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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 4
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Burty, Philippe: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0402

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382

GAZETTË DES BEAUX-ARTS.

l'histoire, avaient formé un bourg fortifié appelé Châteauneuf, qui ne fut annexé à Tours
qu'en 1357. On trouve encore dans cette partie de la ville un assez grand nombre de
maisons du xive, du xme et même du xne siècle, plus ou moins mutilées et transfor-
mées, mais offrant toutes quelque intérêt. L'une d'entre elles surtout, devenue une
auberge sous le nom d'Hôtel de la Croix-Blanche, mérite d'être mentionnée. C'est
une espèce de forteresse d'une architecture sévère, flanquée d'une haute tourelle octo-
gone et parfaitement conservée. Elle passe pour avoir été l'hôtel-de-ville de Château-
neuf, et cette conjecture est d'autant plus vraisemblable que sa construction remonte
environ à l'époque où les habitants de ce bourg, las de subir la domination du chapitre
de Saint-Martin, parvinrent à établir leur commune.

La rue de la Boule-Peinte, dans laquelle on remarque quelques hôtels des xve et
xvr siècles, a conservé tout son aspect primitif; ses vieilles maisons forment l'ensemble
le plus pittoresque. Elle va être presque entièrement détruite par l'ouverture d'une
voie nouvelle votée par le conseil municipal. L'on trouve à l'une des extrémités de
cette rue de grands et hauts bâtiments que l'on croit avoir renfermé les premières
manufactures établies à Tours pour la fabrication des étoffes de soie, industrie qui prit
bientôt dans cette ville un développement considérable. Ils vont être également démo-
lis par ordre de l'administration.

Tours a vu disparaître, il y a trois ans à peine, son ancien hôtel de ville. Ce vaste
et bel édifice, construit sous Louis II, fut abandonné par la municipalité ven la fin du
xvme siècle, et a été entièrement rasé par son dernier propriétaire.

Vous le voyez, monsieur, on n'a point ici pour les monuments du passé ce respect
que je vous signalais récemment à Orléans. La municipalité semble d'une indifférence
des plus notoires. C'est, du reste, un des traits saillants du caractère tourangeau que
de ne pas aimer volontiers à se compromettre. Quand donc proposera-t-on d'élever dans
Tours un monument à Paul-Louis Courier ou à Balzac, une statue à l'immortel Rabe-
lais? On s'y contente de la statue de Descartes, fort mal placée, à notre avis, à l'entrée
du pont de pierre qui franchit la Loire 1. Mais Descartes résume-t-il en lui seul toutes
les forces intellectuelles de cette fertile contrée? La vie abondante et facile, les rela-
tions aimables mais tout intimes, une propension marquée vers la littérature émous-
sent peut-être ce qu'il faudrait d'énergie pour secouer cette douce nonchalance. Il
semble que la ville de Tours ait pris pour devise les mots qu'on lisait sur la porte
de cette abbaye de Thélème que je vous citais plus haut : « Fay ce que vouldras. »

PH. B 1IRTT.

1. J'ai vu dans une des salles de la mairie, au moment où il arrivait, un buste en bronze de
M. le maréchal Baraguay-d'Hilliers. On dit ce buste fort ressemblant. L'artiste a rendu avec
beaucoup de tact la glorieuse mutilation du militaire qui, alors lieutenant, perdit un bras à la
bataille de Dresde, et qui est aujourd'hui commandant de la division militaire du Centre.
 
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