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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 4
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Jacquemart, Albert: Exposition de l'Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie, [1], Musée oriental
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0345

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EXPOSITION DE L’UNION CENTRALE.

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leur berceau? n’est-ce pas là le point d’où nous arrivent sans cesse de
nouvelles merveilles d’art?

Comment s’en étonner? Endormies dans leur jeunesse antique, les
populations de l’Orient ne se sont point usées à la recherche d’idées pro-
gressives ; satisfaites de leurs vieilles religions, de leurs gouvernements
immuables, elles ont consacré leur poésie à chanter l’œuvre éternelle de
la nature, et leur énergie à résister au changement. C’est là, même, une
des causes qui ont souvent égaré la critique; on a voulu trouver dans le
travail des hommes la trace des commotions violentes que l’histoire révèle
et, ne la trouvant pas, on a cru à des lacunes qui n’existent point.

Précisons : dès l’époque mythologique, l’Inde était un but de con-
quête; envahie d’âge en âge, soumise aux caprices des vainqueurs,
qu’ils s’appelassent Secander (Alexandre), Mahalib l’Arabe, Mohammed,
Cassim ou Timour, elle a constamment travaillé à rétablir ses anciennes
mœurs, et à consacrer par les arts les types de la splendeur primitive.

Aussi, en entrant dans la salle ouverte aux ouvrages indiens, une
sorte de gêne vous saisit, l’âge de tous les types semble s’effacer dans
une commune uniformité de goût, et si quelques-uns portent le sceau mo-
derne, on ne sait assigner la distance qui les sépare des autres.

Les divinités surtout arrêtent l’observateur. Qu’elles soient taillées
dans le marbre ou l’albâtre, coulées en bronze rudimentaire ou ciselées
avec un soin et une patience à défier nos meilleurs artisans, ce sont tou-
jours ces idoles aux bras multiples, aux gestes mystérieux, à la rigidité
archaïque dont les souverains musulmans avaient la sainte horreur. Et
pourtant, si la perfection de la main-d’œuvre attire le curieux devant la
statuette appartenant à Mme la baronne Salomon de Rothschild, une foule
d’autres, entièrement dorées, rehaussées de rubis, sont non moins dignes
d’intérêt, car elles avaient évidemment pour but de rappeler aux fidèles
Brahmanes ces statues en or massif, aux yeux formés de colossales pierres
précieuses, dont la spoliation enrichit si souvent les envahisseurs de
l’Inde, attirés en partie par le luxe insensé des temples et des palais.

Ce luxe, le Musée oriental en conserve la trace; qu’on jette les yeux
sur les vitrines qui contiennent les armes, combien en verra-t-on qui
semblent faites pour charger le bras d’un héros?

Ce sont des haches à lames de damas incrusté d’or; des poignards,
des sabres dont les poignées en cristal de roche ou en jade disparaissent
sous des végétations d’or et d’émeraudes s’épanouissant en fleurs de
rubis, d’hyacinte, de saphir ou de diamant, tandis que les lames ciselées
laissent courir des perles dans leurs rainures à jour ou .se chargent de
larges nervures d’or ciselé. Dans ces sortes de joyaux exposés par
 
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