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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 16.1864

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Nr. 6
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 2, Sculpture, 1-4: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18739#0512

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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D’ailleurs, quand elles sont indépendantes de l’architecture, les
œuvres du sculpteur ne se détachent point sur un ciel factice, comme
les figures du peintre dans son tableau; elles s’enlèvent sur le vrai ciel,
sur le vrai paysage, de sorte que, par la réalité des objets qui l’environ-
nent autant que par ses formes tangibles, la sculpture nous rend l’idéal
plus doucement abordable; elle le met en quelque sorte à notre portée;
elle le marie avec la nature en la prenant pour cadre.

Et afin que l’habitude ne diminue point le respect qu’elles doivent
nous inspirer, afin que notre admiration ne cesse pas d’être réservée, le
statuaire a élevé ses figures sur un piédestal qui en double la hauteur.
Elles portent sur la terre, mais sans y toucher. Nous les voyons ainsi
toujours près de nous, mais toujours au-dessus de nous, de manière que
leur beauté nous accoutume à elles, mais en nous tenant à distance. Elles
deviennent familières en restant vénérables. Le piédestal est l’image de
leur supériorité, la marque de leur destination et de leur grandeur.

III.

LA SCULPTURE PEUT S’ÉLEVER AU SUBLIME
LORSQUE, PAR DES FIGURES COLOSSALES ET CONFORMES AU GÉNIE DE l’ARCHITECTURE,
ELLE ÉVEILLE L’iDÉE d’üNE DURÉE ÉTERNELLE ET LE SENTIMENT DE L’iNFINI.

L’enfance des peuples est toujours plus près du sublime que du
beau, parce qu’elle est absorbée dans la contemplation du spectacle au-
quel appartient le sublime, qui est l’univers, et quelle n’a pas encore
regardé de près à la forme humaine, qui est celle de la beauté par excel-
lence. Partout les nations ont débuté par le colossal, et les plus anciens
ouvrages des plus anciens pays de la terre, en matière de sculpture, pré-
sentent ce singulier phénomène qu’ils ont le caractère de la grandeur,
non-seulement par les dimensions de l’œuvre, mais par l’expression
morale qu’engendre une imitation abrégée, concise et d’autant plus
imposante. C’est à l’origine des arts que se trouve à la fois ce qu’il y a
de plus subtil dans l’idée et de plus massif dans la forme, le plus de
matière et le moins de matérialisme. Au premier abord il semblerait que
les arts ne peuvent atteindre à ce genre d’éloquence qu’après être par-
venus à leur maturité, presque à leur vieillesse; or il se trouve, au con-
 
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