COLLECTION DE M. LE DUC DE MORNY.
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kouei, qui part de la circonférence. Ces nuages posent sur le dos d’un
bœuf émergeant des flots, et le tout est porté par un socle à double gale-
rie sculptée à jour.
Les objets moins directs du culte sont nombreux dans la collection;
les tings s’y montrent sous les formes les plus élégantes et avec des détails
à confondre l’imagination; en voici un, en jade blanc pur, dont les quatre
pieds et les anses sont détachés dans la masse ; formulé en parallélo-
gramme rectangle allongé, on voit sur ses grandes surfaces l’emblème
consacré de la tête de dragon ; sur son couvercle est le chien deFo. Deux
autres, en jade vert translucide, ont la même forme générale enrichie
par quatre avant-corps cylindriques dissimulant les angles; des anses
en tête d’oiseaux, supportant des anneaux mobiles, ajoutent à la richesse
ornementale du corps, où d’anciens caractères en relief: cheoù, longé-
vité, fou, bonheur, viennent se mêler aux détails arabesques; mais la
partie la plus surprenante de ces pièces est le couvercle, dont chaque
angle supporte un dragon roulé sur lui-même, qui doit couronner la
partie cylindrique correspondante, tandis qu’au milieu un autre dragon à
cinq griffes, entièrement détaché et en relief, forme bouton. Un pied en
jade blanc violacé translucide et à galerie à jour reçoit chaque pièce et
repose à son tour sur un socle en bois à colonnettes.
11 faut réfléchir à la difficulté du travail d’une pierre dure et tenace
qu’on doit user et polir à l’émeri et à la poudre de diamant, pour com-
prendre et le mérite d’une œuvre aussi complexe et le temps qu’elle a dû
coûter à son auteur. C’est presque la vie cl’un homme qu’exigent, pour
arriver à bonne fin, certaines entreprises du lapidaire chinois; et si nous
consignons ici cette observation secondaire, c’est pour n’avoir plus à
nous y arrêter, soit à propos des jades, soit lorsqu’il s’agira des autres
gemmes.
Pour avoir une idée parfaite de la patience et des incroyables res-
sources des artistes orientaux, il suffit de jeter les yeux sur certaines
pièces de la collection : un jade blanc se formule en calice couvert sur-
monté d’une figure bouddhique accroupie, de forme indienne. La coupe
est supportée par trois aigles éployés tenant chacun dans le bec un
anneau mobile pris dans la masse; leurs serres reposent sur des orne-
ments enroulés, rattachés vers leur base et terminés par trois boules
servant à la station de l’ensemble. Tout cela est si bien isolé, refouillé si
profondément, qu’on craint de voir les diverses parties se séparer au
moindre contact. Deux petits vases, l’un sans monture, l’autre suspendu
dans son kia-lse en bois sculpté, semblent plus merveilleux encore;
outre le corps de chaque vase et son couvercle, on a trouvé, dans le
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kouei, qui part de la circonférence. Ces nuages posent sur le dos d’un
bœuf émergeant des flots, et le tout est porté par un socle à double gale-
rie sculptée à jour.
Les objets moins directs du culte sont nombreux dans la collection;
les tings s’y montrent sous les formes les plus élégantes et avec des détails
à confondre l’imagination; en voici un, en jade blanc pur, dont les quatre
pieds et les anses sont détachés dans la masse ; formulé en parallélo-
gramme rectangle allongé, on voit sur ses grandes surfaces l’emblème
consacré de la tête de dragon ; sur son couvercle est le chien deFo. Deux
autres, en jade vert translucide, ont la même forme générale enrichie
par quatre avant-corps cylindriques dissimulant les angles; des anses
en tête d’oiseaux, supportant des anneaux mobiles, ajoutent à la richesse
ornementale du corps, où d’anciens caractères en relief: cheoù, longé-
vité, fou, bonheur, viennent se mêler aux détails arabesques; mais la
partie la plus surprenante de ces pièces est le couvercle, dont chaque
angle supporte un dragon roulé sur lui-même, qui doit couronner la
partie cylindrique correspondante, tandis qu’au milieu un autre dragon à
cinq griffes, entièrement détaché et en relief, forme bouton. Un pied en
jade blanc violacé translucide et à galerie à jour reçoit chaque pièce et
repose à son tour sur un socle en bois à colonnettes.
11 faut réfléchir à la difficulté du travail d’une pierre dure et tenace
qu’on doit user et polir à l’émeri et à la poudre de diamant, pour com-
prendre et le mérite d’une œuvre aussi complexe et le temps qu’elle a dû
coûter à son auteur. C’est presque la vie cl’un homme qu’exigent, pour
arriver à bonne fin, certaines entreprises du lapidaire chinois; et si nous
consignons ici cette observation secondaire, c’est pour n’avoir plus à
nous y arrêter, soit à propos des jades, soit lorsqu’il s’agira des autres
gemmes.
Pour avoir une idée parfaite de la patience et des incroyables res-
sources des artistes orientaux, il suffit de jeter les yeux sur certaines
pièces de la collection : un jade blanc se formule en calice couvert sur-
monté d’une figure bouddhique accroupie, de forme indienne. La coupe
est supportée par trois aigles éployés tenant chacun dans le bec un
anneau mobile pris dans la masse; leurs serres reposent sur des orne-
ments enroulés, rattachés vers leur base et terminés par trois boules
servant à la station de l’ensemble. Tout cela est si bien isolé, refouillé si
profondément, qu’on craint de voir les diverses parties se séparer au
moindre contact. Deux petits vases, l’un sans monture, l’autre suspendu
dans son kia-lse en bois sculpté, semblent plus merveilleux encore;
outre le corps de chaque vase et son couvercle, on a trouvé, dans le