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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Salon de 1869, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0010

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tin pour désigner à l’attention publique les œuvres qui ont pu leur
sourire, ils ne parviendront pas à nous faire prendre le change sur la
valeur de certains tableaux et de certains noms. Si grande que soit la
sincérité de leur jugement, ils auront beau nous inviter à considérer
comme de bons peintres messieurs tels ou tels; leur avis sera curieux
parce qu’il donne la note du temps, mais nous nous garderons bien de
le suivre. Ajoutons que les médailles n’ont même pas toujours ce faible
mérite "de révéler la mode régnante; souvent des considérations étran-
gères à l’art compliquent cette distribution; l’amitié n’y perd pas ses
droits ; le désir, bien naturel, de réparer d’anciens oublis, de consoler
des vanités froissées, a pu parfois peser de quelque poids dans les
décisions du jury. Du moment que la question de sentiment inter-
vient, nous sommes naturellement désarmé. Des rencontres heureuses
se mêlent d’ailleurs, dans cette répartition, à des choix douteux: nous
croyons que cet aimable laisser aller aura les résultats attendus. L’in-
stitution des médailles périra; nous n’en serons pour notre part nulle-
ment contristé ; nous applaudirons même à une mesure qui délivrera
l’art et les artistes de ces préoccupations puériles : elles ne sont dignes
ni de l’un, ni des autres.

Conservons-donc la liberté de notre pensée et suivons, au risque de
nous méprendre, le sentiment, évidemment déraisonnable, qui nous fait
préférer la bonne peinture à la peinture malsaine. Heureusement le
nombre est encore assez considérable de ceux qui savent leur noble
métier. Bien que, dans la peinture de genre, nous ne puissions nous
arrêter que devant les œuvres significatives, nous allons rencontrer plus
d’une page excellente ou digne d’étude.

Parmi ceux qui ont vraiment le souci de leur art et qui vont creusant
leur sillon avec un redoublement de volonté, M. Brion est au premier
rang. Ses paysanneries sont austères. Je ne sais si le public, curieux
avant tout d’être égayé ou attendri, rend à ce sérieux travailleur la jus-
tice qui lui est due. Aux scènes intimes qu’il emprunte à la vie des
paysans de l’Alsace ou des Vosges, il manque peut-être le mot pour rire
ou le trait qui fait pleurer, mais ceci n’est point notre affaire, et, sans
chercher dans M. Brion ce que Diderot a découvert dans Greuze, il nous
suffit de trouver dans le Mariage protestant, comme l’an passé dans la
Lecture de la Bible, une forte saveur morale et beaucoup de bonne pein-
ture. M. Brion ne donne rien au hasard : il compose son tableau, il équi-
libre ses groupes, et, bien que l’expression soit chez lui discrète et
contenue, il fait dire aux physionomies, aux attitudes de ses personnages
tout ce qu’elles doivent dire. Sans aller jusqu’au portrait, ses tètes ont
 
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