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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

DOI issue:
Nr. 6
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Gautier, Théophile: Exposition de tableaux modernes au profit de la caisse de secours des artistes peintres, statuaires, architectes, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0347

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

331

senter d'une façon dramatique la scène la plus importante de l'ouvrage.
Ils ont aussi commenté Walter Scott, Chateaubriand, les premiers livres
de Hugo et de Balzac, les plus illustres et les meilleurs, s'associant au
génie et au talent sans jamais faire regretter la page qu'ils couvraient.
Alfred Johannot penchait plus vers la peinture que son frère. Il a fait des
tableaux et des aquarelles dont l'exposition au boulevard des Italiens
offre des spécimens excellents. Henri II, roi de France, Catherine de
Médicis et leurs enfants, et une scène du roman de Richardson si exaltée
par Diderot, la Mort de Clarisse Harlowe, où se retrouve toute la fidélité
au texte de l'illustrateur émérite. Nous avons revu avec plaisir ces reli-
ques d'un talent qui charma nos jeunes années.

11 faudrait plus d'un article pour décrire les deux albums contenant
quatre cent quatre-vingt-onze dessins de Charlet, destinés à l'illustration
du Mémorial de Sainte-Hélène. C'était là une tâche tout à fait appropriée
à l'artiste qui aie plus aimé, le mieux senti le soldat de l'empire, et ses
dessins sont autant de petits chefs-d'œuvre.

Rappelons le superbe dessin de Rida, la Cérémonie du Dosseh au
Caire. — Ce mot Dosseh a besoin de quelque explication. Le chef de
l'ordre des Derviches, fondé par Sâad-Eddin, sort de la mosquée ; des
fanatiques se couchent sur son passage et sont foulés par les pieds de son
cheval. — L'artiste a exprimé avec une profondeur admirable la quiétude
fataliste de l'islam et la foi ardente de ces malheureux qui pavent de
leurs corps la route du derviche impassible ; le seul qui éprouve un sen-
timent parmi cette multitude fanatisée, c'est le cheval : il baisse la tête,
renifle et lève ses sabots délicatement pour ne blesser personne. — Le
Puits du Liban n'a pas moins de mérite que la Dosseh.

Et, maintenant, disons quelques mots pour finir du dessin lavé
d'aquarelle de Théodore Rousseau, dont la gravure accompagne notre ar-
ticle : le soleil se lève à l'horizon d'un paysage où ruisselle une rivière
entre des rives plates, ouvrant? ses rayons comme les lames d'un éventail
d'or, et sur l'eau frissonnent au vent du matin des moires de lumière.

THÉOPHILE GAUTIER.
 
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