901, rendu
sur le rapport du ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, M. l'abbé Duchesne,
membre de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, directeur de l'École française
de Rome, est maintenu dans ses fonctions
pour une nouvelle période de six années.
L'ouverture du Salon de la Société Na-
tionale des Beaux-Arts aura lieu lundi pro-
chain 22, et le vernissage le dimanche 21.
Le buste en marbre du duc d'Aumale,
par M. Paul Dubois, vient d'être placé dans
la salle des séances publiques de l'Institut,
accompagné d'une plaque de marbre relatant
les titres du généreux donateur de Chantilly.
M» Falguière, la veuve du grand
sculpteur dont on a célébré le bout de l'an
hier, va ouvrir dans l'un de ses ateliers de
la rue d'Assas attenant à .'-on hôtel, un musée
composé des premières maquettes des œuvres
les plus remarquables du maître ; de quel-
ques-unes de ces œuvres, soit à l'état de mo-
dèle définitif, soit même exécutées en mar-
bre et taillées par Falguière lui-môme; de
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Arr.)
20 Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Un an.........12 fr. I Six mois .„...;., 8 fr
PROPOS DU JOUR
)ne réforme s'étudie en ce moment
à l'École des Beaux-Arts, qui est
digne d'attention comme d'en-
couragements. Selon-un antique
usage, les concours pour le prix de Rome
étaient, jusqu'ici, appréciés par un jury où
figuraient les professeurs même des concur-
rents. C'était, pour les uns et pour les autres,
une situation singulièrement délicate, où il
n'était pas toujours facile de se mouvoir
avec un égal bonheur. Les maîtres éprou-
vaient quelque embarras à oublier que le
candidat d'aujourd'hui était leur disciple de
la veille, et les plus scrupuleux même sen-
taient en leur conscience d'étranges débats
entre leur âme de juge et leur âme de pro-
fesseur.
S'il en faut croire la tradition, le juge
n'avait pas toujours gain de cause et, pour
ne parler que du rjassé, acquis déjà à l'his-
toire, il se rencontra des maîtres intransi-
geants et terribles qui finirent par ne rien
admettre en dehors de ce qu'ils savaient et
de ce qu'ils enseignaient. Ils étaient, sans
doute, d'une parfaite bonne foi, ce qui les
explique sans les excuser. Leur intolérance
triomphait le plus souvent, parce qu'elle
trouvait une alliée aussi inattendue que
puissante dans la tolérance de leurs collè-
gues. Les uns, d'une indifférence sincère,
préféraient aux convictions qu'ils auraient
pu se faire celles qu'ils voyaient solidement
établies dans l'esprit de leur voisin. Les
autres, indulgents et sceptiques, ne pen-
saient pas davantage offenser Rome en lui
envoyant un élève sorti d'un autre atelier
que le ieur. Ët c'est ainsi que les jurys
curent des étroitesses de cénacle.
Il faut savoir bon gré à ceux qui projet-
tent d'exclure des jurys de concours les
professeurs des concurrents. Ils aideront
par là les maîtres à se libérer de cas de
conscience difficiles et troublants. Ils ren-
dront grand service au jury en lui resti-
tuant, avec sa force et son impartialité
première, cette autorité et cette indépen-
dance qui jugent d'un ouvrage sans con-
naître l'ouvrier.
NOUVELLES
Par décret en date du 2 avril 1901, rendu
sur le rapport du ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, M. l'abbé Duchesne,
membre de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, directeur de l'École française
de Rome, est maintenu dans ses fonctions
pour une nouvelle période de six années.
L'ouverture du Salon de la Société Na-
tionale des Beaux-Arts aura lieu lundi pro-
chain 22, et le vernissage le dimanche 21.
Le buste en marbre du duc d'Aumale,
par M. Paul Dubois, vient d'être placé dans
la salle des séances publiques de l'Institut,
accompagné d'une plaque de marbre relatant
les titres du généreux donateur de Chantilly.
M» Falguière, la veuve du grand
sculpteur dont on a célébré le bout de l'an
hier, va ouvrir dans l'un de ses ateliers de
la rue d'Assas attenant à .'-on hôtel, un musée
composé des premières maquettes des œuvres
les plus remarquables du maître ; de quel-
ques-unes de ces œuvres, soit à l'état de mo-
dèle définitif, soit même exécutées en mar-
bre et taillées par Falguière lui-môme; de