Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Champfleury: Notes sur la caricature dans l'antiquité, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0061

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LA CARICATURE DANS L’ANTIQUITE.

55

Le potier de la lampe de Pouzzoles n’offre-t-il pas quelque ressem-
blance avec Vulcain ?

M. Lenormant ayant cherché quel était l’usage de cette lampe, le sens
des inscriptions gravées dessus et dessous, et quels personnages ces dieux
représentent, il est utile de citer son opinion en entier :

« Nous avons là un vœu soit poui' obtenir une heureuse navigation, soit en remer-
cîment d’un trajet sur les eaux accompli heureusement sous les auspices des dieux. Le
monument du vœu représente le navire lui-même. A la place de rangs de rames se
trouvent vingt trous à mèches.

a Le mot inscrit au milieu, Eù-/.oîa, heureuse navigation, montre le dessein de
l’ouvrier.

« En tète se dresse un jeune homme avec le bonnet phrygien, la lance et la chla-
myde, debout près d’un cheval dont il tient les rênes : sans aucun doute, c’est l’un des
frères chllélène, astres brillants, qui écartaient les tempêtes des âmes, pieuses. Plus
haut se trouve Isis, avec les attributs de la Fortune et de l’Eù0u'naç, portant une corne
pleine de fruits et de fleurs de lotus, la couronne égyptienne, le signe du croissant, et
debout près de Sérapis que rendent suffisamment reconnaissable sa barbe, son pallium,
son aspect et les rayons qui l’entourent. Le gouvernail sur lequel il s’appuie convien-
drait mieux à Isis Pharia, maîtresse de l’art de la navigation, si nous ne trouvions sur
les monnaies d’Alexandrie Sérapis appuyé sur un gouvernail. Aussi admettrait-on sans
peine que ce dieu, chez les anciens, était l’un de ceux qui président à la navigation.

« Yoilà pour la poupe du navire. A l’avant se trouve la tète jeune et rayonnante du
Soleil, navigateur lui aussi d’après la mythologie égyptienne, origine de la religion de
Sérapis. Les anciens eux-mèmes rapportent qu’Hercule traversa la mer sur une coupe.
D’ailleurs le Soleil et Sérapis, quelle qu’ait été l’intention de l’auteur du vase, réunissent
l’exemple le plus rare et le plus sacré d’une heureuse navigation. Cette opinion, qui
paraît embrouillée aux modernes, est cependant éclaircie par l’inscription gravée sous
la lampe : AXBEMETONHAiojffepAiHN, Sois-moi favorable. Soleil Sérapis. C’est
pourquoi ce navire, orné des signes du Soleil et de Sérapis, est offert à ces dieux mêmes
réunis en un seul. »

Après avoir cherché l’origine de ces dieux, M. Lenormant passe à la
troisième sculpture qui se rattache à l’art grotesque, et il a pris le soin
de faire dessiner avec quelques développements la figure singulière dont
les attributs sont parlants comme les signatures des ouvriers au moyen
âge. C’est certainement un potier: il tient un vase dans ses mains et va le
faire cuire dans le four qui est en face de lui, et, pour qu’il n’y ait aucun
doute à ce sujet, l’artiste grec a modelé aux pieds du potier ses instru-
ments de travail entre lesquels se remarque l’ébauchoir.

La coiffure de l’ouvrier a été expliquée ainsi par M. Lenormant : « On
croirait voir sur sa tête une corne de bélier, si on ne reconnaissait là la
manière de tresser les cheveux en corne qui se retrouve souvent dans les
statues des dieux égyptiens. »
 
Annotationen