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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 2
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Lecoy de La Marche, Albert: L' Académie de France à Rome d'après la correspondance de ses directeurs, [1]: (1666 - 1792)
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0158

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L’ACADÉMIE DE FRANCE A ROME.

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les efforts les mieux intentionnés. Dès 1790, la position devenait très-
difficile: les pensionnaires, empressés de suivre la mode, s’étaient pres-
que mis en état de révolte, et le malheureux Ménageot en était réduit à
implorer sa destitution 1. Il crut un instant que l’ordre allait renaître, et
reprit un peu de confiance : la tranquillité ne se rétablit ni dans l’école
ni au dehors. Le 26 novembre 1792, le député Romme lut à la Conven-
tion nationale un rapport et un projet de décret sur la suppression de la
place de directeur : la proposition fut. adoptée. Ce document servira
d’épilogue à toute la correspondance; il faut le lire. Six semaines après,
le personnel de l’Académie, chassé par l’émeute, s’enfuyait à Naples2.

Ainsi fut renversée, en un jour de tempête, une institution qui depuis
cent vingt-six ans faisait l’honneur de la France et l’envie de l’Europe.
Elle fut frappée brusquement, à l’heure où des hommes intelligents,
dévoués, venaient de lui donner une. prospérité nouvelle et lui en pré-
paraient une plus grande. Je n’ai pas à redire ici comment elle rena-
quit de ses cendres, changée, transformée, comme la société tout
entière; comment, restaurée par Suvée en 1801, et transplantée au
milieu des ombrages de la villa Médicis, elle redevint la pépinière la
plus féconde en talents de tout genre : cette partie de ses annales est
plus connue. L’école de Rome, espérons-le, demeurera longtemps encore
ce quelle devait être dans la pensée de ses fondateurs ; car l’amour du
beau, comme celui du bien, ne s’arrache pas du cœur de l’homme et
survit à tous les orages.

I. LETTRES D’ERRARD ET DE COYPEL.

Rome, 3 avril 1000.

M. Girardon, ayant l’honneur d’estre auprès de vous, informera
Vostre Excellence de toutes les particularités de l’Académie, tant de
Testude et conduite des pensionnaires du Roy que de tous les ouvrages
que j’ay fait faire par vos ordres pour le service de Sa Majesté, le séjour
de plus de deux mois qu’il a fait à l’Académie 3 luy en ayant donné une
parfaite connoissance, lequel temps il a employé aussv utilement à voir
les belles choses et les habiles [du pays, et principalement M. le cavalier

1. Lettre du 25 août 1790.

2. Il était alors composé des artistes suivants: Garnier, Meynier, Girodel, Reatu,
Lafitte, Fabre et Gounaud, peintres; Dumont, Gérard, Lemot et Bridan, sculpteurs;
Lefebvre et La Gardette, architectes.

3. Le célèbre sculpteur était à Rome depuis la fin de janvier.
 
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