DAVID WILKIE.
2 kl
Loin de moi la pensée, en écrivant ceci, de semer le moins du inonde la discorde
entre vous et votre aimable dame : de toute nécessité son approbation est indispen-
sable ici. Mais mistriss Phillips lui offre un héroïque exemple. L’avantage que vous
trouveriez à suivre cette détermination ne peut d’ailleurs que profiter à toute la famille.
Au surplus, vous feriez bien, je n’en doute pas, de consulter à ce propos sir George
Beaumont ou sir Charles Long.
Maintenant, mon cher Collins, en réponse à cette lettre d’une monstrueuse longueur,
— que pour éviter la fatigue il m’a fallu maintefois interrompre et reprendre, — vous
devriez bien m’écrire, me donner en détail toutes les nouvelles du Londres artiste.
Nous avons ouï parler de l’élection d'Allan, etc. Mais c’est presque là la seule chose
venue à notre connaissance depuis mon départ. Ainsi donc, écrivez-moi le plus promp-
tement que vous pourrez. Il n’est guère que vous qui puissiez me tenir au courant
de cette sorte de nouvelles : laissez-moi vous dire que j’attends beaucoup de votre
bonté.
Nous avons ici toute une colonie d’artistes anglais. Les Écossais y sont pareillement
en grand nombre. Les sculpteurs sont très-employés. Gibson vient de terminer pour
sir George Beaumont le groupe de Psyché porté par les Zéphyrs. Il faut décidément
que Joseph (?) vienne ici. Veuillez le talonner. Que fera-t-il à Edimbourg? Phillips et
Hilton me prient de les rappeler affectueusement à votre souvenir. Ne disposant que
de peu de temps, ils se donnent un mouvement considérable. Leur séjour ici aura été
bien trop court, mais il leur sera utile. Eastlake néglige en ce moment ses Bandits. 11
peint en revanche un tableau, — proportions du Poussin, — dont il a emprunté le sujet à
l’histoire romaine. Quant au tableau de Lane, il n’est encore visible à nul œil mortel.
Avec la plus sincère estime, cher monsieur, etc.
DAVID WILKIE.
A THOMAS PHILLIPS, ESQ., DE L’ACADÉMIE ROYALE.
Mon cher monsieur,
Venise , 14 mai 1826.
Votre lettre de Paris m’a fait le plus grand plaisir. Elle m’a de plus permis de satis-
faire au légitime empressement de vos amis de Ilome dans leur désir si naturel de
recevoir quelques nouvelles de vous. Ce ne sera certes pas vous adresser un compli-
ment trop grand, ni à notre excellent ami Hilton ni à vous, que de vous dire qu’on
s’informe de vous à toute minute, que vos opinions sont sans cesse rappelées et com-
mentées. Pour ma part, nul objet naturel, nul objet d’art non plus ne se présente à moi
sans me faire éprouver sur-le-champ le désir, — mais un désir effréné, voyez-vous,
—- de vous avoir près de moi pour discuter ensemble la question qu’il soulève. Deux
choses surtout m’ont fait éprouver cette impression-là, le carnaval de Rome et les anti-
quités de Naples.
Pour la joie bouffonne et la fantaisie, la première des deux dépasse toute expecta-
tive de mon cru : c’est hyperbolique. Ce qui se fait inscrire à l’ordre du jour, c’est le
triomphe du déréglement. Protestants, catholiques, tout le monde paye un égal tribut
à la maladie régnante. Si le but que vous vous proposiez en visitant l’Italie ne peut que
vous faire négliger de pareilles scènes, on n’en peut guère dire autant ni de Naples ni
du spectacle dont vous vous êtes privé en le visitant. Après tout ce que nous avons vu
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Loin de moi la pensée, en écrivant ceci, de semer le moins du inonde la discorde
entre vous et votre aimable dame : de toute nécessité son approbation est indispen-
sable ici. Mais mistriss Phillips lui offre un héroïque exemple. L’avantage que vous
trouveriez à suivre cette détermination ne peut d’ailleurs que profiter à toute la famille.
Au surplus, vous feriez bien, je n’en doute pas, de consulter à ce propos sir George
Beaumont ou sir Charles Long.
Maintenant, mon cher Collins, en réponse à cette lettre d’une monstrueuse longueur,
— que pour éviter la fatigue il m’a fallu maintefois interrompre et reprendre, — vous
devriez bien m’écrire, me donner en détail toutes les nouvelles du Londres artiste.
Nous avons ouï parler de l’élection d'Allan, etc. Mais c’est presque là la seule chose
venue à notre connaissance depuis mon départ. Ainsi donc, écrivez-moi le plus promp-
tement que vous pourrez. Il n’est guère que vous qui puissiez me tenir au courant
de cette sorte de nouvelles : laissez-moi vous dire que j’attends beaucoup de votre
bonté.
Nous avons ici toute une colonie d’artistes anglais. Les Écossais y sont pareillement
en grand nombre. Les sculpteurs sont très-employés. Gibson vient de terminer pour
sir George Beaumont le groupe de Psyché porté par les Zéphyrs. Il faut décidément
que Joseph (?) vienne ici. Veuillez le talonner. Que fera-t-il à Edimbourg? Phillips et
Hilton me prient de les rappeler affectueusement à votre souvenir. Ne disposant que
de peu de temps, ils se donnent un mouvement considérable. Leur séjour ici aura été
bien trop court, mais il leur sera utile. Eastlake néglige en ce moment ses Bandits. 11
peint en revanche un tableau, — proportions du Poussin, — dont il a emprunté le sujet à
l’histoire romaine. Quant au tableau de Lane, il n’est encore visible à nul œil mortel.
Avec la plus sincère estime, cher monsieur, etc.
DAVID WILKIE.
A THOMAS PHILLIPS, ESQ., DE L’ACADÉMIE ROYALE.
Mon cher monsieur,
Venise , 14 mai 1826.
Votre lettre de Paris m’a fait le plus grand plaisir. Elle m’a de plus permis de satis-
faire au légitime empressement de vos amis de Ilome dans leur désir si naturel de
recevoir quelques nouvelles de vous. Ce ne sera certes pas vous adresser un compli-
ment trop grand, ni à notre excellent ami Hilton ni à vous, que de vous dire qu’on
s’informe de vous à toute minute, que vos opinions sont sans cesse rappelées et com-
mentées. Pour ma part, nul objet naturel, nul objet d’art non plus ne se présente à moi
sans me faire éprouver sur-le-champ le désir, — mais un désir effréné, voyez-vous,
—- de vous avoir près de moi pour discuter ensemble la question qu’il soulève. Deux
choses surtout m’ont fait éprouver cette impression-là, le carnaval de Rome et les anti-
quités de Naples.
Pour la joie bouffonne et la fantaisie, la première des deux dépasse toute expecta-
tive de mon cru : c’est hyperbolique. Ce qui se fait inscrire à l’ordre du jour, c’est le
triomphe du déréglement. Protestants, catholiques, tout le monde paye un égal tribut
à la maladie régnante. Si le but que vous vous proposiez en visitant l’Italie ne peut que
vous faire négliger de pareilles scènes, on n’en peut guère dire autant ni de Naples ni
du spectacle dont vous vous êtes privé en le visitant. Après tout ce que nous avons vu