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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 1
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Fournier, Edouard: L' art de la reliure en France, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0032

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26

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

comme c'était assez l'ordinaire, les plats du volume au repoussé, en fort
relief, soit qu'il en eût travaillé les ornements avec plus de soin et de
perfection, comme en est la preuve le dernier livre que j'ai cité, et qu'on
peut encore admirer à la Bibliothèque impériale. Sur le plat supérieur
de la couverture, une des miniatures du manuscrit se trouve reproduite
par une fine gravure niellée^ qui se détache sur un fond fleurdelisé; tan-
dis que sur le plat inférieur, la crucifixion est représentée en figure de
haut relief clans un double encadrement de pierres fines.

Ce livre-joyau, présent de Charles V, est d'un art plus avancé que
le précédent, mais non d'une décoration plus riche. Sous Charlemagne
et ses successeurs, l'ornementation des évangéliaires était en effet arrivé
à une magnificence qui ne pouvait être surpassée que par plus d'élégance
et de délicatesse.

Vous connaissez déjà celui de Charles le Chauve, à Munich ; nous
pourrions encore vous en citer un autre du même temps à peu près,
qui, de la chapelle de Louis le Débonnaire, était venu à l'abbaye de Saint-
Hubert, où il resta plusieurs siècles, et qu'on appelait YEvangèliaire
d'or à cause de sa.splendeur1.

Ces livres, tout précieux qu'ils fussent, n'étaient pas rares clans les
trésors des princes. Le comte Evrard, gendre du Débonnaire, à qui l'église
de Césoing, qu'il avait fondée dans le diocèse de Tourna} , devait tant de
richesses, possédait a lui seul plusieurs de ces magnifiques volumes. On
l'a su par son testament, daté de l'année 837. Il y est parlé d'un cran-
géliaire et d'un factionnaire recouverts d'or, de livres de plain-chant
enrichis d'or, d'argent et d'ivoire, d'un évangile monté en argent, etc2.
Il n'a rien survécu de cette pieuse et splendide bibliothèque, et l'on doit
d'autant plus le regretter qu'Evrard, qui était comte de Frioul, avait dû
confier l'ornementation de ses livres à des ouvriers italiens, et qu'on au-
rait pu juger par eux de cette partie de l'art en Italie, au i\e siècle 3. Les
saints livres que Childebert, au dire d'Aimoin, avait apportés d'Espagne,
ne sont pas moins regrettables, comme échantillons de la reliure d'orfè-
vrerie au delà des Pyrénées à l'époque mérovingienne. Le moine chroni-
queur a négligé de nous faire de ces livres une description qui, faute de
mieux, aurait eu son prix. Il s'est contenté de parler des cassettes où ils

1. Reilfenberg, Monuments, etc., t. VU, Introduction, p. IS.

2. Marchai, Nolice sur le testament du comte Evrard, dans le Bulletin de l'Aca-
démie de Bruxelles, t. VII, 2e partie, p. I I M 17.

3. M. Alfred Darcel a fort bien fait remarquer de quel prix sont, pour l'histoire de
l'art, ces reliures d'or et d'ivoire. {Revue française, 1er novembre 1857. p. 48.)
 
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