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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de M. de Morny, en 1852. Pour cette somme-là, on aurait un portrait de
Rembrandt ou de van Dyck !
Denner cependant a fait quelquefois de la peinture tolérable. Ce
n’était point l’adresse qui lui manquait, pas plus qu’à son compatriote
Dietrick; c’était le sentiment artiste et poétique. Quand il se relâche un
peu de son procédé minutieux, il n’est pas plus mauvais qu’un autre. Un
second portrait, Vieillard, vu à mi-corps, est exécuté dans cette manière
plus large et dans une gamme de couleur brunâtre qui cherche l’école de
Rembrandt. Le portrait de Vieille est signé d’un monogramme composé
des lettres BD avec un J, à ce qu’il semble. Denner aurait-il eu encore,
outre son prénom Balthasar, un autre prénom commençant par J ?
Plazer va bien après Denner. 11 est assez peu connu en France, et l’on
n’y rencontre guère de ses tableaux. Mais on en voit dans plusieurs
musées de l’Allemagne, par exemple huit au musée de Dresde, deux au
musée de Vienne, deux au musée de Gassel, etc. ïl en a passé deux à la
vente Leroy d’Etiolles, Paris, février 1861 : Ariane consolée par Bacchus et
le Combat clés Centaures et clés Lapithes, vendus ensemble 11,300 francs !
C’est cher pour une peinture si fausse et si maniérée. 11 n’y a pas de
peinture plus tapotée et plus papillotante que celle de Plazer, plus mal-
saine pour le regard. La couleur brillantée miroite comme des verro-
teries et fatigue les yeux. On a peine à distinguer les formes dans les
tableaux de cette espèce de mosaïste : tout y est fabriqué avec la même
pâte et par le même procédé, personnages, costumes, objets matériels,
paysages, et même le ciel. On peut très-bien juger Plazer d’après sa Bac-
chanale de la galerie Pereire, composition éclatante, avec grand nombre
de figures autour du Bacchus trônant sur une estrade et appuyé sur un
tonneau, avec des Amours en l’air qui portent des guirlandes, avec des
accessoires de toute sorte, jonchés sur le sol.
Vé à Vintschgau (Tyrol) en 170A , Johann-Victor Plazer mourut à
Epan (Tyrol) en 1767.
Reposons-nous de ces maniéristes, avec le brave Elzheimer. Son ta-
bleau de la galerie Pereire est un de ses meilleurs : petit paysage, har-
monieux et poétique, avec l’épisode du Bon Samaritain, en figurines.
Rembrandt a traité plusieurs fois ce sujet, en peinture et à l’eau-forte, et,
une fois, comme Elzheimer, il en a fait aussi l’accessoire d’un superbe
paysage. Ce tableau de Rembrandt, nous l’avons vu dans la collection
du prince Czartoryski, hôtel Lambert.
Encore deux peintures de l’école allemande : un fin paysage, assez
arcadique, de Paulus Ferg, né à Vienne et mort à Londres, et un petit
portrait de. Vieille femme, daté 1538. On l’attribue àïïolbein; je le croi-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de M. de Morny, en 1852. Pour cette somme-là, on aurait un portrait de
Rembrandt ou de van Dyck !
Denner cependant a fait quelquefois de la peinture tolérable. Ce
n’était point l’adresse qui lui manquait, pas plus qu’à son compatriote
Dietrick; c’était le sentiment artiste et poétique. Quand il se relâche un
peu de son procédé minutieux, il n’est pas plus mauvais qu’un autre. Un
second portrait, Vieillard, vu à mi-corps, est exécuté dans cette manière
plus large et dans une gamme de couleur brunâtre qui cherche l’école de
Rembrandt. Le portrait de Vieille est signé d’un monogramme composé
des lettres BD avec un J, à ce qu’il semble. Denner aurait-il eu encore,
outre son prénom Balthasar, un autre prénom commençant par J ?
Plazer va bien après Denner. 11 est assez peu connu en France, et l’on
n’y rencontre guère de ses tableaux. Mais on en voit dans plusieurs
musées de l’Allemagne, par exemple huit au musée de Dresde, deux au
musée de Vienne, deux au musée de Gassel, etc. ïl en a passé deux à la
vente Leroy d’Etiolles, Paris, février 1861 : Ariane consolée par Bacchus et
le Combat clés Centaures et clés Lapithes, vendus ensemble 11,300 francs !
C’est cher pour une peinture si fausse et si maniérée. 11 n’y a pas de
peinture plus tapotée et plus papillotante que celle de Plazer, plus mal-
saine pour le regard. La couleur brillantée miroite comme des verro-
teries et fatigue les yeux. On a peine à distinguer les formes dans les
tableaux de cette espèce de mosaïste : tout y est fabriqué avec la même
pâte et par le même procédé, personnages, costumes, objets matériels,
paysages, et même le ciel. On peut très-bien juger Plazer d’après sa Bac-
chanale de la galerie Pereire, composition éclatante, avec grand nombre
de figures autour du Bacchus trônant sur une estrade et appuyé sur un
tonneau, avec des Amours en l’air qui portent des guirlandes, avec des
accessoires de toute sorte, jonchés sur le sol.
Vé à Vintschgau (Tyrol) en 170A , Johann-Victor Plazer mourut à
Epan (Tyrol) en 1767.
Reposons-nous de ces maniéristes, avec le brave Elzheimer. Son ta-
bleau de la galerie Pereire est un de ses meilleurs : petit paysage, har-
monieux et poétique, avec l’épisode du Bon Samaritain, en figurines.
Rembrandt a traité plusieurs fois ce sujet, en peinture et à l’eau-forte, et,
une fois, comme Elzheimer, il en a fait aussi l’accessoire d’un superbe
paysage. Ce tableau de Rembrandt, nous l’avons vu dans la collection
du prince Czartoryski, hôtel Lambert.
Encore deux peintures de l’école allemande : un fin paysage, assez
arcadique, de Paulus Ferg, né à Vienne et mort à Londres, et un petit
portrait de. Vieille femme, daté 1538. On l’attribue àïïolbein; je le croi-