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GAZETTE DES BEAUX-A BTS.
ner pour le bien, l’advantage et l’instruction desdits eslèves, et pour les
rendre capables de servir Sa Majesté, aftin qu’elle y puisse pourvoir.
« Fait à Saint-Germaift-en-Laye le quatriesme jour de décembre 1676 b »
Par un nouvel arrêté, signé le 28 octobre de l’année suivante, la
durée du séjour des pensionnaires, qui était indéterminée, fut fixée à
trois ans1 2. En même temps, l’on voit se régulariser la situation finan-
cière de l’Académie : le directeur reçoit annuellement 3,000 livres pour
sa pension, 600 pour l’entretien de chaque élève, environ 700 pour le
traitement des professeurs de mathématiques et d’anatomie; 200 livres
de viatique sont accordées à l’artiste qui revient en France après avoir
rempli convenablement ses devoirs3, et depuis son arrivée jusqu’à son
départ on lui fournit les couleurs, vernis, marbres, terres et autres objets
nécessaires à ses travaux. Avec les frais de modèles, de nourriture, de
domestiques (deux valets, un cuisinier, un suisse à la livrée du roi), et tous
les accessoires, la dépense annuelle monte à peu près à 18,000 livres4 5;
mais il faut dire que l’Académie ne compte en ce moment que huit pen-
sionnaires, et que cette somme, relativement très-modique, s’élèvera
bientôt après au double, malgré de nouvelles réductions du personnel.
Quand Errard et Colbert n’y seront plus, les embarras d’argent devien-
dront pour leur œuvre une cause fréquente de dépérissement.
De 1676 à 1683, Errard fit faire les quatre Termes, par Théodon et
Laviron, sculpteurs; les plans.du palais Farnèse et de plusieurs églises,
par Davillers; plusieurs grands vases de marbre copiés sur ceux des
palais Borghèse et Médicis ; une figure d’Antinous, par Lacroix. Il fit aussi
travailler des artistes italiens, entre autres Domenico Guidi, qui exécuta
un groupe de marbre pour le roi. 11 opéra la jonction de l’Académie de
France avec l’Académie romaine de Saint-Luc, et par là chacun de ces
deux instituts fut admis à profiter de tous les trésors artistiques de
l’autre. L’Académie de Paris fut très-reconnaissante à Errard de cette
union désirée, et le lui témoigna en le conservant, malgré son absence,
pour son directeur honoraire, qualité qu’elle lui avait déjà décernée en
1675 b La liste des ouvrages d’art exécutés sous sa direction peut être
1. Archives de l’Empire, O, 16,830.
%. V. P. Clément, V, 393.
3. Cette gratification, réduite pendant quelque temps à 180 ou même à 150 livres,
fut portée a 300 en 1730.
4. Comptes de l’Académie, année 1683.
5. Procès-verbaux de l’Acad. de peinture, 11 mai 1675, 19 décembre 1676.
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ner pour le bien, l’advantage et l’instruction desdits eslèves, et pour les
rendre capables de servir Sa Majesté, aftin qu’elle y puisse pourvoir.
« Fait à Saint-Germaift-en-Laye le quatriesme jour de décembre 1676 b »
Par un nouvel arrêté, signé le 28 octobre de l’année suivante, la
durée du séjour des pensionnaires, qui était indéterminée, fut fixée à
trois ans1 2. En même temps, l’on voit se régulariser la situation finan-
cière de l’Académie : le directeur reçoit annuellement 3,000 livres pour
sa pension, 600 pour l’entretien de chaque élève, environ 700 pour le
traitement des professeurs de mathématiques et d’anatomie; 200 livres
de viatique sont accordées à l’artiste qui revient en France après avoir
rempli convenablement ses devoirs3, et depuis son arrivée jusqu’à son
départ on lui fournit les couleurs, vernis, marbres, terres et autres objets
nécessaires à ses travaux. Avec les frais de modèles, de nourriture, de
domestiques (deux valets, un cuisinier, un suisse à la livrée du roi), et tous
les accessoires, la dépense annuelle monte à peu près à 18,000 livres4 5;
mais il faut dire que l’Académie ne compte en ce moment que huit pen-
sionnaires, et que cette somme, relativement très-modique, s’élèvera
bientôt après au double, malgré de nouvelles réductions du personnel.
Quand Errard et Colbert n’y seront plus, les embarras d’argent devien-
dront pour leur œuvre une cause fréquente de dépérissement.
De 1676 à 1683, Errard fit faire les quatre Termes, par Théodon et
Laviron, sculpteurs; les plans.du palais Farnèse et de plusieurs églises,
par Davillers; plusieurs grands vases de marbre copiés sur ceux des
palais Borghèse et Médicis ; une figure d’Antinous, par Lacroix. Il fit aussi
travailler des artistes italiens, entre autres Domenico Guidi, qui exécuta
un groupe de marbre pour le roi. 11 opéra la jonction de l’Académie de
France avec l’Académie romaine de Saint-Luc, et par là chacun de ces
deux instituts fut admis à profiter de tous les trésors artistiques de
l’autre. L’Académie de Paris fut très-reconnaissante à Errard de cette
union désirée, et le lui témoigna en le conservant, malgré son absence,
pour son directeur honoraire, qualité qu’elle lui avait déjà décernée en
1675 b La liste des ouvrages d’art exécutés sous sa direction peut être
1. Archives de l’Empire, O, 16,830.
%. V. P. Clément, V, 393.
3. Cette gratification, réduite pendant quelque temps à 180 ou même à 150 livres,
fut portée a 300 en 1730.
4. Comptes de l’Académie, année 1683.
5. Procès-verbaux de l’Acad. de peinture, 11 mai 1675, 19 décembre 1676.