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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Salon de 1869, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0012

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SALON DE 1869.

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de l’intimité et du caractère. Très préoccupé du milieu pittoresque et des
circonstances ambiantes, il prête à ses figures les costumes, le mobilier,
les accessoires qui leur conviennent. M. Brion est un habile metteur en
scène, et rien qu’à- voir ses intérieurs, ses chaises robustes, son grand
poêle en faïence verte, on devine tout de suite que, sur ce modeste
théâtre éclairé d’un demi-jour, il ne peut se passer que des aventures
patriarcales et douces. Le Mariage protestant en Alsace réunit tontes les
qualités que nous avons dû, bien des fois déjà, reconnaître à M. Brion.
En présence du pasteur, devant l’Évangile ouvert sur la table, la fiancée,
revêtue de ses habits de fête, le mari, quelque peu empêché dans son
costume du dimanche, vont échanger le mot qui crée une famille nouvelle.
Symétriquement rangés à droite et à gauche, les parents assistent au
mariage. Ce sont d’honnêtes paysans qui croient encore aux vieilles cou-
tumes. La scène est grave, et l’impression qui s’en dégage est due sur-
tout à l’unité de la lumière enveloppante, à la force d’une coloration
soutenue par des dessous bien établis. M. Brion est un de nos bons
ouvriers : il sait le prix des tons bruns, il combine et il calcule les valeurs.
Sa peinture est d’ailleurs nourrie, solide et bien portante. Grâce à ses
qualités d’observateur, à ses mérites d’exécutant, M. Brion est dans la
voie de l’art moderne : sa sincérité lui tient lieu d’idéal:

La fatalité de l’ordre alphabétique a placé, à côté du Mariage pro-
testant, le Pardon, de M. Breton. Une comparaison intéressante s’établit
ainsi entre deux peintres dont la loyauté est pareille et qui, par des qua-
lités différentes, tiennent un bon rang dans l’école. Les mystiques auront
beau dire que le sentiment est tout, il est visible ici que la question
d’exécution n’est pas le moins du monde une question secondaire. Dans
le voisinage de M. Brion, M. Breton est un peintre débile; une coloration
plus forte, une combinaison meilleure des tons clairs et des tons foncés,
la saine fierté d’un pinceau plus généreux, augmenteraient singulière-
ment le prix de son tableau. C’est d’ailleurs une œuvre d’un rare mérite.
Ceux-là mêmes qui n’ont pas un goût excessif pour les processions se
sentent touchés par la conviction recueillie de ces bons paysans bretons
qui, promenant par la campagne la naïve image d’un Christ barbare,
s’avancent le cierge en main, et murmurent des litanies. Au sortir de
l’église, les femmes et les enfants se sont rangés en haie pour laisser
passer le cortège auquel ils se mêleront tout à l’heure. Dans ce groupe
de vieillards aux longs cheveux, dans cette foule de jeunes filles aux
coiffes blanches, il y a des têtes d’un caractère très-personnel et très-
vivant :*tous ces braves gens accomplissent leur pieux pèlerinage avec
une dévotion sincère, et, sous ce rapport, le tableau de M. Breton est le
 
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