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La chronique des arts et de la curiosité — 1901

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Nr. 26 (27 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19756#0223
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ET DE LA CURIOSITE 218

le résultat» Aux environs de l'an 1500, l'écri-
ture usitée en Syrie est celle des cunéiformes
assyriens; c'est ce que démontrent les tablettes
découvertes en 1888 dans la Basse-Egypte, à Tel-
el-Amarna, tablettes contenant des correspon-
dances entre les rois d'Égypte et les petits
princes de Syrie (1). Cinq cents ans plus tard,
1'exislence de l'alphabet phénicien commence à
être avérée. Donc, c'est en tre 151)0 et luOO que des
tribus Cretoises ont dû prendre pied en Syrie.
Or, les témoignages historiques confirment cette
induction. Dans la Bible, la Crète s'appelle Kaflor
et les Philistins que les Israélites trouvèrent en
Palestine sont originaires de cette île ; un culte de
Zeus né en Crète subsista, jusqu'à la fin du pa-
ganisme, à Gaza, en Philistide; le nom de la ri-
vière de Palestine, le Jourdain, se retrouve en
Crète. Ce sont donc, suivant toute apparence, des
Crétois, pressés par Pavant-garde de l'invasion
dorienne, qui introduisirent sur la côte syrienne,
vers l'an 1200 av. J.-C, le sytème d'écriture qui
donna naissance à l'alphabet phénicien.

Sur les monuments égyptiens des environs de
1400 av. J.-C, on voit des tributaires et des cap-
tifs appelés Kefti dans les inscriptions égyp-
tiennes, qui apportent au roi d'Égypte des vases
en métal d'une forme identique à ceux qu'on a
découverts à Mycènes. Ces Kefti sont des Crétois
de Kaftor et des îles voisines, dont la civilisation
était identique à celle que Schliemann a retrouvée
dans les tombes royales de Mycènes et, très vrai-
semblablement, n'était pas mycénienne d'origine,
mais crétoise.

On a découvert, sur la côte do Syrie, un certain
nombre d'objets de style mycénien, notamment
des statuettes de bronze ; mais ces objets sont
très inférieurs à ceux de la Grèce et des îles ; ce
sont des contrefaçons ou des bibelots de qualité
médiocre, bons pour l'exportation. Ceux qui sou-
tiennent encore, avec M. Helbig, que la civilisa-
tion mycénienne est d'origine phénicienne, pren-
nent exactement le contre-pied de la vérité ;
comme je n'ai cessé de l'affirmer depuis 1893, la
Syrie a reçu sa civilisation de- la Mycénie, au
moins autant que de la lointaine Assyrie et de
l'Égypte.

La grande importance de la Crète, comme centre
primitif de la civilisation de l'Archipel, n'a nul-
lement été méconnue des écrivains grecs. Des au-
teurs crétois, dont Diodore de Sicile nous a con-
servé le témoignage, niaient que les Phéniciens
eussent créé l'alphabet grec archaïque et soute-
naient qu'ils s'étaient contentés de modifier un
système d écriture inventé en Crète par les Muses,
filles de Jupiter (2). C'est exactement — aux Muses
et à Jupiter près — le système auquel revient
aujourd'hui l'érudition, à la suite des brillantes
découvertes de M. Evans. L'écriture chypriote
est une fille attardée de l'écriture crétoise.

C'est au système d'écriture qui commença à
se développer dans lArchipel vers l'an 3000
av. J.-C. qu'il faut rattacher désormais non seu-
lement le syllabisme chypriote, niais les carac-
tères non helléniques de l'écriture lycienne, les
graffites des fusaîoles de Troie, de la poterie de
Lachish en Syrie, ceux des objets libyens ou
proto-égyptiens recueillis, au cours de ces der-

(1) Voir Revue nrchéol., 1889, II, p. H42-362.

(2) Diodore, V, 74 ; cf. mon article dans l'An-
thropologie, 1900, p. 497-502.

nières années, par MM. Elinders Pétrie et de
Morgan, enfin la singulière écriture dite nunii-
dique, en usage dans l'Afrique romaine jusqu'à
la fin de l'époque impériale (1), et qui survit dans
l'écriture actuelle des Touareg (tifinagh) (fig. 3).

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Fig. 3. — Comparaison d'écritures pré-helléniques
et non helléniquer,
(Tableau dressé par M. A. Evans).

Un préhistorien français, M. Piette, a même
proposé de classer dans le même groupe d'écri-
tures certains ornements peints sur des galets
recueillis dans des cavernes du sud-ouest de
la France et appartenant au début de l'époque
néolithique (2). Cette hypothèse est sans doute
trop aventureuse, mais il est permis de se
demander si le système d'écriture égéen et crétois
ne remonte pas à une antiquité bien plus reculée
que les hiéroglyphes do l'Egypte eux-mêmes.
Dans l'état actuel de nos connaissances et la pé-
nurie des données chronologiques, on peut eu
chercher l'origine soit dans le nord de l'Archipel,
soit sur la côte méridionale (dans l'Afrique du
nord et en Egypte), soit dans l'île de Crète, au con-
fluent de courants européens, africains et asia"
tiques, sans que rien n'aulorise encore une
conclusion positive à cet égard. L'essentiel, c'est
qu'au delà du monde domine par l'alphabet phé-
nicien, qui est le nôtre, nous entrevoyons mainte-
nant un monde beaucoup plus ancien, où régnait
un système d'écriture rudimenlaire et compliqué,
où la diffusion et les variétés locales de cette
écriture attestent à la fois une civilisation homo-

(1) Evans, Journ. of hellenic stuclies, t. XVII
(1897), p. 387.

(2) Piette, L'Anthropologie, 1896, p. 385.
 
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