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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 1
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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Deuxième apparition de Villard de Honnecourt à propos de la Renaissance des arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0035

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS. 29

centrale de Sain t-É tienne d'Auxerre ! Mais pourquoi imiter? nous étions nés,
nous grandissions, nous marchions tout seuls... Hélas! nous avons préparé
nous-mêmes la ruine de notre art, et en cela nous avons imité les Grecs,
dont la splendeur, en matière d'art, n'a pas duré plus de soixante-dix
ans. A force de raisonner sur l'architecture, de réduire tout à l'expression
logique d'un besoin, nous en sommes arrivés aux formules. Notre archi-
tecture au xive siècle n'était déjà plus qu'une suite de problèmes géomé-
triques à travers lesquels l'inspiration ne pouvait se faire jour. Nos
architectes étaient bien plus des géomètres excellents que des artistes,
l'exécution se perfectionnait et la pensée se perdait. A force de chercher
l'imitation de la nature, la sculpture tombait dans la mièvrerie, dans la
vulgarité ; la laideur même devenait un sujet d'étude, comme se trouvant
dans la nature. Mais croyez-vous que nous ayons attendu les guerres
d'Italie pour tenter de sortir de cette voie funeste? Oh ! que non point! En
architecture, ne voyez-vous pas , dès le temps de Charles V (je parle des
bonnes choses et non de ces édifices de pacotille comme on en construit en
tout temps), des efforts hardis, des tendances à adopter des dispositions
plus larges? Ne trouvez-vous pas, dans les restes du château de Vincennes,
de la grandeur, une certaine noblesse calme qu'on avait perdue vers le
commencement du xive siècle? Et, un peu plus tard, Louis d'Orléans
n'avait-il pas élevé à Coucy, à Pierrefonds et à la Ferté-Milon, des habi-
tations qui présentent déjà tous les caractères de ce que vous appelez la
renaissance, si ce n'est que les constructions de ces châteaux sont bien
mieux conçues et surtout beaucoup mieux exécutées que celles du temps
de Louis XII ou de François Ier? La sculpture du château de Pierrefonds
n'est-elle pas large, grasse, monumentale, qualités qui manquent à celle
des xive et xvie siècles? Vous rappellerai-je l'ancien hôtel de ville d'Or-
léans, dont la construction de 1M2 semblerait être élevée par l'archi-
tecte de Louis XII, qui refit une partie du château de Blois, soixante
ans plus tard? J'oserai même assurer que la maison de ville d'Orléans
s'éloigne plus des formes gothiques que le palais de Blois. A Beaugency,
même singularité. Ces princes de la maison de Valois étaient, il est vrai, de
grands amateurs des arts. Mais cette architecture des Valois du xve siècle
ressemble-t-elle à l'architecture italienne d'aucune époque? Certes non,
pas plus, du reste, que celle des châteaux de Blois, d'Amboise, d'Azay-
le-Rideau, de Chenonceaux, de Chambord, et même d'Écouen, de
Tanlay et du Louvre...

Nos artistes (avant l'époque moderne s'entend) avaient le tort d'être
modestes, ils pensaient que leurs œuvres parleraient pour eux et qu'il
importerait assez peu à la postérité de savoir si leurs palais, leurs églises,
 
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