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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 5
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Fournier, Edouard: L' art de la reliure en France, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0469

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L’ART DE LA RELIURE EN FRANGE.

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Le comte de Mac-Carthy la lui avait payée 50,000 livres. 11 la fondit
dans la sienne qui, vendue en 1817, produisit la somme énorme de
404,746 francs.

Gaignat, rival de Girardot de Préfond en bibliomanie, n’eut pas de ces
crève-cœurs. Il ne forma qu’une collection, et il la garda toujours. C’est
par désespoir qu’il l’avait faite après la mort de sa femme et de sa fille
qui n’avait que douze ans1. Ses livres et ses tableaux lui remplacèrent
tout. Il était riche, et, receveur des consignations des requêtes du Palais,
il avait une bonne charge, bien payée. Tout passa dans la satisfaction de
son goût pour les tableaux et les livres. « Ce n’était, dit Grimm2, qui le
juge sévèrement, ni un homme d’esprit, ni un homme de goût, mais
comme il n’achetait réellement que pour s’amuser, l’expérience lui tenait
lieu d’un naturel plus heureux; et, ajoute-t-il, son cabinet a cela de
particulier sur tous les cabinets connus de Paris que tout y est d’un choix
exquis, et l’on n’y trouve rien de médiocre. » Une des prétentions de
Gaignat était de n’avoir que des livres uniques 3. Il se mirait d’avance
dans le catalogue qui en serait dressé après lui', et pour lequel il avait
fait un legs considérable à de Bure, qui le rédigea. L’espoir de ce
bonheur posthume fut un des grands charmes de sa vie. Pour en être
bien assuré, pour n’avoir pas à douter que sa bibliothèque serait mise en
vente et illustrerait son nom par quelque grande bataille des enchères,
il écrivit à ce sujet une clause spéciale dans son testament4. Bien lui
en prit : sans cette clause, sa collection eût été enlevée en bloc par
l’impératrice Catherine, qui avait fait faire les offres les plus magni-
fiques 3.

Avec de pareils amateurs, de tels enthousiastes du livre, on comprend
que le métier de relieur fût devenu excellent à Paris. Les meilleurs, se
sentant nécessaires, exploitaient leur célébrité. Ils en tiraient vanité et
profit.

Padeloup avait souvent signé ses reliures. Son fils, qu’on appelait
Padeloup le jeune, signa plus souvent encore celles qui sortaient de ses
mains. J’en ai vu plusieurs où il s’était donné cette satisfaction d’amour-
propre, notamment un Psalterium elzévieiy très-joliment habillé de
maroquin à compartiments, qui se trouvait chez M. Cigongne.

Derome se donnait plus rarement cette vanité de l’estampille, mais

'I. Correspondance de Grimm, 17 mars 1768.

2. Ibid.j, 15 avril 1768.

3. Mémoires secrets. 1er août 1767.

4. Ibid.

5. Ibid.,, et Correspondance de Diderot, I™ édition, t. II!, p. 37, 49.
 
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