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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 3
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Ménard, René: Les groupes du nouvel opéra
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0276

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LES GROUPES DU NOUVEL OPÉRA.

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Hâtons-nous d’ajouter que les qualités personnelles du sculpteur se
montrent ici dans toute leur force. Mais le monument de M. Garnier
souffre assurément dans l’unité de sa façade, dont la décoration perd sa
symétrie, car le groupe de M. Carpeaux diffère des autres, non-seule-
ment par la tournure et le style, mais encore par la dimension et même
par l’espace qu’il occupe. Les figures rompent les lignes architecturales
et dépassent les limites imposées par la construction. Cet inconvénient
est d’autant plus grave que, comme le groupe voisin qui fait le coin se
trouve beaucoup plus mince, la pondération du monument disparaît.
Le pied-droit placé à l’angle paraît trop grêle, et nuit à la solidité appa-
rente de l’édifice.

La Poésie lyrique de M. Jouffroy est une femme aux ailes déployées
accompagnée de chaque côté d’une autre figure; elle forme ainsi le
centre d’un groupe qui se relie à la muraille par des accessoires peut-
être un peu trop multipliés. Il eût été préférable pour le monument, et
même pour le groupe, que la silhouette se détachât d’une façon plus
nette sur le mur. Il y a certaines parties, notamment les têtes, où les
branches de laurier, qui servent d’accompagnement, jettent de la confu-
sion, en multipliant les détails là où une ligne grave et simple eût été
nécessaire. Le galbe a d’ailleurs de la souplesse, et les figures qui
accompagnent la Poésie sont d’une grande élégance. Les draperies for-
ment des plis gracieux et font bien valoir la forme, qui pourtant gagne-
rait à être montrée nue dans quelques parties.

On se rappelle le succès qu’obtint la Jeune fille confiant son secret à
Vénus, de M. Jouffroy; le point de départ de M. Guillaume, le Tombeau
des Grarques, indiquait un tempérament d’artiste absolument différent.
Les deux groupes que nous voyons à l’Opéra montrent que ces deux
sculpteurs ont grandi en suivant chacun sa tendance native. Le groupe
de M. Guillaume, la Musique, est un ouvrage robuste, et on est frappé
tout d’abord par son aspect monumental. Les figures sont graves, sans
roideur. Leurs mouvements ne cherchent pas les ondulations gracieu-
ses, mais elles se campent fièrement devant l’édifice auquel elles sont
adossées.

Apollon, placé au milieu du groupe, dirige l’harmonie universelle et
préside à l'inspiration musicale. Deux Muses l’accompagnent . l’une
souffle dans la double flûte, l’autre, en cherchant ses accords sur un
violon archaïque, tourne la tête vers le dieu qui dicte la mélodie. Il était
impossible d’exprimer d’une façon plus heureuse l’obéissance de l’exécu-
tion musicale. M. Guillaume a tempéré la gravité un peu austère du
groupe en plaçant en bas deux petits génies dont le mouvement gracieux

II* — 2e PÉRIODE. 34

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