N° 22. - 1901
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
1" Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
» PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
ixs abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
i.^RIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois.......-, 8 ît,
Avis à MM. les Abonnés
 partir d'aujourd'hui, la CHROiVIQlIE ne
paraîtra pius que tous les quinze jours,
suivant l'usage adopté pendant la saison
d'été.
Le prochain numéro portera la date du
la juin.
PROPOS DU JOUR
1 les récentes expositions qui s'ou-
vrirent en l'honneur de glorieux
méconnus attestent la diligence
des amateurs, elles dénoncent
aussi ce que leur zèle eut d'excessif. On ne
peut se défendre d'un regret à voir paraître,
à côté des œuvres maîtresses, un si grand
nombre d'esquisses incomplètes et de projets
à peine indiqués. Sans doute une recherche
aussi minutieuse des plus humbles travaux
des maîtres s'inspire des i>his louables
intentions, et l'on se ferait scrupule de no la
point regarder comme le témoignage d'un
culte désintéressé. Mais elle a aussi ses
travers, dont le moindre n'est pas de mal
servir ceux qu'elle prétend célébrer.
L'intérêt qui s'attache aux esquisses ne
saurait être discuté : elles révèlent le travail
de la pensée et les procédés de l'exécution ;
elles initient aux méthodes, dont l'ouvrage
ne laisse connaître que l'accomplissement.
Mais, s'il en est qui valent par elles-mêmes,
combien d'autres ne sont que des essais
qu'il faut avoir le courage de déclarer sans
beauté? Telles esquisses de Delacroix sont
à elles seules des œuvres; telles autres
ne sont, au contraire, que des documents
précieux pour le biographe attentif à tous
les gestes de son héros et que l'historien ne
retient pas.
Il y a, d'ailleurs, quelque indiscrétion il
livrer au public, qiii peut-être n'est pas
averti, l'étude que l'artiste volontairement
laissa inachevée, ou jugea mal Venue. C'est
proposer à son admiration ou à sa critique
ce que le libre choix de l'auteur M avait
ôté; c'est donner comme le résultat de son
effort et la création de sa pensée ce que
lui-même s'était refusé à reconnaître pour
tel. Un culte mal entendu, et non dépourvu
de fétichisme, nous invite à nous pencher
vers les moindres détails du labeur des
maîtres : les expositions seraient plus claires
et plus significatives si on les allégeait de
morceaux sans valeur qui font nombre,
mais qui n'ajoutent rien.
NOUVELLES
Pour satisfaire aux légitimes réclama-
tions des amateurs dépossédés de la vue des
dessins de maîtres naguère encore exposés
dans les cinq salles aujourd'hui occupées par
le musée du. Mobilier français, l'administra-
tion des Musées nationaux va faire com-
mencer dans quelques jours, au premier
étage de l'aile Nord de la cour carrée du
Louvre, des travaux d'aménagement de neuf
salles consacrées aux dessins.
Tant que dureront ces travaux, que l'archi-
tecte du musée, M. Redon, va pousser avec
activité, le public aura accès, comme toujours,
à la salle des Boîtes, où, comme on sait, sont
exposés des dessins de Léonard de Vinci, de
Michel-Ange, de Verrocchio, de Fra Barto-
lommeo, du Pérugin, de Holbein, du Poussin
et dix-sept des plus importants et des plus
admirables dessins de Raphaël.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
1" Juin.
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d'été.
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la juin.
PROPOS DU JOUR
1 les récentes expositions qui s'ou-
vrirent en l'honneur de glorieux
méconnus attestent la diligence
des amateurs, elles dénoncent
aussi ce que leur zèle eut d'excessif. On ne
peut se défendre d'un regret à voir paraître,
à côté des œuvres maîtresses, un si grand
nombre d'esquisses incomplètes et de projets
à peine indiqués. Sans doute une recherche
aussi minutieuse des plus humbles travaux
des maîtres s'inspire des i>his louables
intentions, et l'on se ferait scrupule de no la
point regarder comme le témoignage d'un
culte désintéressé. Mais elle a aussi ses
travers, dont le moindre n'est pas de mal
servir ceux qu'elle prétend célébrer.
L'intérêt qui s'attache aux esquisses ne
saurait être discuté : elles révèlent le travail
de la pensée et les procédés de l'exécution ;
elles initient aux méthodes, dont l'ouvrage
ne laisse connaître que l'accomplissement.
Mais, s'il en est qui valent par elles-mêmes,
combien d'autres ne sont que des essais
qu'il faut avoir le courage de déclarer sans
beauté? Telles esquisses de Delacroix sont
à elles seules des œuvres; telles autres
ne sont, au contraire, que des documents
précieux pour le biographe attentif à tous
les gestes de son héros et que l'historien ne
retient pas.
Il y a, d'ailleurs, quelque indiscrétion il
livrer au public, qiii peut-être n'est pas
averti, l'étude que l'artiste volontairement
laissa inachevée, ou jugea mal Venue. C'est
proposer à son admiration ou à sa critique
ce que le libre choix de l'auteur M avait
ôté; c'est donner comme le résultat de son
effort et la création de sa pensée ce que
lui-même s'était refusé à reconnaître pour
tel. Un culte mal entendu, et non dépourvu
de fétichisme, nous invite à nous pencher
vers les moindres détails du labeur des
maîtres : les expositions seraient plus claires
et plus significatives si on les allégeait de
morceaux sans valeur qui font nombre,
mais qui n'ajoutent rien.
NOUVELLES
Pour satisfaire aux légitimes réclama-
tions des amateurs dépossédés de la vue des
dessins de maîtres naguère encore exposés
dans les cinq salles aujourd'hui occupées par
le musée du. Mobilier français, l'administra-
tion des Musées nationaux va faire com-
mencer dans quelques jours, au premier
étage de l'aile Nord de la cour carrée du
Louvre, des travaux d'aménagement de neuf
salles consacrées aux dessins.
Tant que dureront ces travaux, que l'archi-
tecte du musée, M. Redon, va pousser avec
activité, le public aura accès, comme toujours,
à la salle des Boîtes, où, comme on sait, sont
exposés des dessins de Léonard de Vinci, de
Michel-Ange, de Verrocchio, de Fra Barto-
lommeo, du Pérugin, de Holbein, du Poussin
et dix-sept des plus importants et des plus
admirables dessins de Raphaël.