N° â. — 1901
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
12 janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTX DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
£es abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
î.jRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an. ........ . 12 fr. | Six mois . , . . . . . . 8 fr
PROPOS DU JOUR
)kbm\ tant de grâces qui firent au
premier jour aimer le Petit Pa-
lais, ce ne fut pas la moindre, en
vérité, que l'heureuse harmonie
de sa disposition et de son décor. En vain
des ors trop éclatants chargeaient-ils peut-
être à l'excès trop de guirlandes. L'ensem-
ble gardait autant de discrétion que d'élé-
gance; la nudité des murs et des plafonds
même devenait presque un agrément; et,
tandis qu'elles donnaient asile aux plus ri-
ches merveilles d'art fançais, c'était le mérite
propre des galeries d'être demeurées sans
recherche et d'avoir su emprunter une suf-
fisante beauté à la seule sobriété de l'orne-
ment comme au seul bonheur de la propor-
tion.
D'autres idées aujourd'hui menacent d être
en honneur. On s'est fatigué d'être simple,
et l'on médite d'accorder au Petit Palais
l'achèvement d'une décoration somptueuse.
Sans doute, il ne déplaira pas de contem-
pler, au lieu des parquets provisoires, une
marqueterie à point de Hongrie et à com-
partiments. Mais les salles, la grande gale-
rie, la rotonde centrale réclament-elles
qu'une légion d'artistes les couvrent de
peintures ? Au milieu de ces fresques va-
riées, toute l'harmonie du palais risque fort
de périr- (Test une vérité dès longtemps si-
gnalée qu'il est peu de chefs-d'œuvre qui
soient l'ouvrage de plusieurs. Et quand bien
même nos artistes, pareils à ces modestes
ouvriers du passe qui Se consacraient aux
grands monuments, oublieraient leur fan-
taisie personnelle pour se soumettre à la
convenance d'un ensemble, le travail com-
mun porterait la marque nécessaire de la
diversité des tempéraments et des métiers.
Il y a aussi quelque légèreté à décider
par avance la décoration d'un palais, alors
que sa destinée est encore inconnue. Si,
comme il est vraisemblable, le Petit Palais
reste une salle d'exposition, sera-ce bien son
rôle d'être si paré? La faute pour lui sera
singulière d'attirer le regard plus que l'ex-
position qu'il abritera et de ressembler à
ces cadres sans grâce qui s'accordent mal
avec le tableau qu'ils entourent. Il n'est
d'hospitalité accueillante que celle qui songe
à faire admirer ses hôtes, et tout le charme
de l'édifice en pareille occasion, devra, sans
s'évanouir, savoir pourtant s'atténuer.
NOUVELLES
M. Bonnat vient de terminer le portrait
de M. Loubet, président de la République, qui
sera exposé au Salon de cette année.
**# Après les palais et musées dont nous
avons parlé la semaine dernière, le palais et
le musée du Luxembourg vont, de leur côté,
recevoir deux admirables tapisseries en soie
et laine de la manufacture des Gobelins.
La première, destinée à la grande galerie
du palais du Sénat, a été tissée d'après un
modèle de M. Albert Maignan représentant
Apollon et Daphné métamorphosé en lau-
rier.
La seconde est la reproduction du tameux
tableau La Sirène et le Poète, une des plus
belles couvres de Gustave Moreau, qui, ainsi
que les autres tapisseries précédentes, fut
admirée à l'Exposition Universelle.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
12 janvier.
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ET DE LA CURIOSITÉ
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Un an. ........ . 12 fr. | Six mois . , . . . . . . 8 fr
PROPOS DU JOUR
)kbm\ tant de grâces qui firent au
premier jour aimer le Petit Pa-
lais, ce ne fut pas la moindre, en
vérité, que l'heureuse harmonie
de sa disposition et de son décor. En vain
des ors trop éclatants chargeaient-ils peut-
être à l'excès trop de guirlandes. L'ensem-
ble gardait autant de discrétion que d'élé-
gance; la nudité des murs et des plafonds
même devenait presque un agrément; et,
tandis qu'elles donnaient asile aux plus ri-
ches merveilles d'art fançais, c'était le mérite
propre des galeries d'être demeurées sans
recherche et d'avoir su emprunter une suf-
fisante beauté à la seule sobriété de l'orne-
ment comme au seul bonheur de la propor-
tion.
D'autres idées aujourd'hui menacent d être
en honneur. On s'est fatigué d'être simple,
et l'on médite d'accorder au Petit Palais
l'achèvement d'une décoration somptueuse.
Sans doute, il ne déplaira pas de contem-
pler, au lieu des parquets provisoires, une
marqueterie à point de Hongrie et à com-
partiments. Mais les salles, la grande gale-
rie, la rotonde centrale réclament-elles
qu'une légion d'artistes les couvrent de
peintures ? Au milieu de ces fresques va-
riées, toute l'harmonie du palais risque fort
de périr- (Test une vérité dès longtemps si-
gnalée qu'il est peu de chefs-d'œuvre qui
soient l'ouvrage de plusieurs. Et quand bien
même nos artistes, pareils à ces modestes
ouvriers du passe qui Se consacraient aux
grands monuments, oublieraient leur fan-
taisie personnelle pour se soumettre à la
convenance d'un ensemble, le travail com-
mun porterait la marque nécessaire de la
diversité des tempéraments et des métiers.
Il y a aussi quelque légèreté à décider
par avance la décoration d'un palais, alors
que sa destinée est encore inconnue. Si,
comme il est vraisemblable, le Petit Palais
reste une salle d'exposition, sera-ce bien son
rôle d'être si paré? La faute pour lui sera
singulière d'attirer le regard plus que l'ex-
position qu'il abritera et de ressembler à
ces cadres sans grâce qui s'accordent mal
avec le tableau qu'ils entourent. Il n'est
d'hospitalité accueillante que celle qui songe
à faire admirer ses hôtes, et tout le charme
de l'édifice en pareille occasion, devra, sans
s'évanouir, savoir pourtant s'atténuer.
NOUVELLES
M. Bonnat vient de terminer le portrait
de M. Loubet, président de la République, qui
sera exposé au Salon de cette année.
**# Après les palais et musées dont nous
avons parlé la semaine dernière, le palais et
le musée du Luxembourg vont, de leur côté,
recevoir deux admirables tapisseries en soie
et laine de la manufacture des Gobelins.
La première, destinée à la grande galerie
du palais du Sénat, a été tissée d'après un
modèle de M. Albert Maignan représentant
Apollon et Daphné métamorphosé en lau-
rier.
La seconde est la reproduction du tameux
tableau La Sirène et le Poète, une des plus
belles couvres de Gustave Moreau, qui, ainsi
que les autres tapisseries précédentes, fut
admirée à l'Exposition Universelle.