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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 6
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0394

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378

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

voir pour de l'argent une copie du tableau de M. A. Scheffer, le Christ tenté par Satan, et
qu'il fait passer ce tableau pour un original.

« Vous avez été, Monsieur, induit en erreur. Le tableau exposé en Angleterre est
bien la peinture originale de M. A. Scheffer ; c'est notre maison qui fait cette exposition,
.et si S. Exc. M. le ministre d'État a bien voulu faire en notre faveur une exception,
nous la devons à l'intérêt qu'il a toujours porté à l'art de la gravure.

« Cette exposition est gratuite : ce n'est donc pas une spéculation du genre de celle
qui vous a été signalée.

« Son but est de faciliter des souscriptions à la gravure que termine en ce moment
M. A. François d'après ce tableau, en le faisant connaître aux amateurs étrangers.

« Quant à la conservation de la peinture, elle est parfaitement garantie. Ce tableau,
bien que d'une grande dimension, a pu être emballé à plat, sans être enlevé de son
châssis, comme vous paraissez le craindre?

« Nous vous serons très-^obligés, Monsieur, de vouloir bien insérer cette lettre dans
votre plus prochain numéro, et nous vous présentons l'assurance de nos sentiments
très-distingués. « goupil et c°. »

A la lettre qu'on vient de lire il nous suffirait de répondre : Tenemus confitentem reum.
Cependant, malgré l'assertion de MM. Goupil et C°, nous aimerions à douter encore que
ce soit le tableau original d'Ary Scheffer qu'ils promènent en Angleterre, et pour plus
d'un motif.

Tout récemment la direction des Beaux-Arts a refusé à l'exposition de Lyon la
Jeanne Darc, de Léon Benomille, qui n'est encore ni placée ni cataloguée au Luxem-
bourg, précisément comme le Christ sur la montagne, d'Ary Scheffer, celle de toutes ses
œuvres acquises par l'État, qui peut le mieux consacrer la renommée de cet illustre
artiste. La direction des Beaux-Arts a pleinement raison dans ses refus; et MM. Goupil
et Cc ont beau dire que le tableau de Scheffer « est emballé à plat sans être enlevé de
son châssis » (ils ne disent pas de son cadre, notez bien), la direction des Beaux-Arts
connaît parfaitement les dangers que court, en voyageant, un tableau de grande dimen-
sion qui n'est pas même protégé par son cadre. Comment laisserait-elle aller à Londres,
à Édimbourg, à Dublin, ce qu'elle ne laisse point aller à Lyon?

MM. Goupil et Ce disent encore qu'ils ne montrent pas le tableau de Scheffer pour
de l'argent; mais pour faciliter des souscriptions à la gravure qu'ils ont commandée à
M. A. François. On nous mande, en effet, de Manchester, où se trouve actuellement ce
tableau, que chaque visiteur reçoit un bulletin de souscription, où il n'a plus qu'à
poser sa signature. Nous voyons bien ce que peuvent gagner à cela les éditeurs d'une
gravure en particulier; nous sommes moins frappés de ce qu'y peut gagner la gravure
en général. Si tout éditeur d'estampes pouvait, pour favoriser ses spéculations, prome-
ner de ville en ville, et même à l'étranger, les tableaux originaux qu'il fait reproduire
par le burin, nous demandons : que deviendraient nos musées? C'est une question qui
vaut une réponse, et le titre de ce recueil nous donne le droit, bien plus, nous fait un
devoir de la poser.

Le rédacteur en chef : CHARLES BLANC.

Le directeur - gérant : EDOUARD HOUSSAYE.

PARIS. — IMPRIMERIE DE j. CLAYE , RDE SAINT-BENOÎT, 7.
 
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