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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 3
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Thoré, Théophile: Galerie de MM. Pereire, [1]: les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0223

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GALERIE PEREIRE.

207

blondine tombe mollement en boucles frisées. Sur le devant du corsage,
aux épaulettes et aux poignets, quelques nœuds de ruban couleur ca-
mélia. Ses petites mains pâles et à peine envermillonnées tiennent, de
chaque côté, un pli de sa robe qui se ballonne galantement. Peut-être
va-t-elle danser. On a presque peur qu’elle ne s’envole, malgré la réalité
prodigieuse de cette peinture à la fois si plastique et pourtant si subtile.
Le visage est d’une naïveté tout enfantine, frais de modelé, fin de ton,
avec d’adorables nuances rosées. Pour les tons de la peau , Velâzquez
surpasse même Corrége et Rubens, les premiers coloristes dans le clair.

Ah ! comme c’est peint ! avec quoi ? La pâte en est perdue !
Watteau en retrouva cependant quelque peu, vers le commencement
du xvme siècle.

Cette Infante de la galerie de M. Émile Pereire ferait un digne pen-
dant à Y Infante, en robe noire, de la galerie de M. de Morny L

Un autre portrait d’Infante, en buste, souvent attribué à Velâzquez
lui-même, nous paraît être de Juan-Bautista del Mazo Martinez, élève et
gendre de Velâzquez. La touche en est violente, le ton extrêmement
énergique. Beau morceau pour un artiste. Mazo Martinez exagérait encore
la franchise d’exécution qui caractérise son maître.

Dans l’école de Velâzquez a été peint un portrait de Philippe IV, en
buste, sans doute d’après un des nombreux originaux. Un portrait de la
femme de Philippe IV, Isabelle de Bourbon, rappelle aussi ceux que
Velâzquez fit de cette princesse. 11 ne semble pourtant pas être une copie,
et on l’attribue à don Juan Carreno de Miranda, sectateur de Velâzquez,
sans avoir été son disciple.

Ces trois portraits et la belle Infante debout proviennent de la collec-
tion achetée à Madrid, ainsi que deux autres Velâzquez : une Adoration
des Bergers, de la première manière, et assez analogue au tableau de
l’ancien musée espagnol appartenant au roi Louis-Philippe; des Poissons,
vaillante peinture , utilisée pour la décoration du château cl’Armin-
villiers.

Mais voici la trouvaille faite dans cette même collection de Madrid et
racontée par plusieurs journaux de Paris et de l’étranger : après avoir
extrait de ces centaines de tableaux une cinquantaine d’œuvres très-dis-
tinguées , il restait encore à inspecter quelques vieilles toiles roulées et
oubliées en un coin. On en déroule une, sur le parquet. —■ Tiens! c’est la
même composition que les Fileuses — las Ililanderas, — le célèbre ta-
bleau de Velâzquez au musée de Madrid. Et c’est superbe d’exécution! et 1

1. Cette Infante a été gravée dans la Gazette, t. XIV, p. 389.
 
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