N* 23. -^1901 BORÉAUX : 8, RÛÈ FAVART (2e Arf.)
15 Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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la Chronique des Arts et de la Curiosité.
ï.lRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois ........8 fr,
PROPOS DU JOUR
1 des censeurs chagrins se plai-
saient à mettre en doute les heu-
reux effets qui accompagnent les
Expositions Universelles, ils n'hé-
siteraient pas cependant à reconnaître
qu'elles offrent une occasion précieuse de
mieux voir, de mieux comprendre et de
mieux estimer ce que chacune des généra-
tions précédentes nous a légué. C'est une
pareille loi, du moins, qui semble à souhait
se vérifier dans le domaine des Beaux-Arts.
Déjà l'exposition des salles du mobilier,
récemment ouverte au Louvre avec un si
légitime succès, pouvait être à plus d'un
titre considérée non seulement comme une
réponse bienvenue à des vœux dès long-
temps exprimés avec ardeur, mais aussi
comme la suite naturelle des efforts si heu-
reusement accomplis naguère au Petit et au
Grand Palais, comme aux Invalides, pour
retracer l'histoire de l'art décoratif français.
Voici que les derniers remaniements opé-
rés au département de la peinture pour le
plus grand profit de l'École française per-
mettent de saisir avec évidence le souvenir
des enseignements que nous prodigua
l'Exposition centcnnale. Géricault, David,
Prud'hon s'imposent au regard dans une
présentation meilleure. Ingres est environné
de gloire et ses œuvres groupées se distri-
buent en des places dignes d'elles. L'opi-
nion ne trouvera rien qu'à louer dans ces
transformations. En dépit de ses caprices et
de ses erreurs, cette reine du monde a rémi-
nent privilège d'être attentive aux leçons
qu'on lui donne ; et, une fois mieux infor-
mée, elle aime à voir les musées en parfait
accord avec ce qu'elle apprit par ailleurs.
S'il y a donc quelque chose de glorieux
dans le labeur de ceux qui tentent de
l'éclairer et de la diriger, il convient aussi
de rendre grâce à ceux qui, au musée du
Louvre, savent à point donner à ses juge-
ments une consécration publique.
La démolition — que nous avions fait
prévoir — d'une grande partie des remparts
d'Avignon vient, assuro-t-on, d'être déci-
dée entre le ministère de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts (qui, l'an der-
nier, se déclarait « résolu à s'opposer par
tous les moyens légaux à toute mesure ton-
dant à l'exécution de ce projet ») et la mu-
nicipalité d'Avignon, avec l'agrément de
cette étrange administration qui s'appelle la
Commission des Monuments historiques.
C'est là une violation flagrante de la loi,
qui ne 'permet pas à l'État d'aliéner quoi que
ce soit de son domaine sans y être autorisé
par un acte législatif. C'est donc au Parle-
ment, seul juge de la question en dernier
ressort, que nous adressons un suprême
appel : il y va non seulement du caractère
historique et de la beauté d'Avignon, mais
encore de tout le patrimoine artistique dé
la France, dont cette première illégalité en-
traînerait vite la dilapidation de la part des
municipalités trop souvent insouciantes ou
ignorantes qui en ont la garde.
NOUVELLES
*** On vient de distribuer à la Chambre le
projet de loi tendant au transfert du ministère
des Colonies qui a été déposé parM. Caillaux.
C'est une très considérable opération qui
15 Juin.
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reux effets qui accompagnent les
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siteraient pas cependant à reconnaître
qu'elles offrent une occasion précieuse de
mieux voir, de mieux comprendre et de
mieux estimer ce que chacune des généra-
tions précédentes nous a légué. C'est une
pareille loi, du moins, qui semble à souhait
se vérifier dans le domaine des Beaux-Arts.
Déjà l'exposition des salles du mobilier,
récemment ouverte au Louvre avec un si
légitime succès, pouvait être à plus d'un
titre considérée non seulement comme une
réponse bienvenue à des vœux dès long-
temps exprimés avec ardeur, mais aussi
comme la suite naturelle des efforts si heu-
reusement accomplis naguère au Petit et au
Grand Palais, comme aux Invalides, pour
retracer l'histoire de l'art décoratif français.
Voici que les derniers remaniements opé-
rés au département de la peinture pour le
plus grand profit de l'École française per-
mettent de saisir avec évidence le souvenir
des enseignements que nous prodigua
l'Exposition centcnnale. Géricault, David,
Prud'hon s'imposent au regard dans une
présentation meilleure. Ingres est environné
de gloire et ses œuvres groupées se distri-
buent en des places dignes d'elles. L'opi-
nion ne trouvera rien qu'à louer dans ces
transformations. En dépit de ses caprices et
de ses erreurs, cette reine du monde a rémi-
nent privilège d'être attentive aux leçons
qu'on lui donne ; et, une fois mieux infor-
mée, elle aime à voir les musées en parfait
accord avec ce qu'elle apprit par ailleurs.
S'il y a donc quelque chose de glorieux
dans le labeur de ceux qui tentent de
l'éclairer et de la diriger, il convient aussi
de rendre grâce à ceux qui, au musée du
Louvre, savent à point donner à ses juge-
ments une consécration publique.
La démolition — que nous avions fait
prévoir — d'une grande partie des remparts
d'Avignon vient, assuro-t-on, d'être déci-
dée entre le ministère de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts (qui, l'an der-
nier, se déclarait « résolu à s'opposer par
tous les moyens légaux à toute mesure ton-
dant à l'exécution de ce projet ») et la mu-
nicipalité d'Avignon, avec l'agrément de
cette étrange administration qui s'appelle la
Commission des Monuments historiques.
C'est là une violation flagrante de la loi,
qui ne 'permet pas à l'État d'aliéner quoi que
ce soit de son domaine sans y être autorisé
par un acte législatif. C'est donc au Parle-
ment, seul juge de la question en dernier
ressort, que nous adressons un suprême
appel : il y va non seulement du caractère
historique et de la beauté d'Avignon, mais
encore de tout le patrimoine artistique dé
la France, dont cette première illégalité en-
traînerait vite la dilapidation de la part des
municipalités trop souvent insouciantes ou
ignorantes qui en ont la garde.
NOUVELLES
*** On vient de distribuer à la Chambre le
projet de loi tendant au transfert du ministère
des Colonies qui a été déposé parM. Caillaux.
C'est une très considérable opération qui