34
LÀ CHRONIQUE DliS AR'Ï'S
tableau du peintre dijonnais Félix Trutat,
Femme nue couchée, qui figurait à l'Exposi-
tion centennale et qui, comme nous l'avons
annoncé, a été offerte à l'État par M. Joliet,
préfet de la Vienne.
**# Un nouveau don, des plus intéressants,
vient d'être fait au Cabinet des estampes de
la Bibliothèque Nationale. Le graveur Brac-
quemond, qui possédait un cuivre de Dela-
croix — Portrait de M"' Vdlot, femme de
l'ancien conservateur des peintures au Lou-
vre, — s'en est dessaisi en faveur des collec-
tions de la Bibliothèque. M. Bouchot, conser-
vateur du Cabinet des estampes, l'exposera
dans quelques jours à côté des cuivres si cu-
rieux do Meissonier.
Le préfet de la Seine vient, en exécution
du décret du 9 octobre 19(0 qui a autorisé la
ville do Paris à faire figurer dans ses armes
la croix de la Légion d'honneur, de prendre
un a> rèté dont voici le texte :
Les armoiries de la ville do Paris, telles qu'elles
ont été arrêtées par décision préfectorale du 24 no-
vembre 1853, sont modifiées ainsi qu'il suit, en
vertu du décret précité :
De gueules, au navire équipé d'argent, vo-
guant sur des ondes de même, au chef d'azur
semé de fleurs de lys d'or, Vécu timbré d'une
couronne murale de 4 tours d'or, surmonté de
la devise Fluctuât neo mergitur et accolé d'une
branche de chêne et d'une de laurier liées d'un
ruban de gueules soutenant l'étoile de la Légion
d'honneur.
**# Lo docteur Beauvais, médecin de l'O-
tiéra-Comique, récemment décédé, afin de
constituer à ce théâtre le premier fonds d'un
petit musée de souvenirs, analogue à celui
que possède la Comédie-Française, a inséré
dans son testament, entre autres dispositions,
le legs, en faveur de l'Opéra-Comique, d'un
très beau portrait du marquis de Saint-Geor-
ges.
*** A propos de la réédifiealion et de la
réouverture de la Comédie-Française, une
médaille commémorative, œuvre de M. Cha-
plain, a été distribuée à tout le personnel de
la maison de Molière.
Lundi dernier, 23 janvier, a eu lieu,
17, rue Pigalle, l'inauguration d'un « Collège
d'esthétique moderne », société d'enseigne-
ment populaire pour la propagation des idées
de beauté.
*** Un amateur, M. Manskopf, vient de
fonder à Franefort-sur-le-Mein un musée Ber-
lioz, composé de souvenirs de tout genre con-
cernant l'artiste, son œuvre et ses interprètes.
**# Des recherches exécutées récemment
au fond de la mer près de Cerigo, sur des
indications données au gouvernement grec,
ont abouti à d'importantes trouvailles : sta-
tues de marbre ou de bronze, fragments di-
vers, vases, et des morceaux de bois d'un
navire tout noircis provenant sûrement du
naufrage d'une trirème sur laquelle tous ces
objets d'art étaient sans doute transportés à
Rome. Les pièces les plus remarquables sont
une tète en bronze de lutteur, et surtout une
statue de marbre représentant un jeune
homme courbé, dont on trouvera la reproduc-
tion dans Y Illustration du 12 janvier dernier.
--
Le don Bonnat au Musée de Bayonne
On sait quelle magnifique collection d'œu-
vrcs d'art, notamment de dessins de mai-
Ires, possède M. Bonnat : elle ferait l'orgueil
de plus d'un musée. Or, réminent artiste
vient de faire don, dès maintenant, à celui de
Bayonne, sa ville natale — auquel toute la
collection est destinée plus tard — d'une par-
tic do ces trésors.
Celte donation comprend : tous les des-
sins, moins trois, qui étaient exposés à la
Centennale; presque tous les bronzes de
Baryc, entre autres les plus grands; la
collection des Tanagra, quelques vases grecs
et bronzes antiques; une vingtaine de ta-
bleaux, parmi lesquels un Rembrandt, trois
van Dyck, un Tintoretj un Poussin, une
tête de Hoppner, une de Lawrence, un Diaz,
les Ingres et les deux Tassaert qui figuraient
à la Centennale; enfin, plusieurs sculptures,
parmi lesquelles l'Ingres de M. Guillaume,
la terre cuite du buste de M. Bonnat par
Chapu, son buste par M. Paul Dubois, etc.
On va s'occuper incessamment d'installer
colle collection dans le nouveau musée, au-
quel la ville de Bayonne, dans sa recon-
naissance, va donner le nom de « Musée
Bonnat ».
PETITES EXPOSITIONS
AU CERCLE ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Rien ne change ; et, si j'en juge d'après
nos « petits Salons », le début du xx1' siècle
ressemble fort au déclin du xix° : que les
historiens de l'art qui goûtent les classifi-
cations tranchées ne l'oublient point ! La
« morne et monotone fabrication » que
l'idéaliste John Ruskin déplorait même chez
les maîtres continue do sévir parmi nos pein-
tres ; chaque hiver reparaissent les mêmes
marques de fabrique : quel peut bien être
l'état d'âme d'un peintre qui se rabâche in-
cessamment? Et, ce qui est plus inquiétant,
que devient cette pléthore de toile peinte?
On est envahi. C'est un péril. Si bien que
les petits Salons eux-mêmes se fragmen-
tent; on fonde un Etat dans l'État, pour
sauver la qualité de la quantité : rue Vol-
ney, par exemple, en décembre, c'était un
aparté de neuf membres du Cercle que nous
retrouvons aujourd'hui, sauf le sculpteur
Sicard, noyés dans les 262 envois confra-
ternels : MM. Dambeza,paysagiste anémié;
Georges Souillet, amoureux de la Bretagne,
sans y découvrir le frisson vespéral de
LÀ CHRONIQUE DliS AR'Ï'S
tableau du peintre dijonnais Félix Trutat,
Femme nue couchée, qui figurait à l'Exposi-
tion centennale et qui, comme nous l'avons
annoncé, a été offerte à l'État par M. Joliet,
préfet de la Vienne.
**# Un nouveau don, des plus intéressants,
vient d'être fait au Cabinet des estampes de
la Bibliothèque Nationale. Le graveur Brac-
quemond, qui possédait un cuivre de Dela-
croix — Portrait de M"' Vdlot, femme de
l'ancien conservateur des peintures au Lou-
vre, — s'en est dessaisi en faveur des collec-
tions de la Bibliothèque. M. Bouchot, conser-
vateur du Cabinet des estampes, l'exposera
dans quelques jours à côté des cuivres si cu-
rieux do Meissonier.
Le préfet de la Seine vient, en exécution
du décret du 9 octobre 19(0 qui a autorisé la
ville do Paris à faire figurer dans ses armes
la croix de la Légion d'honneur, de prendre
un a> rèté dont voici le texte :
Les armoiries de la ville do Paris, telles qu'elles
ont été arrêtées par décision préfectorale du 24 no-
vembre 1853, sont modifiées ainsi qu'il suit, en
vertu du décret précité :
De gueules, au navire équipé d'argent, vo-
guant sur des ondes de même, au chef d'azur
semé de fleurs de lys d'or, Vécu timbré d'une
couronne murale de 4 tours d'or, surmonté de
la devise Fluctuât neo mergitur et accolé d'une
branche de chêne et d'une de laurier liées d'un
ruban de gueules soutenant l'étoile de la Légion
d'honneur.
**# Lo docteur Beauvais, médecin de l'O-
tiéra-Comique, récemment décédé, afin de
constituer à ce théâtre le premier fonds d'un
petit musée de souvenirs, analogue à celui
que possède la Comédie-Française, a inséré
dans son testament, entre autres dispositions,
le legs, en faveur de l'Opéra-Comique, d'un
très beau portrait du marquis de Saint-Geor-
ges.
*** A propos de la réédifiealion et de la
réouverture de la Comédie-Française, une
médaille commémorative, œuvre de M. Cha-
plain, a été distribuée à tout le personnel de
la maison de Molière.
Lundi dernier, 23 janvier, a eu lieu,
17, rue Pigalle, l'inauguration d'un « Collège
d'esthétique moderne », société d'enseigne-
ment populaire pour la propagation des idées
de beauté.
*** Un amateur, M. Manskopf, vient de
fonder à Franefort-sur-le-Mein un musée Ber-
lioz, composé de souvenirs de tout genre con-
cernant l'artiste, son œuvre et ses interprètes.
**# Des recherches exécutées récemment
au fond de la mer près de Cerigo, sur des
indications données au gouvernement grec,
ont abouti à d'importantes trouvailles : sta-
tues de marbre ou de bronze, fragments di-
vers, vases, et des morceaux de bois d'un
navire tout noircis provenant sûrement du
naufrage d'une trirème sur laquelle tous ces
objets d'art étaient sans doute transportés à
Rome. Les pièces les plus remarquables sont
une tète en bronze de lutteur, et surtout une
statue de marbre représentant un jeune
homme courbé, dont on trouvera la reproduc-
tion dans Y Illustration du 12 janvier dernier.
--
Le don Bonnat au Musée de Bayonne
On sait quelle magnifique collection d'œu-
vrcs d'art, notamment de dessins de mai-
Ires, possède M. Bonnat : elle ferait l'orgueil
de plus d'un musée. Or, réminent artiste
vient de faire don, dès maintenant, à celui de
Bayonne, sa ville natale — auquel toute la
collection est destinée plus tard — d'une par-
tic do ces trésors.
Celte donation comprend : tous les des-
sins, moins trois, qui étaient exposés à la
Centennale; presque tous les bronzes de
Baryc, entre autres les plus grands; la
collection des Tanagra, quelques vases grecs
et bronzes antiques; une vingtaine de ta-
bleaux, parmi lesquels un Rembrandt, trois
van Dyck, un Tintoretj un Poussin, une
tête de Hoppner, une de Lawrence, un Diaz,
les Ingres et les deux Tassaert qui figuraient
à la Centennale; enfin, plusieurs sculptures,
parmi lesquelles l'Ingres de M. Guillaume,
la terre cuite du buste de M. Bonnat par
Chapu, son buste par M. Paul Dubois, etc.
On va s'occuper incessamment d'installer
colle collection dans le nouveau musée, au-
quel la ville de Bayonne, dans sa recon-
naissance, va donner le nom de « Musée
Bonnat ».
PETITES EXPOSITIONS
AU CERCLE ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Rien ne change ; et, si j'en juge d'après
nos « petits Salons », le début du xx1' siècle
ressemble fort au déclin du xix° : que les
historiens de l'art qui goûtent les classifi-
cations tranchées ne l'oublient point ! La
« morne et monotone fabrication » que
l'idéaliste John Ruskin déplorait même chez
les maîtres continue do sévir parmi nos pein-
tres ; chaque hiver reparaissent les mêmes
marques de fabrique : quel peut bien être
l'état d'âme d'un peintre qui se rabâche in-
cessamment? Et, ce qui est plus inquiétant,
que devient cette pléthore de toile peinte?
On est envahi. C'est un péril. Si bien que
les petits Salons eux-mêmes se fragmen-
tent; on fonde un Etat dans l'État, pour
sauver la qualité de la quantité : rue Vol-
ney, par exemple, en décembre, c'était un
aparté de neuf membres du Cercle que nous
retrouvons aujourd'hui, sauf le sculpteur
Sicard, noyés dans les 262 envois confra-
ternels : MM. Dambeza,paysagiste anémié;
Georges Souillet, amoureux de la Bretagne,
sans y découvrir le frisson vespéral de