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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Calamatta
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0105

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98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

c’est que les véritables graveurs d’un grand peintre ont été presque
toujours ses contemporains et ont pu recevoir ainsi directement les in-
spirations de celui dont ils devaient répandre les ouvrages et popula-
riser la gloire.

A côté de Raphaël, dans son atelier et sous ses yeux, Marc-Antoine
a gravé des planches dont le trait avait été retouché par Raphaël lui-
même. Titien a exercé le burin de Corneille Cort qu’il avait logé chez
lui et qn’il dirigeait dans son travail. Martin Rota publia son estampe
du Jugement dernier très-peu de temps après la mort de Michel-Ange.
Véronèse et Tintoret ont été gravés de leur vivant par Augustin Car-
rache. Rubens a eu auprès de lui les deux Bolswert et Lucas Vorster-
man; Van Dyck a eu Pontius... Seuls, Albert Durer et Rembrandt n’ont
eu besoin de personne pour dessiner sur le cuivre les conceptions de
leur génie. Eux-mêmes furent les graveurs de leurs sublimes pensées.
Mais c’est en France, surtout, que l’histoire des graveurs illustres est
écrite en marge, à chaque page de l’histoire des meilleurs peintres.
Poussin a été supérieurement traduit par le burin de Claudine, fille de
son ami Stella. Lebrun a pu donner son approbation aux admirables
estampes d’Edelinck et de Gérard Audran. Lesueur a été pieusement
rendu par François Chauveau. Philippe de Champagne a été imité à
merveille par l’inimitable Morin, qui était son élève. Il y a eu ensuite
des Laurent Cars, des Dupuis et des Surugue pour les Fêtes galantes de
Watteau, des Cochin et des Ralechou pour les Marines de Joseph Vernet.
De nos jours, les peintures de Louis David ont été reproduites sous sa
direction par Alexandre Morel et Massard; celles de Gros par Forster, et
celles de Paul Delaroche par Henriquel Dupont et Martinet. Enfin, Cala-
matta gravant le Vœu de Louis XIII a été pour Ingres le plus fidèle des
interprètes, le plus parfait des graveurs.

Oui, Ingres et Calamatta étaient faits l’un pour l’autre. Né à Civita-
Yecchia en 1802, Calamatta était de vingt-deux ans plus jeune que
Ingres; mais il avait été élevé à Rome dans le temps que ce maître y
travaillait; il avait respiré le même air que lui; il avait été nourri de la
même substance, les œuvres des grands maîtres italiens ; il y avait entre
eux une harmonie préétablie. Luigi Calamatta est un de ces artistes qui
n’ont point de biographie, parce que leur vie est tout entière dans leurs
ouvrages; c’est là qu’ils ont laissé le meilleur de leurs pensées, le plus
pur de leur âme. Issu du peuple, comme la plupart des artistes supé-
rieurs, il dut de bonne heure travailler pour vivre. Il avait reçu avec son
compatriote, Mercuri, autre fameux graveur, l’éducation gratuite que
l’on donne à Rome à l’école Saint-Michel, entretenue par le gouverne-
 
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