DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Burty, Philippe: La gravure au Salon de 1864
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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baguettes enchantées. Mais l’autre bois, celui où le Maure court sur le
rivage et maudit sa fille qui s’enfuit clans la barque clés chrétiens,
était-il possible de le rendre plus banal et plus triste à la vue ? Il semble
qu’on entende le grincement de la mécanique traçant ces lignes paral-
lèles et ondulées qui ressemblent aux fils d’une tapisserie des Gobelins
usée jusqu’à la chaîne.
Nous tenons à bien expliquer notre pensée. Ce ne sont point les gra-
veurs contemporains que nous accusons, mais surtout le système cle cer-
tains dessinateurs. Nous savons tout ce qu’il y a cle talent, cl’auclace,
d’habileté clans l’école des graveurs aujourd’hui. Mais on les force
d’appliquer mal ce talent, et certaines publications qui visent à orner
leurs pages d’illustrations rappelant surtout le ton des burins, ont été les
premières coupables. Ce qu’il faut avant tout à un bois pour qu’il charme,
c’est le piquant et l’imprévu, et il est facile d’obtenir ces qualités en va-
riant le jeu des travaux clans les gris et les noirs. Le Vagabond cle
M. Verdeil, d’après Gavarni; les deux bois cle M. Sotain, l’un d’après
Raffet, l’autre d’après Régnault, sont vifs comme des eaux-fortes; les
deux bois cle M. Perrichon, d’après des scènes cle Molière dessinées par
M. Rrion, sont d’un esprit charmant : clans celui qui représente MM. Dia-
foirus père, et fils, mille petites tailles croisées pour exprimer le gris du
fond laissent aux figures toute leur valeur et ne défigurent point le
travail original du maître.
M. Edmond Morin, un des plus charmants dessinateurs cle notre temps,
qui s’est formé en Angleterre,à la grande école cle Gilbert, et qui sait au-
jourd’hui tirer du blanc presque sans opposition les effets les plus pi-
quants, a trouvé clans M. Charles Maurand un excellent interprète; la
Ronde du hareng a la folle gaieté d’un couplet chanté à pleins poumons
au bord cle la mer. M. Peulot, qui grave si scrupuleusement en fac-
similé V& beaux dessins cle M. Daubigny, est, pour le Monde illustré,
un graveur précieux ; la Messe du Saint-Esprit dans la Sainte-Chapelle
doit rester comme un modèle du genre.
Peut-être, puisque l’on donnait une médaille aux graveurs d’ar-
chitecture, eût-on dû aussi songer aux graveurs sur bois, qui sont en
rapports constants avec la foule et exercent sur le goût public une
très-grande influence. Puisse-t-on y songer l’an prochain !
11 est d’usage, en terminant une critique cle Salon, cle résumer ses
impressions. La gravure et la lithographie du Salon cle I86/1 ne prêtent
cependant guère aux considérations générales. II est évident que le burin
est de plus en plus délaissé, et que d’ici à quelques années la Chalco-
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baguettes enchantées. Mais l’autre bois, celui où le Maure court sur le
rivage et maudit sa fille qui s’enfuit clans la barque clés chrétiens,
était-il possible de le rendre plus banal et plus triste à la vue ? Il semble
qu’on entende le grincement de la mécanique traçant ces lignes paral-
lèles et ondulées qui ressemblent aux fils d’une tapisserie des Gobelins
usée jusqu’à la chaîne.
Nous tenons à bien expliquer notre pensée. Ce ne sont point les gra-
veurs contemporains que nous accusons, mais surtout le système cle cer-
tains dessinateurs. Nous savons tout ce qu’il y a cle talent, cl’auclace,
d’habileté clans l’école des graveurs aujourd’hui. Mais on les force
d’appliquer mal ce talent, et certaines publications qui visent à orner
leurs pages d’illustrations rappelant surtout le ton des burins, ont été les
premières coupables. Ce qu’il faut avant tout à un bois pour qu’il charme,
c’est le piquant et l’imprévu, et il est facile d’obtenir ces qualités en va-
riant le jeu des travaux clans les gris et les noirs. Le Vagabond cle
M. Verdeil, d’après Gavarni; les deux bois cle M. Sotain, l’un d’après
Raffet, l’autre d’après Régnault, sont vifs comme des eaux-fortes; les
deux bois cle M. Perrichon, d’après des scènes cle Molière dessinées par
M. Rrion, sont d’un esprit charmant : clans celui qui représente MM. Dia-
foirus père, et fils, mille petites tailles croisées pour exprimer le gris du
fond laissent aux figures toute leur valeur et ne défigurent point le
travail original du maître.
M. Edmond Morin, un des plus charmants dessinateurs cle notre temps,
qui s’est formé en Angleterre,à la grande école cle Gilbert, et qui sait au-
jourd’hui tirer du blanc presque sans opposition les effets les plus pi-
quants, a trouvé clans M. Charles Maurand un excellent interprète; la
Ronde du hareng a la folle gaieté d’un couplet chanté à pleins poumons
au bord cle la mer. M. Peulot, qui grave si scrupuleusement en fac-
similé V& beaux dessins cle M. Daubigny, est, pour le Monde illustré,
un graveur précieux ; la Messe du Saint-Esprit dans la Sainte-Chapelle
doit rester comme un modèle du genre.
Peut-être, puisque l’on donnait une médaille aux graveurs d’ar-
chitecture, eût-on dû aussi songer aux graveurs sur bois, qui sont en
rapports constants avec la foule et exercent sur le goût public une
très-grande influence. Puisse-t-on y songer l’an prochain !
11 est d’usage, en terminant une critique cle Salon, cle résumer ses
impressions. La gravure et la lithographie du Salon cle I86/1 ne prêtent
cependant guère aux considérations générales. II est évident que le burin
est de plus en plus délaissé, et que d’ici à quelques années la Chalco-