GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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un excellent catalogue. Mise aux enchères, elle rapporta 46/1,677 livres1.
L’autre partie, dont Nyon rédigea le catalogue en 6 vol. in-8°, et qui
comprenait 27,000 articles environ, fut achetée tout entière par M. de
Paulmy, et jointe à sa propre collection. Le tout acheté un peu plus tard
par le comte d’Artois devint, comme on sait, le principal fonds de la
bibliothèque de l'Arsenal.
La collection de M. de La Yallière dépassait les proportions de celle
d’un particulier. C’était une bibliothèque de roi. Celle de M. Girardot
de Préfond, qui se fit auprès une réputation presque égale, n’était, pour
nous servir cl’une expression du temps, n’était qu’un cabinet. On n’en
avait pas vu jusqu’alors, il est vrai, de plus merveilleux. Liden, qui le
visita, met les richesses qu’il y put admirer presque au-dessus de celles
qui l’avaient émerveillé chez M. de La Yallière. « J’ai, dit-il2, été tout
surpris de rencontrer une pareille collection chez un particulier. Elle
consiste exclusivement en livres rares, si nombreux qu’on ne les trou-
verait certainement pas dans cent autres bibliothèques. Le propriétaire
est enthousiaste de ces raretés. Tous ces livres sont admirablement reliés,
en maroquin avec dorure. »
Cette collection, visitée en 1770 par notre Suédois, était la seconde
que Girardot de Préfond se fut donné le plaisir de former. Il n’avait
trouvé que ce moyen de se consoler de la vente de la première, dont il
s’était défait en 1757, « je ne sais, dit Liden, par suite de quelle circon-
stance. » Ce n’était peut-être que pour faire mieux. Sa nouvelle biblio-
thèque fut en effet bien supérieure à l’autre, pour le choix des livres et
leur condition. Il est aisé de distinguer ceux qui proviennent de la
première, de ceux, plus précieux, qui proviennent de la seconde. Sur
ceux-là Girardot de Préfond s’était contenté de faire graver son nom en
lettres d’or, ou d’appliquer sur la garde de la reliure les trois tûtes qui
sont ses armes; tandis que, pour les autres, il fit coller sur la garde un
écusson de maroquin vert avec cette inscription en lettres d’or : Ex musœo
Pauli Girardot de Pré fond. 11 dut aussi se séparer de ce trésor, et
cette fois ce fut, dit-on, aux instances trop pressantes de ses créanciers3.
Un jour, la plus belle partie de sa bibliothèque fut emportée de l’hôtel
qu’en quittant la rue de Touraine4 il était venu habiter rue du Sentier5.
1. Notices et extraits, etc. — « Ces mêmes volumes, dit avec raison M. Geffroy.
livrés aujourd’hui aux chances des enchères, donneraient plusieurs millions. »
2. Notices et extraits, etc., p. 426.
3. Brunet, Manuel, nouvelle édition, t. II, p. 632.
4. Notices et extraits, etc., p. 427.
5. Almanach de Paris pour 1781, p. 96.
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un excellent catalogue. Mise aux enchères, elle rapporta 46/1,677 livres1.
L’autre partie, dont Nyon rédigea le catalogue en 6 vol. in-8°, et qui
comprenait 27,000 articles environ, fut achetée tout entière par M. de
Paulmy, et jointe à sa propre collection. Le tout acheté un peu plus tard
par le comte d’Artois devint, comme on sait, le principal fonds de la
bibliothèque de l'Arsenal.
La collection de M. de La Yallière dépassait les proportions de celle
d’un particulier. C’était une bibliothèque de roi. Celle de M. Girardot
de Préfond, qui se fit auprès une réputation presque égale, n’était, pour
nous servir cl’une expression du temps, n’était qu’un cabinet. On n’en
avait pas vu jusqu’alors, il est vrai, de plus merveilleux. Liden, qui le
visita, met les richesses qu’il y put admirer presque au-dessus de celles
qui l’avaient émerveillé chez M. de La Yallière. « J’ai, dit-il2, été tout
surpris de rencontrer une pareille collection chez un particulier. Elle
consiste exclusivement en livres rares, si nombreux qu’on ne les trou-
verait certainement pas dans cent autres bibliothèques. Le propriétaire
est enthousiaste de ces raretés. Tous ces livres sont admirablement reliés,
en maroquin avec dorure. »
Cette collection, visitée en 1770 par notre Suédois, était la seconde
que Girardot de Préfond se fut donné le plaisir de former. Il n’avait
trouvé que ce moyen de se consoler de la vente de la première, dont il
s’était défait en 1757, « je ne sais, dit Liden, par suite de quelle circon-
stance. » Ce n’était peut-être que pour faire mieux. Sa nouvelle biblio-
thèque fut en effet bien supérieure à l’autre, pour le choix des livres et
leur condition. Il est aisé de distinguer ceux qui proviennent de la
première, de ceux, plus précieux, qui proviennent de la seconde. Sur
ceux-là Girardot de Préfond s’était contenté de faire graver son nom en
lettres d’or, ou d’appliquer sur la garde de la reliure les trois tûtes qui
sont ses armes; tandis que, pour les autres, il fit coller sur la garde un
écusson de maroquin vert avec cette inscription en lettres d’or : Ex musœo
Pauli Girardot de Pré fond. 11 dut aussi se séparer de ce trésor, et
cette fois ce fut, dit-on, aux instances trop pressantes de ses créanciers3.
Un jour, la plus belle partie de sa bibliothèque fut emportée de l’hôtel
qu’en quittant la rue de Touraine4 il était venu habiter rue du Sentier5.
1. Notices et extraits, etc. — « Ces mêmes volumes, dit avec raison M. Geffroy.
livrés aujourd’hui aux chances des enchères, donneraient plusieurs millions. »
2. Notices et extraits, etc., p. 426.
3. Brunet, Manuel, nouvelle édition, t. II, p. 632.
4. Notices et extraits, etc., p. 427.
5. Almanach de Paris pour 1781, p. 96.