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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Champfleury: Notes sur la caricature dans l'antiquité, [1]
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52

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

« Voici, disait Wieland, une assertion qui paraîtra une hérésie à cer-
taines gens, car, depids que Winckelmann donne le ton chez nous, et qu’il
a tant écrit sur le beau idéal, sur l’art chez les Grecs, et sur les lois
éternelles du beau qu’on remarquait dans toutes leurs œuvres, beaucoup
de gens ont conçu une fausse idée de l’art de la peinture chez les Grecs,
et ne sauraient s’imaginer que, depuis le temps de Cimabué et de Van
Eyck, il n’a pas existé dans l’école moderne un seul maître de quelque
réputation qui n’ait eu son pareil dans l’ancienne Grèce. Cependant,
comme je l’annonce, elle eut même ses grotesques. »

Et Wieland, s’appuyant sur les textes de Pline, montrait que l’anti-
quité avait eu des peintres de mœurs, des paysagistes, des peintres de
nature morte et des peintres grotesques. Dans la Politique d’Aristote, le
mot yacou; ne pouvait, suivant Wieland, être traduit que par le mot
caricature.

11 y a bientôt un siècle que fut publié cet article qui dut intéresser les
Athéniens de Weimar. On le tire de la poussière aujourd’hui : le docteur
Schnaage1 va contre l’art grotesque chez les Grecs; il trouve faibles les
raisons de Wieland. Pourquoi ne pas dire faibles les raisons d’Aristote et
de Pline ?

Ees arts marchent côte à côte. Ils font pendant pour ainsi dire. En
regard de Sophocle, Phidias. La niche en face de la statue d’Aristophane
restera-t-elle vide? Qui fera vis-à-vis à Lucien? Il s’est trouvé de grands
satyriques qui ne respectaient ni les hommes ni les dieux, et leurs har-
diesses n’auront pas enfanté de hardis crayons !

Presque en même temps que Wieland, un esprit charmant, le comte
de Gaylus, qui, mieux que le conteur allemand, connaissait l’antiquité
par ses monuments, eut aussi le soupçon de l’art satyrique.

Deux brochures modernes ont confirmé l’opinion de Wieland et de
Gaylus, deux brochures signées Charles Lenormant et Panofka.

Une main pieuse et filiale m’a fait passer la thèse du savant membre
de l’Institut que je ne connaissais pas lorsque j’entrepris la publication de
Y Essai dans la Gazette. Wieland et Gaylus m’étaient également inconnus.
J’avais montré seulement Panofka préoccupé de certains vases grecs et
cherchant à démêler le sens satyrique de symboles mystiques se profilant
en noir sur l’ocre du fond; mais le mémoire trop restreint de l’érudit
berlinois n’est qu’un jalon. Panofka, si versé dans l’antiquité, eut pu
étendre de beaucoup ses recherches; il s’est appesanti sur des sujets d’un
satyrique douteux et a négligé nombre de peintures grotesques que mieux

\. Auteur cTune volumineuse Histoire cle l’art, qu’on traduit sous ses yeux à Dus-
seldorf.
 
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