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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 1
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Jacquemart, Albert: Collection d'objets d'art de M. le Duc de Morny, [2]: les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0034

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pas peu contribué, pour sa part, à augmenter cette difficulté ; il s’est plu,
comme nous venons d’en avoir la preuve écrite, à faire copier les vieux
types et à formuler des légendes en caractères ta-tchouan. Ainsi, nous
voyons dans la collection un jade vert foncé presque translucide, taillé
en forme de ki-lin portant sur son dos un vase à quatre lobes tout ciselé
de feuilles d’eau et d’insignes de bon augure; il nous semblerait aperce-
voir un de ces bronzes hiératiques destinés à l’autel de Bouddha, et la
légende acclamatoire : Tien lou yong tchang, la félicité du ciel et une
splendeur éternelle, ajouterait aux présomptions d’antiquité, si, sur l’épa-
nouissement des lobes du vase on ne lisait : Kien-long nien-lrhy, fabri-
qué pendant la période Kien-Long, ce qui nous rejette en pleine époque
moderne.

Ce n’est donc point par la composition générale, par la nature des
inscriptions, mais par le faire seul qu’il faut juger de l’âge des pierres.
En étudiant à ce point de vue le cabinet de M. le duc de Morny, nous
n’avons pas tardé à découvrir deux plaques pyriformes antiques, en jade
blanc verdâtre, sculptées à jour et portées sur des pieds à rainures en
croissants ; nous y avons reconnu tout d’abord le pi ou kouei. Cette
pierre honorifique, terminée en pointe, est composée, à sa partie infé-
rieure, d’un cercle percé au centre, cercle dans lequel on lit quatre
caractères tchouan : Tseu-sim chang-tsou, qui doivent s’interpréter : le
fils et le petit-fils, pour perpétuer le souvenir de leurs ancêtres. Voilà
donc une formule connue, malgré sa forme vague; elle nous reporte à
l’époque desChang et desTcheou1, en prouvant d’ailleurs que les souve-
rains de ces périodes éloignées faisaient rivaliser le jade avec les métaux
précieux pour parer l’autel domestique.

Un autre pi, beaucoup plus grand, va nous initier à quelques-unes
des cérémonies du culte de la Divinité. Les commentateurs chinois nous
apprennent que les tings à trois pieds, appelés s an kong, sont consacrés à
trois étoiles, et dominent les princes, les ministres et le peuple. Dans
cette pièce, la constellation vei-youe-yan est figurée nettement, et l’em-
pereur devait seul s’en servir pour rendre hommage au ciel. En effet,
sur le jade verdâtre veiné de noir et de blanc ressortent, d’un côté,
deux dragons entourant le feu du ciel, et, de l’autre, de riches arabes-
ques surmontées des trois étoiles formant triangle et reliées entre elles
par des traits gravés. Le support lui-même est symbolique et d’une
beauté d’exécution digne de la puissance souveraine ; un groupe de nuages
roulant en demi-cercle reçoit la rotondité du pi et la pointe, détachée en

I. Voir § I ce que nous avons dit des légendes honorifiques.
 
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