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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 3
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Michiels, Alfred: Génie de Rubens, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0252

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GÉNIE DE RUBEN S.

237

Pour la composition matérielle, notre artiste a profité des enseigne-
ments d’Otho Vænius et appliqué ses principes. Comme son maître, il équi-
libre toujours les formes, lestons, les lumières et les ombres. Aucune partie
n’est sacrifiée, soit au moyen d’une négligence systématique, soit à l’aide
du clair-obscur. Il y a sans doute dans ses tableaux des figures princi-
pales et des figures accessoires, les lois du bon sens le réclament, mais
les personnages secondaires ne sont inférieurs que sous le rapport dra-
matique; sous le rapport de l’exécution, le grand homme les a traités
avec un soin égal. Ils ont leur part de soleil; aucun ne se trouve noyé
dans l’ombre, pour faire ressortir les acteurs de l’avant-scène, confor-
mément au procédé du Caravage. Les fonds, les monuments, la nature
et l’architecture occupent peu de place : l’homme se montre partout. 11
envahit le ciel même, car Rubens n’aimait point ces larges plaques
d’azur que rien ne contre-balance et d’où la vie paraît exilée. Pour y
introduire les somptueuses créatures dont raffolait son imagination, il
échelonnait au second plan de vastes escaliers, montait les comparses
sur des chevaux et des chameaux, ou encore semait dans les airs des
groupes de petits anges et de démons. Il suivait ainsi une méthode
entièrement opposée à celle des Van Eyck. Le monde inanimé lui portait
ombrage au lieu de le séduire; plus de rêverie, plus de lointains
magiques, plus de sombres cathédrales ni d’opulents châteaux. Il ne
retraçait la nature qu’isolée, en de vives ébauches. Ses paysages
démontrent qu’il savait aussi la rendre. Mais la synthèse de l’école bru-
geoise ayant fait place à l’analyse, Rubens ne mêlait pas les genres.
Universel comme le peintre de Y Agneau mystique, il le fut d’une autre
manière. Il cultiva le domaine entier de l’art, il est vrai ; seulement il
en cultiva l’une après l’autre toutes les divisions. La métamorphose qui
venait de s’opérer dans la peinture, il fut contraint de la subir ; il la subit
sans le vouloir, sans le savoir, sans se douter même qu’une loi le gou-
vernait.

La variété que l’on admire dans les autres parties de son talent, on la
retrouve dans ses compositions. Il a traité bien des fois le même sujet
sous des formes différentes. Au lieu de copier ses productions antérieures,
il faisait un appel à son génie, et son génie répondait par une invention
nouvelle.

Al. F R liD MICHIEJ.S.

(La fin prochainement.)
 
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