N° 33.- 1901 BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.) 2 Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT Lte SAMEDI MATIN
/.es abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuiUmeM
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
ï.iRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois . „......8 fr,
PROPOS DU JOUR
1 accoutumé qu'on soit aux mé-
faits du vandalisme contempo-
rain, il faut reconnaître que le
dernier exploit de l'architecte de
Versailles passe l'imagination. Nous avons
jadis raconté Comment on restaure Ver-
sailles (1). Aujourd'hui, c'est M. André Hal-
lays qui a fait une découverte non moins
troublante que celle de M. Hovelaque et qui
la signale dans le Journal des Débats. Parmi
les statues anciennes qui décoraient la fa-
çade Mignard à la hauteur de l'attique,
beaucoup ont été remplacées par de ba-
nales copies modernes. Mais sait-on ce que
sont devenus les originaux ? Ils ont été
sciés en trois morceaux avant d'être enle-
vés de leurs piédestaux. L'atelier des sculp-
teurs, près des Réservoirs, est aujourd'hui
encombré de débris épars qui furent les
statues de Tuby et de Marsy. A un pro-
cédé d'une pareille barbarie, il n'est sans
doute aucune excuse. Il appartient, du
moins, aux responsables de donner sans
retard l'explication à laquelle le public a
droit.
Vandalisme d'un autre genre : la fabrique
de la cathédrale de ïroyes, ayant besoin
d'une cinquantaine de mille francs pour
la construction d'un calorifère, a mis aux
enchères avec l'agrément du chapitre, le
21 octobre dernier, une admirable grille
(1) Voir Chronique des Arts des 11, 18 et 25
décembre 1897.
en fer forgé du xvmc siècle, provenant de
l'ancienne église abbatiale de Clairvaux et
placée ii l'entrée du chœur de la cathédrale
jusqu'au jour où un architecte quelconque,
éprouvant le besoin d'unifier le caractère de
toutes les parties de l'édifice, préféra une
clôture de faux style Moyen âge à un chef-
d'œuvre authentique. Ce magnifique ou-
vrage de ferronnerie a été adjugé à un riche
Américain pour la somme de 14.200 francs;
la Ville de Troyes — qui, en cette occasion,
a fait ce qu'elle a pu et avec laquelle on
aurait dit s'entendre à l'amiable — avait
poussé les enchères jusqu'à 14.000 fr.
Ce nouveau méfait, après tant d'autres,
de l'inintelligence en matière artistique et de
l'esprit de lucre sera jugé comme il con-
vient par tous ceux qui ont le souci de la
conservation de nos trésors d'art national.
Et, puisque les fabriques et les municipa-
lités ne peuvent comprendre qu'elles n'ont
pas le droit de disposer de ces richesses se-
lon leurs caprices et d'en priver la France,
nous réclamons, une fois de plus, une loi
énergique, comme il en existe en d'autres
pays, pour réprimer ces absurdes fantaisies.
NOUVELLES
Le dimanche 27 octobre a été inauguré
à Chartres un monument à la mémoire des
Enfants d'Eure-et-Loir morts pour la patrie,
œuvre des sculpteurs Allouard (pour le groupe
principal), Loiseau, Bailly, Bovery et Cirasse,
et des architectes Nénot et Mouton.
Une dame P. Martin, décédée il y a
un mois à Neuilly, a légué au musée du
Louvre, pour la Galerie d'Apollon, une boîte à
bijoux en ivoire ancien serti d'orfèvrerie.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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la Chronique des Arts et de la Curiosité.
ï.iRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois . „......8 fr,
PROPOS DU JOUR
1 accoutumé qu'on soit aux mé-
faits du vandalisme contempo-
rain, il faut reconnaître que le
dernier exploit de l'architecte de
Versailles passe l'imagination. Nous avons
jadis raconté Comment on restaure Ver-
sailles (1). Aujourd'hui, c'est M. André Hal-
lays qui a fait une découverte non moins
troublante que celle de M. Hovelaque et qui
la signale dans le Journal des Débats. Parmi
les statues anciennes qui décoraient la fa-
çade Mignard à la hauteur de l'attique,
beaucoup ont été remplacées par de ba-
nales copies modernes. Mais sait-on ce que
sont devenus les originaux ? Ils ont été
sciés en trois morceaux avant d'être enle-
vés de leurs piédestaux. L'atelier des sculp-
teurs, près des Réservoirs, est aujourd'hui
encombré de débris épars qui furent les
statues de Tuby et de Marsy. A un pro-
cédé d'une pareille barbarie, il n'est sans
doute aucune excuse. Il appartient, du
moins, aux responsables de donner sans
retard l'explication à laquelle le public a
droit.
Vandalisme d'un autre genre : la fabrique
de la cathédrale de ïroyes, ayant besoin
d'une cinquantaine de mille francs pour
la construction d'un calorifère, a mis aux
enchères avec l'agrément du chapitre, le
21 octobre dernier, une admirable grille
(1) Voir Chronique des Arts des 11, 18 et 25
décembre 1897.
en fer forgé du xvmc siècle, provenant de
l'ancienne église abbatiale de Clairvaux et
placée ii l'entrée du chœur de la cathédrale
jusqu'au jour où un architecte quelconque,
éprouvant le besoin d'unifier le caractère de
toutes les parties de l'édifice, préféra une
clôture de faux style Moyen âge à un chef-
d'œuvre authentique. Ce magnifique ou-
vrage de ferronnerie a été adjugé à un riche
Américain pour la somme de 14.200 francs;
la Ville de Troyes — qui, en cette occasion,
a fait ce qu'elle a pu et avec laquelle on
aurait dit s'entendre à l'amiable — avait
poussé les enchères jusqu'à 14.000 fr.
Ce nouveau méfait, après tant d'autres,
de l'inintelligence en matière artistique et de
l'esprit de lucre sera jugé comme il con-
vient par tous ceux qui ont le souci de la
conservation de nos trésors d'art national.
Et, puisque les fabriques et les municipa-
lités ne peuvent comprendre qu'elles n'ont
pas le droit de disposer de ces richesses se-
lon leurs caprices et d'en priver la France,
nous réclamons, une fois de plus, une loi
énergique, comme il en existe en d'autres
pays, pour réprimer ces absurdes fantaisies.
NOUVELLES
Le dimanche 27 octobre a été inauguré
à Chartres un monument à la mémoire des
Enfants d'Eure-et-Loir morts pour la patrie,
œuvre des sculpteurs Allouard (pour le groupe
principal), Loiseau, Bailly, Bovery et Cirasse,
et des architectes Nénot et Mouton.
Une dame P. Martin, décédée il y a
un mois à Neuilly, a légué au musée du
Louvre, pour la Galerie d'Apollon, une boîte à
bijoux en ivoire ancien serti d'orfèvrerie.