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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 5
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Guiffrey, Jules: L' Hôtel de Soubise, [1]: les bâtiments, les tableaux, le musée
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0412

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L’HOTEL DE SOUBISE.

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qui l’avaient préservée naguère de la destruction et lui rendirent à peu
près son aspect primitif. La solidité des murailles, l’exiguïté et la rareté
des ouvertures extérieures, et surtout cette meurtrière pratiquée au-dessus
de la porte dans l’épaisseur du mur pour laisser couler sur les agresseurs,
en cas de besoin, de l’huile bouillante ou du plomb fondu, ont gardé
l’empreinte de la rudesse et de la violence des prémiers habitants. Tout
cela porte la date du xive siècle. Cependant l’art du moyen âge s’essaye
timidement à adoucir l’aspect brutal de la demeure seigneuriale. L’arc
surbaissé, les minces colonnettes à légers chapiteaux, les moulures qui
encadrent la porte, et aussi la croix de pierre qui divise les fenêtres, té-
moignent d’une certaine recherche d’élégance et font effort pour égayer
la tristesse massive des murailles.

Quelques additions modernes doivent être soigneusement distinguées
de ce qui subsiste encore de l’hôtel d’Olivier de Clisson. Ainsi la lettre M
qui surmonte la devise : pour ce qui me plect, fut ajoutée au-dessus de
la porte lors de sa restauration ; cette lettre se retrouve sur le pignon
aigu de la lucarne pratiquée dans le toit d’une des tourelles. Le savant
Letronne, alors garde général des Archives, fit poser ces emblèmes en
18Æ7; ils avaient été fournis par un cachet d’Olivier de Clisson; on
ignore leur signification1. Cette lettre, aussi bien que les deux médaillons
placés de chaque côté de la porte et ajoutés également par Letronne, sont
là pour rappeler le souvenir du premier propriétaire.

Au-dessous, dans le tympan de la porte s’épanouissent orgueilleu-
sement les armes des Guise et à côté le blason des Joyeuse sur un manteau
ducal surmonté d’une couronne. L’alliance de ces deux écussons fixe à
peu près à 1611 la date de cette peinture qui n’a eu besoin, lors des res-
taurations récentes, que de quelques retouches peu importâtes. A cette
époque, l’hôtel du connétable appartenait depuis plus d’un demi-siècle,
après des vicissitudes diverses qu’il est inutile de rapporter ici, à la
puissante maison de Lorraine.

Pour recevoir les seigneurs qui tenaient entre leurs mains les destinées
de la France, l’hôtel primitif s’était considérablement agrandi ; ou plutôt
on n’avait guère conservé que la porte aux deux tourelles, et l’hôtel du

1. Voyez sur cette restauration un article de M. Jules Quicherat inséré dans la Revue
archéologique de 1847 (t. IV, p. 766). Il réunit tout ce qu’on sait de certain sur
l’hôtel du connétable, et cpuise toutes les conjectures sur le sens encore bien obscur
de cetle lettre M. On la retrouva encore, dans des réparations postérieures, formant le
principal motif d'ornementation d’une frise peinte sur les murs de la chapelle et tracée
aussi sur des carreaux de faïence découverts dans les fondemenls d’un ancien escalier.
Nous ignorons le sort de ces carreaux.
 
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