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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 1
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Jacquemart, Albert: Collection d'objets d'art de M. le Duc de Morny, [2]: les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0033

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COLLECTION DE M. LE DUC DE MORNY.

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des adeptes, et prenait rang auprès des amulettes constellées, destinées
à garantir de la colique des poisons, ou de la morsure des serpents.

Pendant longtemps, les cabinets d’histoire naturelle n’ont possédé le
jade qu’en modestes échantillons, acquis pourtant à des prix fort élevés.
Il ne fallait rien moins que les relations récentes avec la Chine, et surtout
la prise du Yuen-Ming-Yuen, pour amener chez nous les œuvres d’art
les plus splendides, les morceaux les plus capitaux.

Avec son tact habituel, M. le duc de Morny a compris tout ce qu’il y
avait d’exceptionnel dans ces circonstances, et il en a profité pour enri-
chir son cabinet. Nous y trouvons, en effet, les nombreuses variétés de
la pierre yu, depuis le blanc pur et laiteux jusqu’au gris foncé et tacheté
de certain marbre, ici avec la demi-opacité de la cire, là offrant la presque
transparence de l’albâtre oriental ; d’autres nuances se rattachent au blanc
grisâtre par une teinte verte et nous conduisent au vert absolu, tantôt
uni, tantôt nuageux et jaspé avec parties translucides : puis viennent le
noir profond et le noir verdâtre; mais les deux espèces rares par-dessus
toutes sont le jade orange, dont on pourrait compter les exemplaires
réunis en Europe, et le jade impérial, inappréciable gemme, digne de
rivaliser avec certaines primes d’émeraude, lorsqu’elle est verte, et qui,
varié de vert et de blanc, produit un effet supérieur à celui des plus
riches agates. Presque inconnue avant notre expédition de Chine, cette
pierre n’est venue depuis qu’en échantillons peu nombreux. Nous la
trouvons, chez M. de Morny, formant le fond de deux écrans encadrés de
bronze ciselé et émaillé de bleu, que supportent des montures en bois
incrusté d’argent. Nous la voyons encore en boules, en anneaux, etc.,
dans des bijoux dont il sera question plus tard. Quant au jade orange, il
a servi à sculpter une double coupe représentant deux courges entourées
de leurs tiges feuillées garnies de vrilles ; cette délicieuse composition
n’est autre qu’un vase à laver le pinceau; son pied, en bois fouillé
finement, répond à la délicatesse du morceau principal.

Il existe, on n’en saurait douter, des pièces antiques en jade; si la
raison seule ne le faisait comprendre, d’après les paroles de Koung-Tseu,
l’empereur Rien-Long aurait pris soin de nous en instruire. Nous trouvons
en effet, dans la collection de M. l’amiral Page, une coupe inscrite du nien-
hao de 1736 à 1795, et de ces deux mots : fang-kou, semblable à l’an-
tique. Or, on comprend la difficulté de distinguer les originaux des copies,
lorsqu’il s’agit de monuments taillés dans une pierre inaltérable, réservée
aux classes privilégiées et qui, le plus souvent consacrée à des usages
religieux, a reproduit des formes invariables.

Rien-long, le restaurateur des anciennes splendeurs de la Chine, n’a
 
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