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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 1
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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Deuxième apparition de Villard de Honnecourt à propos de la Renaissance des arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0031

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS. 25

les dernières troupes de l'armée française en 1/196, vers la fin de septem-
bre; car, pour elles, il est hors de doute que les officiers de Charles VIH
avaient tous des cahiers de croquis dans leur poche, que les généraux
amenaient d'Italie, chacun un architecte en croupe et les colonels un sculp-
teur ou un peintre, que le Rosso a bâti Chambord, Joconde le pont Notre-
Dame et l'ancienne Cour des Comptes, Primatice Fontainebleau, et que
même Pierre Lescot, Jean Bullant, ainsi que Philibert de L'Orme n'ont été
que les agents d'architectes italiens dont les noms ont été effacés par
l'envie; comme si, en France, l'envie s'attaquait jamais aux illustrations
étrangères! Ces mêmes personnes sensées sont certaines que François Ier,
« ce gros garçon qui gâtera tout, » comme disait le bon roi Louis XII,
est le père de la Renaissance et que l'Italie en est la mère-nourrice. Ces
opinions peuvent aller de pair avec celles touchant l'influence des forêts
de la Germanie. 11 est certain que l'Italie nous a enseigné quelque chose
vers la fin du xve siècle ; comme, par exemple, l'art de vivre en paix avec
les préjugés, l'entente des affaires de ce monde, ce que depuis on a appelé
la Politique, science qui a vieilli ; qu'elle nous a inoculé son mépris poul-
ie fond et son respect pour la forme, qu'elle a dressé à notre usage un
protocole de l'admiration dans lequel, bien entendu, elle a pris le premier
rang; et pour ce qui nous touche particulièrement, elle nous a fait croire
encore, que ses monuments de briques et de cailloux revêtus de marbre,
étant les plus belles choses du monde, le talent de l'architecte consiste à
masquer la misère du corps et de l'âme sous un vêtement splendide.

«Ceci dit, laissons là ces opinions, reprenons ensemble nos allures
gauloises et parlons net. J'ai voyagé un peu pendant ma vie, beaucoup
depuis mon passage en l'autre monde, n'ayant rien de mieux à faire et
étant curieux de ma nature. En Allemagne, de mon vivant, on m'avait
fort entretenu des merveilles de l'Italie. Sitôt mort et mes affaires réglées,
j'allai d'abord à Rome, c'était vers l'an 1260. Vous dire si je fus ravi
d'admiration devant les monuments des empereurs, vous le comprenez
de reste, mais j'aurais pu donner des leçons aux architectes vivants. Figu-
rez-vous quelques pauvres Lombards, envoyant des manœuvres dans les
monuments antiques pour arracher les marbres et jusqu'aux briques, ne
sachant ni tracer une épure, ni planter un édifice, ni tailler un profil;
faisant maçonner grossièrement les matériaux qu'ils avaient pillés, et com-
posant ainsi de méchantes bâtisses ressemblant à nos granges, amenant
là-dedans des artistes grecs pour peindre des fresques et coller des mo-
saïques , entretenant à grand'peine quelques sculpteurs qui s'efforçaient
de copier très-maladroitement des ornements antiques. Quant à la sta-
tuaire, inutile d'en parler, il n'y en avait point. Si on voulait placer quelque
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