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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Les peintures de M. Gigoux dans l'église Saint-Gervais, à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0186

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LES PEINTURES DE M. G1G0UX.

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tance; onctueuse et ferme, elle prend la solidité mate des surfaces mu-
rales, et elle concilie la franchise et la consistance du procédé à l’huile
avec la limpidité de la fresque.

Le succès de M. Gigoux nous a fait un sensible plaisir, d’autant plus
sensible que hauteur a eu dans sa vie des moments de défaillance, et
qu’il a retrouvé son vrai chemin après s’être pendant quelque temps égaré,
ce qui est extrêmement rare. Ayant eu de bonne heure un atelier d’élèves,
il a cherché des formules d’enseignement, il a fait le tour de toutes les
méthodes ; il a peint tantôt au soleil, tantôt à la lampe, tantôt à la lu-
mière diffuse. 11 a consumé des années précieuses dans les inquiétudes de
son art, toujours en quête du mieux, toujours marchant à la découverte
des secrets intimes de la nature, toujours tourmenté par l’ambition d’at-
teindre cà ce but final : exprimer sur une surface plane le relief des corps,
la présence de l’air, le charme de la perspective, et pour tout dire en un
mot, discerner les plans. Avant de s’occuper du style, M. Gigoux s’est
préoccupé de la vie, et cette recherche des phénomènes naturels l’a mené
tellement loin qu’il en a perdu pour un temps le sentiment même de la
vérité, qu’il avait eu d’abord si juste et si vif. Certains maîtres ont exercé
sur lui des influences diverses, dont les résultats ne valaient pas à beau-
coup près ceux qu’il avait obtenus dans la naïveté de sa jeunesse et ceux
qu’il ressaisit aujourd’hui dans la force et l’expérience de l’âge mûr. Ses
admirations lui ont fait aimer successivement le réalisme de Guerchin, la
précision métallique d’Albert Durer, haccentuation positive et nette de
Géricault, la poétique vaguesse de Prudhon, et ainsi ballotté par ses im-
pressions changeantes, M. Gigoux a passé plusieurs années à inquiéter
ses amis et à s’inquiéter lui-même. Et cependant, lui seul a été tempo-
rairement la victime de ses tourments et de ses doutes, car les artistes
sortis de son atelier ont tous marqué leur place et, à différents degrés,
ont tous acquis une réputation brillante : Clésinger dans la sculpture,
Français, Baron, Faustin, Besson dans la peinture, Mouilleron dans la
lithographie, Maxime Lalanne dans le dessin et la gravure à l’eau-forte,
et bien d’autres, sans parler de ceux qui sont établis et connus à l’étran-
ger, tels que M. Cisneros, directeur de h Académie, à la Havane. C’est
vers 18/i9, quand il peignait la Cléopâtre qui est au musée du Luxem-
bourg, que M. Gigoux retrouva tout à coup sa voie. Triomphant enfin de
ses incertitudes, il s’est fait depuis une manière de plus en plus large et
sûre, ajoutant à son ancienne vigueur la gravité, la sagesse, la tenue.

On le voit, M. Gigoux n’en est pas à son coup d’essai; il n’est pas non
plus à la fin de sa carrière. Robuste et vaillant, il s’est levé de grand
matin et il travaillera jusqu’à la dernière heure. H y a longtemps déjà
 
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